La crise du logement se fait déjà sentir

Augmentation moyenne des loyers d’environ 9,2 %, taux d’inoccupation sous la barre du 1 % : les plus récentes données de la Société canadienne d’hypothèques et de logement inquiètent le Regroupement des comités logement et associations de locataires du Québec.

Augmentation moyenne des loyers d’environ 9,2 %, taux d’inoccupation sous la barre du 1 % : les plus récentes données de la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL) inquiètent le Regroupement des comités logement et associations de locataires du Québec (RCLALQ) qui constate que la crise du logement touche davantage les villes situées à l’extérieur des grands centres urbains, dont Sherbrooke.


Selon le RCLALQ, ces augmentations de loyer font très mal aux locataires à faible et modeste revenu, surtout avec la hausse fulgurante des prix des biens essentiels. 

« Pour les 195 000 ménages locataires qui accordent plus de 50 % de leur revenu au paiement du loyer, ces hausses signifient trop souvent devoir couper dans leurs autres besoins de base pour pouvoir s’offrir un toit », mentionne le Regroupement dans un communiqué.

Le RCLALQ rappelle par ailleurs que les prix moyens révélés par la SCHL ne sont pas représentatifs du loyer moyen mis en location. Dans un contexte où de plus en plus de locataires doivent se reloger après avoir subi une reprise de logement ou une éviction, les logements à louer sur la plateforme Kijiji sont en moyenne 24 % plus élevés que les coûts déterminés par la SCHL pour la région de Sherbrooke, selon le RCLALQ.

La SCHL dévoile également que le taux d’inoccupation des logements locatifs est de 2,5 % pour la province de Québec, soit égal à l’année dernière. La province est donc toujours sous le seuil d’équilibre de 3 %, ce qui rend la recherche de logements difficile. En outre, les taux d’inoccupation sont beaucoup plus bas dans les villes intermédiaires comme Sherbrooke, dont le taux d’inoccupation est de 1 % et de 0,5 % lorsqu’on considère uniquement les grands logements.

Cas particuliers

Si la situation est difficile pour monsieur et madame Tout-le-Monde, elle est encore pire pour les personnes qui n’ont pas d’historique de crédit et qui se font donc refuser par la vaste majorité des propriétaires privés.

Une situation qui attriste Mario Mercier de l’Association des locataires de Sherbrooke.

« C’est même une consigne des regroupements de propriétaires de louer à leur locataire idéal avec la pénurie », explique celui qui précise que cette pratique n’a rien d’illégal.

Mario Mercier se désole que l’Association des locataires de Sherbrooke ne puisse pas davantage pour des personnes qui n’ont pas d’historique de crédit.

Il se désole d’ailleurs que l’Association des locataires de Sherbrooke ne puisse pas davantage pour des personnes dans de telles situations.

« Les gens nous appellent et finalement on n’a pas vraiment de solutions à leur offrir. Ça devient triste des fois, ça devient dur moralement parce qu’on aide les gens, mais des fois on n’a pas vraiment de solutions correctes », confie-t-il.

De son côté, le président du Regroupement de propriétaires d’Habitations locatives (RPHL), Martin Messier, souligne l’importance des enquêtes de prélocation pour les propriétaires.

« Pour le propriétaire, c’est tout à fait capital de faire une bonne enquête de prélocation puisqu’on va louer un bien qui vaut plusieurs dizaines de milliers de dollars à un locataire », explique-t-il. 

Cela permet au propriétaire de s’assurer que le locataire va respecter ses obligations, qu’il va bien entretenir le logement, qu’il a la capacité de payer, mais également que le locataire va respecter la vie commune. Les propriétaires visent ainsi à s’assurer autant que possible que « ce ne sera pas quelqu’un qui va déranger par des va-et-vient, du bruit inhabituel, troubler les autres et ça, c’est important, on a cette obligation-là en tant que propriétaire de nous assurer que l’ensemble des locataires de l’immeuble ont la quiétude, on appelle ça la jouissance paisible du logement ».

Pour les cas qui ne répondent pas aux exigences des enquêtes de prélocation, Martin Messier remet la responsabilité entre les mains des municipalités afin qu’elle trouve « l’aide disponible ».

Le conseiller municipal Raïs Kibonge, également président de l’Office municipal d’habitation de Sherbrooke, est quant à lui contre l’exigence de l’historique de crédit.

« L’historique de crédit d’une personne n’est pas une mesure 100 % sûre que la personne va être garantie de payer ou pas », s’exclame celui qui croit que ça ne fait que « compliquer la vie du monde ».



Raïs Kibonge souhaite travailler avec les propriétaires privés afin de trouver des solutions pour les personnes qui ont de la difficulté à se trouver un logement pour diverses raisons.

« Ça fait en sorte que les personnes qui ont déjà de la misère à s’en sortir se retrouvent dans une situation où ils ne s’en sortent pas », exprime-t-il.

Il souhaite donc voir comment il peut travailler avec les propriétaires privés afin de trouver des solutions pour les personnes qui vivent des situations de ce type.

« C’est en développement, ça prend du temps », avoue-t-il.

Rappelons que les élus ont convenu de créer un « groupe de travail d’urgence » sur la question du logement pour arriver à des « pistes d’action à court et moyen terme » sur cet enjeu.

La mairesse Évelyne Beaudin a appelé Québec à « prendre ses responsabilités » sur l’enjeu du logement.

Les frais répertoriés sont, en ordre d’importance, l’hébergement temporaire à l’hôtel, les repas, l’entreposage des biens, l’hébergement des animaux et la location de véhicules de transport. En voyant cette liste et en calculant que les frais reviennent à environ 10 000 $ par ménage, la conseillère Hélène Dauphinais s’est demandée si la Ville « allait trop loin » dans son accompagnement. 

« Je trouve ça énorme. […] On devrait penser à demander une certaine contribution raisonnable » aux personnes accompagnées, a-t-elle soulevé.

Sans s’avancer précisément sur cette avenue, Yves Tremblay a toutefois évoqué l’idée d’une « grille d’éligibilité » pourrait s’appliquer à l’avenir. Il a aussi assuré que la Ville est « déjà au travail pour préparer la prochaine saison » puisque la crise du 1er juillet 2022 s’annonce possiblement pire qu’en 2021, selon les différents intervenants.

À cette même séance, les élus ont convenu de créer un « groupe de travail d’urgence » sur la question du logement pour arriver à des « pistes d’action à court et moyen terme » sur cet enjeu. Il sera formé des élus Raïs Kibonge, président de l’Office municipal d’habitation, de Joanie Bellerose, présidente du Parallèle de l’Habitation sociale, de Geneviève La Roche, présidente de la Commission de l’aménagement du territoire et de Claude Charron, représentant de la Ville à la Fédération canadienne des municipalités. 

Les conseillères Christelle Lefèvre et Annie Godbout ont exprimé qu’elles auraient plutôt espéré la création d’une commission pour apporter une structure plus permanente dédiée l’enjeu du logement.