Rappelons que l’ensemble du milieu communautaire québécois réclamait 460 M$ au gouvernement du Québec, une « demande très raisonnable » selon Mme Labrie, mais n’a reçu que 148,9 M$. Cependant, Québec augmentera le montant prévu pour « renforcer l’action communautaire », si bien qu’un peu plus d’un milliard de dollars d’ici 2026-2027.
Néanmoins, le montant adjugé annuellement n’atteindra jamais le 460 M$ selon la projection, alors qu’il se situera à 269 M$ en 2026-2027.
La mairesse Beaudin en avait notamment long à dire sur la mesure qui prévoit l’envoi de 500 $ à chaque adulte déclarant moins de 100 000 $ annuellement, ce qui représente un investissement de 3,2 G$.
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Rejointe mardi soir par La Tribune, Mme Labrie s’est montrée inquiète pour des organismes comme IRIS Estrie et TransEstrie, qui pourraient bientôt fermer définitivement leurs portes, faute de financement adéquat.
« Investir dans le communautaire, c’est investir en prévention. [...] Iris Estrie, qui va peut-être fermer, fait de la prévention des ITSS. Qu’est-ce qu’il va arriver s’il n’y a plus personne pour faire le tour des écoles en Estrie pour parler d’ITSS ? Il va y avoir plus de ces maladies et ce sera au réseau de la santé à absorber et à soigner ces gens-là. TransEstrie, qui est susceptible de fermer, offre un grand support psychologique aux personnes trans et non binaires. Si personne ne le fait, ces personnes-là vont se retrouver sur les listes d’attente du réseau de la santé », plaide la députée.
En ce sens, elle estime qu’une partie de l’imposante enveloppe dédiée au réseau de la santé, soit 8,9 G$, aurait pu être investie « en prévention », c’est-à-dire dans les organismes communautaires.
Il s’agit de la mesure phare du quatrième et dernier budget annuel du premier mandat de la Coalition avenir Québec (CAQ), dévoilé mardi à Québec par le ministre des Finances, Eric Girard. À distance réduite du déclenchement de la campagne électorale, qui mènera au scrutin général du 3 octobre.
Ce sont 6,4 millions de personnes qui toucheront le maximum de 500 $ sur les 6,8 millions d’adultes au Québec. On considère le revenu individuel et non cumulatif d’un couple, par exemple. Chacun des conjoints pourra recevoir la somme de 500 $, donc 1000 $ pour un couple ou une famille avec enfants mineurs.
«L’inflation touche tout le monde», a résumé le ministre Girard, en conférence de presse durant le huis clos tenu toute la journée au Centre des congrès de Québec. M. Girard a ensuite traversé la rue pour aller lire son discours sur le budget au Salon bleu de l’Assemblée nationale, en fin d’après-midi.
Un versement unique s’effectuera automatiquement par Revenu Québec, par dépôt direct ou par chèque, à la suite de la production d’une déclaration de revenus pour l’année 2021. Ceux qui ont déjà transmis leur déclaration de revenus n’ont pas à refaire la demande, leur déclaration sera traitée de nouveau.
Prisonniers, personnes décédées et personnes déménagées à l’extérieur du Québec avant le 1er janvier 2022 sont exclus.
«Purement électoraliste»
Sans surprise, les partis d’opposition condamnent ce budget comme hautement électoraliste.
«Les Québécois financent eux-mêmes les chèques qui seront donnés et même davantage. Les Québécois paieront cette année 4,3 milliards $ en taxes et impôts supplémentaires», a critiqué le porte-parole de l’opposition officielle en matière de finances publiques et lui-même ancien ministre des finances, le libéral Carlos Leitao.
Cette mesure coûte 3,2 milliards $ à l’État.
M. Leitao qualifie l’ensemble du budget de «purement électoraliste» et qui «ne répond pas aux besoin des Québécois».
Avec cet exercice budgétaire, la priorité de la CAQ est de se faire élire, selon les oppositions.
«On aurait dû être beaucoup plus ciblé. Des groupes sont beaucoup plus affectés par la hausse du coût de la vie. 500 $, je ne trouve pas ça particulièrement brillant», a-t-il lancé.
