Il était minuit moins une pour l’organisme TransEstrie qui avait annoncé la suspension imminente de ses services en raison d’un manque de financement.
L’organisme, dont la mission est de soutenir, d’accompagner et de représenter les personnes trans et non-binaires de l’Estrie, avait en effet perdu sa plus importante subvention, soit celle provenant du Fonds de développement des capacités communautaires LGBTQ2 de Femmes et Égalités des Genres Canada.
«Tu économises vraiment beaucoup sur les soins que les personnes trans ont besoin une fois qu’elles sont rendues au bout du rouleau quand tu leur donnes accès à un espace comme ici où elles peuvent avoir accès à des ressources et comprendre comment faire leurs démarches avant de se rendre jusque-là», ajoute Séré Beauchesne Lévesque.
TransEstrie, qui soutient, accompagne et représente les personnes trans et non-binaires de l’Estrie, verra sa plus importante subvention, provenant du Fonds de développement des capacités communautaires LGBTQ2 de Femmes et Égalités des Genres Canada, prendre fin le 31 mars prochain. L’organisme a, depuis, fait une douzaine d’autres demandes de subventions qui sont restées sans réponse jusqu’à maintenant.
Il faut dire que TransEstrie ne bénéficie d’aucune subvention à la mission et survit uniquement grâce aux subventions par projets.
«On aimerait ça maintenir nos services de base, mais nos services de base ne sont pas éligibles à ce type de subventions parce que c’est toujours de la nouveauté qu’il faut amener, ce qui ne fonctionne pas pour offrir des services à une population à long terme», précise Séré Beauchesne Lévesque.
Le fait que l’organisme soit encore jeune n’aide pas non plus sa cause. Malgré la demande «incroyable» qu’il reçoit pour les services qu’il dispense, l’organisme a de la difficulté à prouver sa pertinence.
À la fin du mois de mars, TransEstrie ne sera donc plus en mesure de payer ses employés ni de conserver son local commercial mettant ainsi fin aux services qu’il octroyait à plusieurs centaines de personnes que ce soit directement ou indirectement par le biais de formations dans les écoles ainsi que dans le réseau de la santé afin d’aider le personnel de ces établissements à mieux accompagner les personnes trans dans leurs défis quotidiens.
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Séré Beauchesne Lévesque souhaite toutefois rassurer toutes les personnes qui utilisent les services de TransEstrie. «On fait tout ce qu’on peut pour rester là, pour continuer d’offrir des services. On va être là au meilleur de nos capacités !»
Services essentiels
Pour la directrice générale du GRIS Estrie, Rébecca Janson, la fermeture de TransEstrie est impensable puisque les deux organismes travaillent ensemble sur une base régulière. «Tous les jours, je réfère des gens vers cet organisme-là qu’on a la chance d’avoir en Estrie», exprime-t-elle.
«La particularité de TransEstrie, c’est que c’est vraiment un organisme par et pour. Donc, ce sont des gens qui sont très, très, très au fait», ajoute-t-elle en précisant que l’équipe du GRIS Estrie est beaucoup moins qualifiée pour répondre à ce type de besoins pour lesquels la demande explose.
Et elle n’est pas la seule à réagir ainsi.
Pour la députée de Sherbrooke, Christine Labrie, «TransEstrie est depuis sa fondation une véritable bouée de sauvetage pour de nombreuses personnes qui ne réussissaient pas à obtenir des services ailleurs». Elle craint d’ailleurs que, si l’organisme devait fermer ses portes, cela «génère une grande détresse pour toutes les personnes qui bénéficiaient de leurs services».
Elle interpelle donc le gouvernement afin qu’il envoie «une bouée de sauvetage pour sauver cet organisme, et plusieurs autres d’ailleurs qui sont au bord de la fermeture en raison du manque de financement récurrent».
Même son de cloche du côté de Jennifer Maccarone, porte-parole de l’opposition officielle en matière de dossiers 2SLGBTQIA+, qui demande au ministre responsable de la lutte contre l’homophobie et la transphobie, Simon Jolin-Barrette, de «débloquer un fonds d’urgence et aider à trouver une solution durable». Particulièrement dans le contexte du décès «du jeune Alex 10 ans de Gatineau qui était en pleine crise d’identité».
«Le rôle essentiel de ces organismes n’est pas discutable !», affirme-t-elle.