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C’était hier que nous étions 10 000 personnes à Ottawa pour défendre notre hôpital menacé de fermeture. C’était hier qu’on criait à l’unisson «Montfort fermé: jamais!». C’était hier que nous marquions l’histoire de la communauté franco-ontarienne. C’était hier qu’on sauvait Montfort. C’était hier que nous prenions notre place.

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Déjà 25 ans? Je n’en garde que de merveilleux souvenirs. Le Grand Ralliement du 22 mars 1997 sera toujours un moment d’immense fierté pour les Francos. Comme avait déclaré la grande Gisèle Lalonde devant une foule en liesse entassée au Centre municipal d’Ottawa: «Nous avons tenu notre rendez-vous avec l’histoire! Les Canadiens regardent aujourd’hui un peuple debout ! Souvenez-vous de ce grand jour parce que personne ne pourra jamais vous l’enlever!».

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Nous nous en souvenons, M^me Lalonde. Nous nous en souvenons.

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Comme nous nous souviendrons toujours de ceux qui y étaient, mais qui nous ont quittés depuis. De ces acteurs clés qui ont marqué cette journée historique à leur façon et qui célèbrent avec nous aujourd’hui de «là-haut».

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Je pense bien sûr à mon frère, Michel Gratton, qui, dans son livre Montfort: La lutte d’un peuple – un livre qui devrait être lecture obligatoire dans toutes les écoles secondaires de langue française au pays – avait décrit son travail de cinq années accompli auprès du mouvement SOS Montfort comme «la plus belle chose que j’aie faite de toute ma vie».

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Quand je pense au 22 mars 1997, au Grand Ralliement, je pense au grand Jean-Robert Gauthier. L’ancien député et sénateur canadien était très malade, il n’avait pas la force de prendre la parole et il ne pouvait se déplacer qu’en fauteuil roulant. Mais par la force de sa seule volonté, il avait tenu à être là. Avec les siens. Son entrée triomphale sur scène restera gravée dans la mémoire des 10 000 personnes qui y étaient, ainsi que des milliers d’autres francophones de partout au pays qui avaient regardé le Grand Ralliement SOS Montfort sur les ondes de RDI.

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Quand je pense au 22 mars 1997, je pense à mon jeune collègue Jean-Michel Gauthier. Un journaliste en herbe voué à une brillante carrière qui est malheureusement décédé accidentellement quelques années plus tard. Jean-Michel n’avait pas à travailler en ce samedi 22 mars 1997. Mais il tenait à être de l’équipe de rédaction du Droit qui allait publier une édition spéciale le lendemain, un dimanche, une première dans la longue histoire de notre quotidien. Jean-Michel ne voulait pas seulement vivre l’histoire, il voulait l’écrire, la raconter.

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Quand je pense au 22 mars 1997, je pense à mon regretté ami et directeur de l’information du Droit de l’époque, François Roy. Lui qui avait dirigé de main de maître la couverture des cinq années de lutte du mouvement SOS Montfort. François était un fier Québécois. Mais certes, un Franco d’adoption, lui qui avait embrassé notre cause.

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Quand je pense au 22 mars 1997, je pense à Paul Demers. À la fierté qui m’a envahi et aux larmes qui me sont venues aux yeux quand la foule a entonné le chant Notre place. Je n’avais jamais rien entendu de si beau.

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Je m’étais pointé tôt au Centre municipal d’Ottawa ce jour-là. Très tôt. Je ne voulais rien rater. Mais je n’étais pas le premier sur place. L’ancien député fédéral d’Ottawa-Vanier, Mauril Bélanger, y était déjà. Je ne sais trop pourquoi. Peut-être ne voulait-il rien manquer lui non plus.

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Mais quand je pense au 22 mars 1997, je pense à lui. De ce moment lors du Grand Ralliement où je me suis approché de lui, qu’il m’a souri les yeux pleins d’eau et qu’il m’a dit: «je n’ai jamais été aussi fier d’être Franco-Ontarien». Moi non plus, lui avais-je répliqué. Moi non plus.

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Quand je pense au 22 mars 1997, je pense à Jacques Blouin. Un acteur clé du mouvement SOS Montfort qui avait choisi de travailler dans l’ombre des Lalonde, Gratton, Savoie, de Courville-Nicol, Caza et tous les autres. Si le Centre municipal d’Ottawa était plein à craquer ce jour-là, c’était grâce à lui. C’était Jacques qui avait coordonné la venue à Ottawa d’innombrables autobus bondés de Francos de Prescott-Russell, de Cornwall, de Hawkesbury et de partout ailleurs dans l’Est ontarien. Mais aussi des autobus venus de Sudbury, Thunder Bay, Timmins, Kirkland Lake, Toronto et ailleurs en province. C’était Jacques qui avait allumé la flamme Montfort partout en Ontario.

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Je pense à tous ces gens en me remémorant le 22 mars 1997. À tous ces amis qui nous ont quittés depuis. (J’en oublie, je sais. Et je m’en excuse).

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Je pense à eux et je me dis qu’ils doivent être fiers en nous regardant de «là-haut». Fiers que l’on se souvienne. Fiers de ce qu’ils ont accompli. Fiers de ce que l’Hôpital Montfort est devenu. Fiers de la résilience et de la solidarité dont les Franco-Ontariens ont fait preuve depuis ce jour-là, notamment le 1^er décembre 2018 lorsque près de 15 000 d’entre eux sont descendus dans les rues partout en province pour, encore une fois, défendre leurs droits et leur cause.

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Oui, ils doivent être très fiers en nous regardant de l’au-delà. Et les mots de mon frère Michel me reviendront toujours en tête chaque 22 mars: «On était fort et on ne le savait même pas».

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On le sait maintenant, Michel. On le sait. Vingt-cinq ans se sont écoulés, et nous sommes plus forts que jamais.

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Nous sommes, nous serons.

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