Manon Massé, porte-parole de Québec solidaire, affirme que «François Legault fait pleuvoir les chèques pour passer à la caisse le 3 octobre». «Bienvenue au lancement de campagne électorale de la CAQ!» a-t-elle exprimé.
«On repousse les limites de l’électoralisme à des niveaux inégalés!» dénonce de son côté le chef du Parti québécois, Paul St-Pierre Plamondon. Seul critère pour fixer la barre à 100 000 $, selon lui? «Ça permet de rejoindre 6,4 millions d’électeurs.»
Ceux qui gagnent entre 100 000 et 105 000 $ toucheront aussi de l’argent, le montant diminuant de 10 % pour chaque dollar de revenu excédant 100 000 $. Par exemple, quelqu’un qui fait 102 000 $ doit soustraire 10 % du 2000 $ de surplus, donc 200 $, et recevrait ainsi 300 $.
Basé sur un panier de 25 000 $
Le calcul se base sur un panier de consommation annuelle de 25 000 $, montant arrondi à la hausse de la Mesure du panier de consommation de 22 496 $. Ce panier inclut les besoins essentiels, comme le logement, l’alimentation, les vêtements et le transport. De l’indexation du régime fiscal de 2,64% à l’inflation prévue à 4,65% pour 2022, on obtient la compensation de 2 % sur 25 000 $, soit 500 $.
«Vous attachez beaucoup d’importance au 100 000 $ [de revenus], mais moi, j’attache surtout de l’importance aux 25 000 $», a répondu le ministre Girard aux journalistes, qui se questionnaient sur ses critères pour tracer la ligne.
«Est-ce qu’on aurait pu aller jusqu’à 110 000? S’arrêter à 90 000 $? Est-ce qu’on aurait pu s’arrêter à 90 000 $ et décliner de 90 000 $ à 110 000 $? Tout ça, c’est des hypothèses. Nous avons tranché! Je suis le fiduciaire des finances publiques, on a pris une décision. À 100 000 $, c’est là qu’on trace la ligne. Il y a 6,4 millions de Québécois sur 6,8 millions de contribuables», a justifié le ministre.
Il évoque l’élément de rapidité, afin d’éviter d’être traité... d’électoraliste, dit-il.
Pour les 3,3 millions de Québécois à faible et moyen revenu qui ont déjà reçu à la fin de janvier la prestation pour de 200 ou 275 $, ces 500 $ s’ajoutent.
Les prévisions de l’indice des prix à la consommation, ou inflation, sont de 4,65 % pour l’ensemble de l’année 2022. Cet indice a grimpé à 5,4 % pour le Québec en février, 5,7 % pour le Canada. Hausse surpassant 20 % dans le cas de l’énergie.
Le ministre Girard et son équipe prévoient que la croissance économique québécoise, qui a atteint un sommet de 6,3 % l’an dernier, sera de 2,7 % cette année. Prévision plus prudente que les 3,1 % émis par les économistes, précise M. Girard. Sa propre prévision de 3,3 % de novembre a pris du plomb dans l’aile avec la vague d’Omicron (-0,4 %) et la guerre en Ukraine (-0,2 %).
En 2017, 2018 et 2019, la croissance était de 2,9, 2,9 et 2,8 %.
Les dépenses grimpent plus
Au fil de la brique de 470 pages, on découvre que les revenus de l’État québécois atteindrons 138,5 milliards $ pour l’année 2022-2023, qui s’amorce le 1er avril. Une hausse de 2,2 % par rapport à l’an dernier. Les dépenses seront de 136,6 milliards $, grimpant de 4,8 %.
Les dépenses de portefeuilles s’élèvent quant à elles à 130 milliards $, dont 54 milliards $ (42 %) attitrés au ministère de la Santé et des Services sociaux et 29 milliards $ (23 %) pour l’Éducation et l’Enseignement supérieur.
Le déficit devrait s’établir à 6,5 milliards $, après le versement obligatoire au Fonds des générations. L’objectif de retrouver l’équilibre budgétaire demeure fixé pour l’exercice de 2027-2028.
