C’est ce que laisse savoir le directeur régional pour le transport interurbain et scolaire de Transdev Québec, Guy Beauchesne, qui se réjouit déjà d’annoncer que les transporteurs interurbains sont autorisés à revenir à 100 % de la capacité de leurs autobus à compter de ce samedi.
« C’est une première bonne nouvelle qu’on a apprise en début de semaine. Et ça nous permet de faire des analyses et d’envisager une reprise des lignes locales. On travaille très fort pour pouvoir le faire très prochainement », assure-t-il.
Depuis la pandémie et ses restrictions sanitaires, rappelons-le, Limocar, qui a l’exclusivité du transport interurbain en Estrie, exploite seulement sa ligne express qui relie Sherbrooke à Montréal par l’autoroute 10, en s’arrêtant à Magog, Bromont, Granby et Longueuil.
Or dans la MRC de Memphrémagog, ce transporteur desservait auparavant les municipalités de Stukely-Sud, Eastman, Austin, le centre-ville de Magog et Omerville, et s’arrêtait aussi, sur sa route, à Chambly, Marieville, Rougemont, Saint-Césaire, Saint-Paul-d’Abbotsford et Waterloo.
Les oubliés de l’autobus
Vice-présidente de l’organisme Les oubliés de l’autobus, Louise Gagné comprend que les contraintes sanitaires ont compliqué le transport interurbain depuis deux ans, mais elle estime que le temps est venu pour Limocar de rétablir le service pour les citoyens de ces municipalités, d’autant plus que l’entreprise a pu bénéficier des programmes d’aide financière de Québec et d’Ottawa liés à la pandémie.
Dans un communiqué rendu public mercredi, elle interpelle le transporteur et souligne que sa décision de ne conserver que son service le plus payant depuis 2020, a fait en sorte de confiner doublement les résidents sans automobile de plusieurs villes et villages de l’Estrie : « par la pandémie et par l’absence de transport interurbain ».
Selon elle, les citoyens sont nombreux à espérer une reprise rapide de ce service.
« Vous imaginez tout le monde qui est venu de Montréal ou des autres grandes villes pour vivre à la campagne, et qui se voit maintenant obligé d’acheter une deuxième auto? Si on est capable de rétablir du transport collectif, il n’y aura pas de deuxième auto. »
Guy Beauchesne se dit conscient des enjeux et des attentes de cette clientèle.
Il souligne toutefois que malgré le programme d’aide financière mis en place par Québec pour aider à la relance du transport interurbain par autobus et compenser la limite de capacité fixée à 50 %, les deux dernières années ont « creusé un trou » dans les finances de l’entreprise.
Certaines semaines, amène-t-il en exemple, les voyages les plus achalandés du vendredi soir, remplis d’étudiants et de travailleurs qui retournent à Montréal, nécessitaient un deuxième autobus pour accommoder les gens, avec les coûts de main-d’œuvre et de carburant supplémentaires que cela implique.
« Les programmes d’aide, ça n’a vraiment pas couvert tous les frais qu’on a pour opérer, soutient-il. C’était plus pour compenser la perte de 50 % sur les lignes express. »
De nombreux défis
Guy Beauchesne explique aussi que les liaisons locales rejoignent une tout autre clientèle, puisqu’elles font la distance Sherbrooke-Montréal en deux fois plus de temps que la liaison express.
« Pour nous, ce n’est pas une ligne qui a beaucoup de clientèle, on le fait vraiment pour accommoder les gens sur la route 112. Une compensait pour les pertes de l’autre. »
L’entreprise procède néanmoins à une analyse sérieuse de la situation, qui doit tenir compte du nouveau visage de la clientèle, du télétravail, de l’exode vers les régions, de l’inflation et du coût du carburant.
« En mettant les choses en place, on va devoir faire un plan de marketing pour essayer de rentabiliser le plus rapidement possible ces voyages-là, mais on a de grands espoirs de pouvoir relancer la ligne locale très prochainement. »
Louise Gagné s’en réjouit et assure qu’elle sera au rendez-vous pour propager la bonne nouvelle.
« Dès que ce service reprendra, nous en aviserons nos membres et le réseau avec lequel nous collaborons pour favoriser le transport collectif dans notre région. »