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Le Parti libéral du Québec aurait d’ailleurs intérêt à adhérer une fois pour toutes à cette idée. Il aurait intérêt à changer son fusil d’épaule sur cette question; et les autres partis d’opposition, à véritablement enfourcher ce cheval de bataille démocratique.

Québec solidaire et le Parti québécois ont fait le service minimum sur ce front pendant l’actuel mandat du gouvernement caquiste.

Malheureusement pour eux, c’est vrai, ils auraient l’air de tenter de tirer la couverture de leur côté en plaidant (ou en plaidant de nouveau avec plus de vigueur) en faveur d’un scrutin proportionnel après les prochaines élections générales ou même dès maintenant.

Mais libéraux, solidaires et péquistes pourraient toujours se défendre en faisant valoir chacun de leur côté que c’est pour 2026 qu’ils plaident. Et en arguant qu’ils n’auraient donc pas nécessairement eux-mêmes besoin — qui sait? — d’un nouveau système pour tirer leur épingle du jeu.

On se dirait quand même qu’ils prêchent un peu pour leur propre paroisse..., mais bon.

L’important est que derrière l’intérêt qui serait le leur, c’est l’intérêt général qui serait favorisé avec un scrutin proportionnel. Le bien commun veut que les partis soient représentés au parlement à peu près à la hauteur des suffrages qu’ils reçoivent.

Or, si les chiffres des dernières intentions de vote devaient se concrétiser dans les urnes, ce que laisse supposer la victoire de la CAQ dans Marie-Victorin lundi soir, notre actuel mode de scrutin ferait que les caquistes bénéficieraient encore d’une surreprésentation à l’Assemblée nationale, une représentation à nouveau plus forte que le poids qu’ils auraient recueilli.

Pour les autres partis, ce serait exactement le contraire. Ils pèseraient encore moins au Salon bleu que ce qu’ils devraient peser.

Les partis d’opposition doivent regretter de ne pas en avoir fait suffisamment pour mettre de la pression sur le gouvernement caquiste pour qu’il respecte son engagement de la dernière campagne électorale. S’ils avaient pu entraîner l’opinion publique derrière eux, le gouvernement n’aurait pas pu trahir aussi facilement cet engagement voulant que le Québec adopte un mode de scrutin proportionnel.

La CAQ n’est pas invulnérable. Elle pourrait perdre plusieurs plumes d’ici les élections générales. Qui connaît aujourd’hui l’impact qu’aura le dossier du tunnel à deux tubes entre Lévis et la capitale à l’échelle de tout le Québec — pour ne prendre que cet exemple? Mais corriger les distorsions de notre système électoral afin que les choix exprimés par les électeurs soient représentés le plus fidèlement possible à l’Assemblée nationale est et demeurera toujours un objectif valable en soi.

S’il est vrai qu’un mode de scrutin proportionnel entraînerait l’élection de plus de gouvernements minoritaires, il forcerait souvent les uns et les autres à travailler différemment, dans un mode de collaboration, en nouant des alliances.

On passerait à un parlementarisme plus mature.

Ce serait une forme de gouvernance plus conforme aux exigences de notre époque.

Attention au ressac qui surgirait si des groupes d’électeurs ne cessaient de constater d’importantes distorsions! Elles passeraient bien moins qu’avant.

Lassitude?

Pour expliquer la déconfiture de son parti dans Marie-Victorin, la cheffe libérale Dominique Anglade a fait valoir que son message et son programme ne sont pas suffisamment connus. Souhaitons pour les libéraux que ce soit le cas. Car, sinon, cela voudrait dire que leurs déboires viennent au contraire de ce que les électeurs les connaissent trop…

Au Parti québécois, Paul St-Pierre Plamondon n’a pas hésité à forcer le trait en faisant passer pour une quasi-victoire la défaite de son parti dans une circonscription figurant dans son giron historique. Il n’a pas ménagé sa peine pour imposer son narratif. Il est vrai que le PQ doit impérativement rompre avec son image de perdant. Et, pour cela, quoi de mieux que de chercher à ressembler à un gagnant?

Les ressources électorales du gouvernement Legault n’expliquent pas tout. S’il ne suffisait que de cela, le gouvernement de Philippe Couillard aurait gagné toutes les partielles lorsqu’il était au pouvoir.

Libéraux et péquistes font face à une force difficile à juguler; difficile parce que diffuse. Ils font face à un phénomène de lassitude.

Ce phénomène touche-t-il aussi déjà Québec solidaire? On le dirait bien. Et, comme pour les libéraux et les péquistes, c’est aussi le programme et le positionnement de ce parti qui semblent le faire plafonner.

Lui qui s’est autoproclamé «opposition officielle» a expliqué que les difficultés qu’il a connues dans Marie-Victorin viennent du fait que lors d’une partielle, les étudiants ne peuvent pas voter sur leurs campus. Si les succès de QS ne tiennent qu’à ça, son plafond est bel et bien atteint.

Plus largement, libéraux, solidaires et péquistes souffrent de la force d’attraction du gouvernement Legault. Une proportion significative de leurs sympathisants s’en disent satisfaits. Il n’y a à l’heure actuelle que du côté des sympathisants du Parti conservateur du Québec que l’on ne trouve pas vraiment ce phénomène.

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