Les mesures de soutien et de relance dans le cadre de la pandémie de COVID-19 totalisent 2,4 milliards $ en 2022-2023 et s’estompent à compter de l’an prochain, avec 462 millions $ en 2023-2024 et 18 millions $ en 2024-2025.
La dette nette du Québec s’établira à 199 milliards $ au 31 mars 2022, soit 40 % du produit intérieur brut (PIB). La moyenne canadienne est à 33 %. La dette engraissera de 7,7 milliards $ dans les 12 prochains mois pour atteindre 206,7 milliards $, mais cela représentera alors 39 % du PIB, qui grimpe plus vite.
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Primes aux employés, vaccins, tests de dépistage, équipement de protection et ajout de préposés aux bénéficiaires, les dépenses s'accumulent sur la facture pour faire face à la COVID-19, depuis mars 2020.
Au cours des deux dernières années, l'impact financier des actions mises en place par le ministère québécois de la Santé et des Services sociaux pour «vaincre la pandémie» s'est élevé à plus de 14,8 milliards$. La majorité des dépenses sont temporaires et concernent principalement les bonifications salariales offertes aux employés, les efforts de vaccination et de dépistage.
Les ministères touchés
À divers niveaux, les principaux ministères du gouvernement du Québec auront tous dû assumer des dépenses occasionnées par la crise sanitaire. En 2021, les mesures mises en oeuvre dans le cadre de la pandémie et de la relance de l'économie ont totalisé 9,2 milliards$.
Outre le ministère de la Santé, qui s'accapare la part la plus importante, celui de l'Économie, qui est venu en aide aux entreprises, et celui de l'Éducation, qui a entre autres bonifié l'offre de soutien aux élèves, auront été les plus touchés.
«Les actions du gouvernement se poursuivront au cours de l’exercice financier 2022‐2023 afin d’assurer une transition dans le contexte de la fin de l’urgence sanitaire», indique-t-on dans les documents budgétaires.
Encore des coûts à venir
Parce que même si la pandémie se calme, les coûts qu'elle engendre continuent de courir. D'ici l'année 2025, le gouvernement du Québec planifie qu'il aura dû dépenser 22,1 milliards $ supplémentaires, seulement en santé. En contrepartie, le ralentissement des activités provoqué par le délestage aura généré une baisse des dépenses supérieure à 3,8 milliards$.
Pour cette année, on planifie que les sommes injectées par le ministère de la Santé pour combattre la pandémie atteindront près de 1,6 milliard $, notamment pour «adapter les soins et les services de santé à l'après-pandémie».
Et dans l'optique où, après un ralentissement, la crise devait repartir de plus belle, propulsée par une sixième vague, un montant équivalent est aussi déjà réservé «pour d'éventuelles dépenses additionnelles découlant de la pandémie de COVID-19», telles que la vaccination, le dépistage et l'achat de dizaines de millions de tests rapides.
Guérir le système de santé
En tout, le budget du ministère de la Santé, évalué à 54 milliards $, représente au-delà de 40 % du budget total du Québec.
On y réserve une cure de guérison pour le système de santé. La refonte, que le ministre Christian Dubé doit présenter dans les prochaines semaines, est évaluée à 1 milliard$ et servira à le «rétablir». Des investissements seront faits pour le moderniser (accès aux données et technologies de l'information) et à s'attarder à la main-d'oeuvre et aux infrastructures.
Pour la relance en santé qui en coûtera au total 8,9 milliards$ sur cinq ans, on planifie aussi «rehausser les soins et les services à la population», avec un plus grand accès aux services de première ligne et l'ouverture, dès cette année, des premières maisons des aînés.
Le ministre des Finances, Eric Girard, a profité de la présentation de son budget 2022 pour relancer un appel à Ottawa : «le Transfert canadien en matière de santé doit être augmenté, sans condition, à 35 % des dépenses en santé des provinces et territoires. Et par la suite, il doit être maintenu à ce niveau», a-t-il plaidé.
Au Québec, cela représenterait une hausse de 6 milliards $ par année.