L’urgence de se serrer les coudes

Marie-Pierre Plante explique que du personnel supplémentaire a été embauché dans son département durant la pandémie.

Il y a eu beaucoup de personnes malades de la COVID-19 dans les 24 derniers mois. Il y a même eu des centaines de décès en région. À travers toutes ces épreuves, les travailleurs du réseau de la santé ont réussi à s’ajuster, à communiquer, mais surtout, à évoluer à vitesse grand V.


«Dans les soins urgents, on est une équipe et on se tient, mentionne le médecin travaillant à l’urgence de l’Hôtel-Dieu de Sherbrooke, Dr Nicolas Elazhary. Mais ç’a pris une envergure et une intensité beaucoup plus importante. Le côté positif, c’est qu’on est une équipe plus soudée et plus entraidante qu’avant.»

Des idées qui sortent des sentiers battus ont été mentionnées et réalisées par les travailleurs de la santé. «De monter une tente devant l’urgence pour faire des dépistages et du prétriage, je n’ai pas vu ça en 16 ans. C’est une collègue qui a travaillé avec l’Ebola qui a eu cette idée. On est probablement l’une des premières places au Québec à avoir fait ça», cite-t-il en exemple. 

Selon le Dr Nicolas Elazhary, une philosophie d’entraide a été mise de l’avant durant la pandémie.

«Des canaux ont été créés, ajoute le médecin. On ne pensait pas communiquer avec certaines personnes, maintenant on a des noms et des visages qu’on a en tête et qu’on peut interpeller en cas de besoin.»

Dans le domaine infirmier, «il y a de l’espoir», assure la cheffe de soins et services aux soins intensifs chirurgicaux à l’Hôpital Fleurimont, Flore Béland. «Il y a eu beaucoup de réorganisations de carrière et il y a de la relève. On se rend compte qu’il faut s’occuper de cette relève. [...] Je pense qu’on va devoir questionner les gens qui quittent le réseau pour savoir ce qui ne va pas», propose la future retraitée.

«La pandémie nous a permis de voir que le système ne fonctionnait pas bien. Des choses qu’on a apprises vont rester et seront à l’avantage. Elle nous a aussi permis de constater qu’il faut s’occuper du personnel. Ce ne sont pas seulement des considérations monétaires qu’ils ont besoin, ce sont des conditions de travail», continue Mme Béland, ajoutant que cet été, des quarts de travail de sept jours de travail suivi de sept jours de congé ont été aménagés. 

Nouvelles machines

Les équipements qui ont servi à l’analyse durant la pandémie pourront être mis à contribution pour d’autres types de tests à l’avenir. «Nos analyses auront plus de précisions, on offrira un plus grand service. On pourra faire des analyses qu’on envoie actuellement à Montréal ou à Québec. On pourra donc diminuer les temps de réponse pour les patients et les médecins traitants. C’est vraiment majeur», se réjouit la coordonnatrice technique et technologiste médicale au laboratoire de microbiologie à l’Hôpital Fleurimont, Claudia Cloutier.

La coordonnatrice technique de laboratoires et technologiste médicale, Claudia Cloutier, se réjouit, puisque les équipements qui ont servi à l’analyse durant la pandémie pourront être mis à contribution pour d’autres types de tests à l’avenir.

Or, si la relève est bien présente dans le domaine infirmier, elle est beaucoup moins assurée dans les laboratoires. «On le voit dans les stages, il n’y a pas beaucoup de finissants. C’est un problème crucial. La pandémie a fait parler des laboratoires probablement pour la première fois à cause des tests COVID. On est des travailleurs de l’ombre, on ne pense pas qu’on existe!», lance-t-elle, soulignant que le laboratoire de microbiologie existait avant la pandémie et que l’équipe effectue près de 1000 analyses quotidiennement pour environ autant de patients. 

«La pandémie a mis sur pause l’amélioration de la gestion du laboratoire. Nous étions toujours dans l’urgence. Dans les derniers mois, nous avons des coordonnateurs-relève à qui on peut prendre le temps d’enseigner la gestion», dit-elle, ajoutant que des employés d’autres laboratoires ont prêté assistance à l’équipe de Mme Cloutier. 

Flore Béland espère que les employés qui quittent le système de santé seront questionnés afin de noter les irritants.

Trois personnes de jour, trois personnes de soir et deux personnes de nuit ont été ajoutées pour pallier à tout le travail. Des employés ont aussi été embauchés pour assurer la préparation à l’analyse pour que les technologistes puissent se concentrer sur leur travail. 

Le service de prévention des infections, lui, a été restructuré. «On a créé deux nouveaux postes d’assistante au supérieur immédiat. On n’en avait pas avant, on avait une gestionnaire pour tout le territoire. Quatre postes ont été ouverts pour des conseillères en prévention des infections intra-installation et quatre autres en santé publique», se réjouit la conseillère-cadre en prévention et contrôle des infections, Marie-Pierre Plante.