Chronique|

L’architecte passionné des expos universelles

Daniel Quirion en était à sa troisième expo universelle à Dubaï, en février dernier.

CHRONIQUE / L’architecture n’est pas qu’un gagne-pain pour le Sherbrookois Daniel Quirion. Pour lui, c’est surtout une véritable passion.


Boulimique de tout ce qui concerne la conception de bâtiments, il s’est donné comme mission d’avoir vu toutes les prouesses architecturales du monde avant de mourir. Rien que ça. 

Pas étonnant, donc, qu’il soit parti sur un coup de tête, en 2010, pour visiter l’expo universelle de Shanghai. Véritable Mecque de l’architecture, l’expo universelle permet immanquablement de se décrocher la mâchoire devant les exploits des concepteurs de partout sur la planète. 

« C’est là que je vais me nourrir. C’est l’excellence mondiale concentrée en un seul lieu », affirme Daniel Quirion, qui a par la suite visité les expos de Milan, en 2015, et de Dubaï, en février dernier. Pas de doute, il se rendra aussi à Osaka, en 2025. 

En 2010, il avait aperçu une publicité du pavillon de l’Angleterre. « C’était une espèce de pissenlit en acrylique qui représentait la banque de semences britannique. Il était d’ailleurs nommé la cathédrale de semences et était recyclable à 100 %. »

Le pavillon comptait 60 000 tiges, dont certaines ont été vendues pour des œuvres caritatives. « Je ne pouvais pas ne pas voir ça. Une semaine après avoir vu la publicité, j’étais en Chine. À l’université, j’étais connu comme un geek de l’histoire de l’architecture. Ça fait partie de moi de vulgariser, de sensibiliser les gens à la qualité de l’architecture. Quand on en voit les spécificités, quand on comprend ce qu’elle a d’unique, on voit le raffinement. La lecture qu’on en fait est magique. »

Le vulgarisateur explique d’ailleurs que c’est l’Angleterre qui a lancé la première expo universelle en 1851 pour exhiber tout son savoir-faire. 

S’il n’était pas né lors de l’expo de Montréal en 1967, Daniel Quirion n’en connaît pas moins les rouages. « À Shanghai, au pavillon du Canada, on m’avait fait mon passeport d’Expo 67. J’étais vraiment content. »

D’ailleurs, Expo 67 aura influencé l’architecture au Québec. « Quand vient le temps de dater les bâtiments, il y a un avant et un après 67. On voit le modernisme dans le territoire. Et jusqu’à Shanghai en 2010, Montréal était considérée comme l’expo la plus extravagante. Mais la Chine, c’était complètement fou. La vraie démesure, je l’ai vue là-bas. »

L’architecte sherbrookois n’a pas manqué le rendez-vous de Milan en 2015. On le voit ici à l’intérieur du pavillon du Japon.

En 2015, à Milan, le Canada n’avait pas de pavillon. 

« Les Italiens avaient montré à quel point ils sont les tops du design. Le Vatican avait un des plus beaux pavillons, mais c’était aussi un des plus simples. Milan, c’était le plaisir de vivre, de profiter. »

Malgré les mesures sanitaires, Daniel Quirion a choisi de se rendre à Dubaï coûte que coûte pour une expo 2020 reportée en raison de la pandémie. 

« C’était ma troisième exposition. J’ai pu voir l’évolution des pavillons. Ils étaient plus sculpturaux en 2010, alors qu’en 2022, on joue davantage avec le numérique. On utilise des surfaces planes avec des lasers, des hologrammes. Les trois quarts des pavillons ne jouent que là-dessus. On peut aussi dire que la plupart des pays ne se sont pas investis autant que les autres années. »

L’architecte confirme que l’expérience des lieux, en 2022, passe désormais inévitablement par le numérique. « Le seul pavillon dont l’architecture mérite assurément de rester est celui des Émirats. »

D’ailleurs, c’est un peu l’ironie des expos universelles, qui permettent la construction d’un village mondial à la fine pointe qui n’aura qu’une courte durée de vie. La plupart des pavillons sont généralement démolis à la fin de l’événement. « Le principe est contre nature, même anachronique, qu’on arrive à faire un si grand gaspillage de matériaux à l’ère du développement durable. 



Cette photo aérienne montre le site de l'expo universelle de Dubaï.

J’ai vu sur Google Map ce qu’était devenu le site de l’expo de Shanghai. C’est extrêmement désolant. »

Mais Daniel Quirion préfère y voir les avantages éducatifs des pavillons internationaux. « C’est une contamination positive pour voir où on est rendu. C’est aussi un choc des idées, un choc des cultures. » Et oui, certains pavillons sont au moins en partie recyclables. 

De ce choc des cultures vient surtout une expérience humaine hors du commun. Déjà, parmi les pavillons ayant le plus touché Daniel Quirion se trouvent ceux de la Syrie et de l’Ukraine, pays présents malgré les conflits faisant rage chez eux. « La plus belle expérience humaine et graphique est celle du pavillon de l’Espagne. C’est d’ailleurs ce pays qui avait fait le plus beau pavillon à Shanghai après l’Angleterre. »

Dubaï aura donc été, pour Daniel Quirion, une autre façon de s’ouvrir sur le monde. Parce que visiter l’expo universelle, c’est forcément prendre un peu de temps, aussi, pour s’immerger dans la culture du pays hôte. « J’allais chercher quelque chose que je ne connaissais pas. Il y a sans doute des inégalités aux Émirats arabes unis, mais je retiens des expériences humaines qui décloisonnent tellement de choses. »

Daniel Quirion était parti en Chine sur un coup de tête en 2010 pour voir, entre autres, le pavillon de l’Angleterre à l’expo de Shanghai.

Parions que pour un architecte, visiter une expo universelle dans la ville même du plus haut gratte-ciel du monde, le Burj Khalifa, c’est un peu comme la cerise sur le sundae.

L’expo universelle de Dubaï prend fin le 31 mars. Je vous proposerai de plonger plus en détails dans cet univers fascinant au cours des prochaines semaines alors que je suis moi-même en route, aujourd’hui même, pour les Émirats arabes unis. 

Suivez-moi au cours de ce périple sur Instagram et Tik Tok @jonathancusteau

Une femme déambule devant le pavillon du Royaume-Uni à l’exposition universelle de Dubaï.