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Pourquoi l’avait-il ramenée en ville, à Vanier, là où les pistes de motocross sont inexistantes? Qui sait? Je présume qu’il voulait la montrer à ses amis du secondaire.

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«Regarde bien ça», me dit André un jour en enfourchant sa moto devant chez lui. Puis il se met à conduire en cercles sur la pelouse de sa maison, laissant une épaisse fumée dans son sillage et au grand dam des voisins qui se demandaient bien d’où provenait ce bruit strident et assourdissant.

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Le spectacle de motocross «version Vanier» d’André n’a pas duré longtemps. Mon oncle Gilles, son père, a entrouvert la porte de la maison et lui a crié: «T’arrêtes ça tout de suite André où je vais mettre la hache dans ta moto!!».

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Mon cousin a cessé son spectacle sur-le-champ, un peu penaud. Mais moi je n’avais que le goût de rire. J’imaginais la scène: oncle Gilles en train de bûcher à grands coups de hache dans une petite moto sur la pelouse avant de sa maison.

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Ce n’était tellement pas lui. Mais tellement pas. Jamais mon oncle n’aurait fait ça. Il n’avait pas cette méchanceté et cette agressivité en lui. Il était un homme si doux, si patient, si bon vivant, si compréhensif. C’est drôle les choses qu’on peut dire lorsque notre patience atteint ses limites. Et j’y pense, mon oncle n’avait même pas de hache à la maison…

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Des décennies plus tard, j’en ris encore.

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Mon oncle Gilles Lalonde a rendu l’âme mercredi à l’âge de 87 ans. Il a dit un dernier adieu à ses trois fils, Richard, André et Guy, et à sa tendre épouse des 67 dernières années, Gisèle. Gisèle Lalonde.

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Oncle Gilles était l’homme de sa vie, celui sur qui elle pouvait toujours, toujours compter.

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Lorsque Gisèle Lalonde luttait dans les années 1960 et 1970 pour le droit des Franco-Ontariens à la gestion de leurs écoles, Gilles était là à ses côtés. Dans l’ombre, loin des réflecteurs, là où il était bien.

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C’était une époque où les femmes n’avaient pas encore pris la place qui leur revenait. Une femme qui posait sa candidature comme conseillère scolaire, ça ne se voyait pas. Ça ne se faisait pas. Le rôle d’une femme était à la maison. C’était injuste, sexiste, discriminatoire, nommez-les. Mais c’était tristement comme ça à l’époque. Sauf qu’avec l’appui inconditionnel de «son» Gilles, Gisèle Lalonde a osé. Et le plafond de verre a éclaté.

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«Qu’en penses-tu Gilles?». J’ai entendu ma tante Gisèle poser cette question à son époux d’innombrables fois. Il était son conseiller et son confident.

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Lorsqu’elle a fondé le Centre franco-ontarien de ressources pédagogiques afin que les élèves francophones en province aient accès à des manuels et du matériel scolaires dans leur langue, elle a d’abord demandé à mon oncle Gilles ce qu’il en pensait. Croyait-il en elle? Croyait-il en sa vision? Bien sûr que oui.

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«Qu’en penses-tu Gilles?», lui a-t-elle encore demandé avant de poser sa candidature à la mairie de Vanier. Oncle Gilles lui a simplement répondu: «je pense que tu vas gagner Gisèle».

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Il la connaissait. Il savait qu’il n’y avait rien à son épreuve. Il savait qu’elle rêvait à la mairie. Et il allait l’aider à réaliser son rêve. Il allait l’aider en posant des affiches, en étant à ses côtés à chaque événement, en multipliant les appels. Il allait l’aider en s’assurant que leurs trois fils ne manquent de rien pendant que maman repoussait les limites.

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«Qu’en penses-tu Gilles?», lui a-t-elle redemandé lorsqu’on l’a approchée pour prendre la présidence d’un mouvement populaire nommé «S.O.S. Montfort».

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Cette fois-là, Gilles était moins sûr. Les deux ne rajeunissaient pas. «Sa» Gisèle avait-elle l’énergie requise pour se lancer dans ce nouveau combat? Il craignait pour elle, pour sa santé. Elle aussi avait de sérieux doutes.

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Mais l’Hôpital Montfort était menacé de fermeture. Leur hôpital. Notre hôpital. Là où tante Gisèle dirigeait la fondation.

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«Qu’en penses-tu Gilles?, lui a-t-elle redemandé.

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— Si quelqu’un peut sauver Montfort, Gisèle, c’est bien toi», lui a-t-il enfin répondu.

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Gilles l’appuyait, c’est tout ce qui comptait. Elle savait qu’il allait être là avec elle tout au long de la lutte.

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Ensemble, rien ne pouvait les arrêter. Ensemble, ils allaient gagner.

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Reposez en paix, Oncle Gilles. Merci pour tout.

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Et ce « p’tit rye » que vous m’offriez toujours en fin de soirée, je le prendrai ce soir en pensant en vous.

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Hommage à Mgr Deschamps

C’est un triste et douloureux printemps pour Gisèle Lalonde. Il y a deux semaines, elle a perdu son frère, M^gr Gérard Deschamps.

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Ma sœur Ginette a rendu un hommage émouvant à notre oncle Gérard lors de ses funérailles célébrées la semaine dernière à l’église Notre-Dame-de-Lourdes à Vanier.

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