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Même l’Union des municipalités du Québec s’est cabrée devant une menace d’immixtion tatillonne et contre-productive dans les compétences des villes, celles relevant de l’aménagement urbain.

Il était aussi difficile de voir comment le gouvernement aurait pu lui-même définir et être juge de l’«acceptabilité sociale» du projet alors que le conseil municipal élu en novembre à Québec y est largement favorable. Le tramway a été un élément important de la campagne électorale.

À s’accrocher sur l’acceptabilité sociale, le gouvernement Legault se serait lui-même pris les pieds. Chacune de ses propres décisions à venir d’ici les élections générales aurait pu être contestée au nom de ce principe flou (que chacun peut toujours invoquer selon ses intérêts).

La légitimité des élections vaut pour tout le monde. Pas seulement pour le gouvernement.

Dans cette saga, le pire est sans doute que ce dernier ait joué contre ce projet à travers plusieurs sorties intempestives de certains ministres. Ils ont contribué à le noircir.

Ils voulaient que leurs critiques soient entendues par les citoyens qui y sont opposés. Le premier ministre Legault et son cabinet ont finalement mis un holà à cette dérive. C’est un rappel à l’ordre pour certains députés caquistes de la région de Québec.

Dès lors que le maire Bruno Marchand avait plaidé sa cause, qui correspond aux exigences de l’époque, et que son message avait été relayé partout au Québec, le gouvernement aurait joué contre lui-même s’il avait eu l’air de bloquer le projet de tramway tout en posant de nouveaux gestes menant à la construction d’un troisième lien.

Quelle impression aurait-il envoyée aux électeurs québécois dans leur ensemble? Pas de tramway, mais oui à un tunnel sous-fluvial? Il n’y a pas que la région de la capitale au Québec.

À l’heure où le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) vient de nous dire que l’on doit agir dans les villes, comment un gouvernement aurait-il pu mettre de nouveaux bâtons dans les roues d’un projet de transport collectif comme celui-là?

D’autres obstacles apparaîtront sur le parcours du tramway. Mais on a avancé cette semaine.

À travers le maire Marchand et grâce à lui, ce sont bel et bien les générations futures qui ont gagné cette manche importante.

Herron, enquête publique à venir?

Si elle était dans l’opposition, la Coalition avenir Québec réclamerait une vaste enquête publique indépendante sur les actions gouvernementales pendant la pandémie. Elle exigerait de surcroît la démission immédiate des membres du conseil des ministres concernés.

Elle agirait comme les partis d’opposition l’ont fait cette semaine devant les éclairages apparus sur la tragédie survenue au CHSLD Herron.

En mars 2017, la CAQ avait exigé la démission du ministre des Transports d’alors, le libéral Laurent Lessard. Pourquoi? Parce qu’un sérieux cafouillage avait marqué une opération de secours (ou de non-secours) aux automobilistes prisonniers de la neige sur un tronçon de l’autoroute 13, à Montréal.

C’est au nom de la «responsabilité ministérielle» que la CAQ et le Parti québécois avaient réclamé le départ du ministre du gouvernement Couillard.

La «responsabilité ministérielle» stipule qu’«un ministre est responsable devant l’Assemblée non seulement de ses propres actions, mais aussi de celles des fonctionnaires de son ministère». Mais la portée de cette définition est élastique.

Dans la vraie vie, lorsqu’un ministre est contraint de remettre sa démission, c’est parce qu’un premier ministre le juge devenu politiquement radioactif. Ou qu’il estime qu’il n’est pas de taille à affronter un défi ou la suite des choses. C’est ce qui s’est produit lorsque Danielle McCann est passée de la Santé à l’Enseignement supérieur en juin 2020.

En fait, on ne trouve qu’une seule vraie démission survenue au nom du principe de «responsabilité ministérielle» dans l’histoire récente de l’Assemblée nationale. Ministre sous Lucien Bouchard, Rita Dionne-Marsolais avait démissionné en 1999 parce que son ministère, celui du Revenu, avait transmis illégalement les noms de 10 600 contribuables à une firme de sondage.

Au fond, la vraie responsabilité ministérielle est et demeurera toujours dans les mains des électeurs.

Dans le cas présent, c’est à nous, citoyens, de déterminer les responsabilités politiques des uns et des autres quant à la gestion de la pandémie dans les CHSLD et ailleurs.

D’ici les élections, des électeurs se demanderont aussi si l’un des actuels partis d’opposition aurait mieux fait que le gouvernement Legault. Ce dernier demande que l’on se replonge dans le contexte de l’arrivée de la COVID-19. Il ne faut évidemment pas l’ignorer avec le recul.

Mais il faut aussi répéter que sans enquête publique tenue sous les auspices de la loi ad hoc, le travail de la cellule de crise du gouvernement pendant cette période restera probablement dans l’ombre.

Des questions tout de même : a-t-on tendance à exagérer les vertus des commissions d’enquête? A-t-on tendance à croire que les témoignages qu’on y entend ne peuvent pas être imprécis ou en contradiction avec d’autres éléments? A-t-on tendance à croire que les mêmes «cassettes» ne peuvent pas y être entendues?

Cela étant, s’il y a une enquête publique, elle se tiendra bien évidemment après les élections générales d’octobre. Mais retenons aussi ceci : le gouvernement pourrait bien en annoncer la tenue après le dépôt du rapport à venir de la coroner Géhane Kamel — avant le prochain scrutin, donc. Tout dépendra du contenu du rapport et des recommandations de Mme Kamel.

Une éventuelle annonce du genre serait une façon pour la CAQ de calmer le jeu durant la campagne électorale.

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