Pendant 15 jours, en compagnie de Karine Tremblay, journaliste à La Tribune, Simon Séguin-Bertrand a côtoyé la souffrance et la détresse humaine. Leurs reportages sont publiés sur les différentes plateformes des journaux de la CN2i.
Moins de 24 heures après être rentré chez lui, à Gatineau, le photographe a toujours plein d’images en tête.
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Simon a été touché par le sombre spectacle des migrants qui affluent à Przemysl dans l’espoir de rejoindre l’Allemagne ou la France, entre autres, comme destination finale. Mais ce qui le marque encore plus, c’est la résilience des rescapés qu’il a rencontrés.
Ce que j’ai vu, c’est le désarroi, la tristesse, mais aussi beaucoup d’espoir.
«Une fois qu’ils sont en sécurité, ils peuvent se mettre à penser au futur et même au futur de leur pays. Puis espérer que finalement ça se passe mieux par la suite. […] Ce sont surtout les femmes et les enfants qui pouvaient quitter à cause de la loi martiale. Quand on leur parlait, il y avait beaucoup de messages d’espoir jusqu’à ce qu’on arrive à parler des hommes qui avaient été laissés derrière. Puis-là, la crainte devenait intense. Ce qui m’a frappé, c’est qu’il n’y avait pas d’émotion dans leurs visages, jusqu’à ce qu’ils se mettent à nous parler de leurs maris et leurs fils qui étaient restés derrière », raconte le photographe.
Créer un pont avec les gens d’ici
L’homme qui a notamment reçu le prix pour la photographie de l’année aux Prix d’excellence de la presse francophone 2021, pour un cliché intitulé Black Lives Matter, a pu grâce à son expérience, peser à quel point la vie humaine a de l’importance et que la guerre n’a pas sa place.
« Moi j’ai grandi au Canada. Je suis un petit blanc du Canada, quand je vois mes concitoyens qui n’ont aucune conscience de ce qui se passe dans le reste du monde, ça me frappe. Pour aider, la seule chose que je peux faire c’est d’amener des images qui font réfléchir les gens et qui les font prendre conscience de la chance qu’on a. Puisque tout ça n’est pas garanti », ajoute-t-il.
« Les histoires qu’on a racontées, Karine et moi, tu peux multiplier ça par deux millions. C’est ça qui était frappant. On aurait pu rester là encore et encore et on aurait trouvé d’autres histoires. La mission qu’on s’était donnée était de faire un pont entre nos lecteurs et le conflit. […] Il fallait qu’on se rende sur place pour que les gens puissent comprendre qu’on n’est pas loin. On n’est pas si différent que ça, ajoute Simon. Ça pourrait nous arriver une tragédie comme ça. »
Gravées dans la mémoire à vie
À la question « quelle est l’image qui vous a le plus touchée », le photographe a dû mal à cacher son émotion. Tant, explique-t-il, ce qu’il a vu a été marquant.
« J’ai vu une adolescente traverser la frontière à pied, toute seule, avec une valise. C’est une fille de 15 ans, qui arrive toute seule.»
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«Ça, c’est vraiment venu me chercher. Je me suis dit : qu’est-ce qu’il attend ? Puis l’histoire d’une jeune adulte de 18 ans qui a quitté l’Ukraine pour vivre chez sa marraine en Pologne, ça faisait une semaine qu’elle avait quitté l’Ukraine et son père parti au combat et là elle s’impliquait à Varsovie pour aider les gens», partage Simon.
Même si Karine Tremblay et Simon Séguin-Bertrand sont de retour au pays, d'autres reportages seront publiés au cours des prochains jours dans la section Notre équipe aux frontières de la guerre sur notre site internet.