Selon le RCLALQ, ces augmentations de loyer font très mal aux locataires à faible et modeste revenu, surtout avec la hausse fulgurante des prix des biens essentiels.
« Pour les 195 000 ménages locataires qui accordent plus de 50 % de leur revenu au paiement du loyer, ces hausses signifient trop souvent devoir couper dans leurs autres besoins de base pour pouvoir s’offrir un toit », mentionne le Regroupement dans un communiqué.
Le RCLALQ rappelle par ailleurs que les prix moyens révélés par la SCHL ne sont pas représentatifs du loyer moyen mis en location. Dans un contexte où de plus en plus de locataires doivent se reloger après avoir subi une reprise de logement ou une éviction, les logements à louer sur la plateforme Kijiji sont en moyenne 24 % plus élevés que les coûts déterminés par la SCHL pour la région de Sherbrooke, selon le RCLALQ.
La SCHL dévoile également que le taux d’inoccupation des logements locatifs est de 2,5 % pour la province de Québec, soit égal à l’année dernière. La province est donc toujours sous le seuil d’équilibre de 3 %, ce qui rend la recherche de logements difficile. En outre, les taux d’inoccupation sont beaucoup plus bas dans les villes intermédiaires comme Sherbrooke, dont le taux d’inoccupation est de 1 % et de 0,5 % lorsqu’on considère uniquement les grands logements.
Cas particuliers
Si la situation est difficile pour monsieur et madame Tout-le-Monde, elle est encore pire pour les personnes qui n’ont pas d’historique de crédit et qui se font donc refuser par la vaste majorité des propriétaires privés.
Une situation qui attriste Mario Mercier de l’Association des locataires de Sherbrooke.
« C’est même une consigne des regroupements de propriétaires de louer à leur locataire idéal avec la pénurie », explique celui qui précise que cette pratique n’a rien d’illégal.
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Il se désole d’ailleurs que l’Association des locataires de Sherbrooke ne puisse pas davantage pour des personnes dans de telles situations.
« Les gens nous appellent et finalement on n’a pas vraiment de solutions à leur offrir. Ça devient triste des fois, ça devient dur moralement parce qu’on aide les gens, mais des fois on n’a pas vraiment de solutions correctes », confie-t-il.
De son côté, le président du Regroupement de propriétaires d’Habitations locatives (RPHL), Martin Messier, souligne l’importance des enquêtes de prélocation pour les propriétaires.
« Pour le propriétaire, c’est tout à fait capital de faire une bonne enquête de prélocation puisqu’on va louer un bien qui vaut plusieurs dizaines de milliers de dollars à un locataire », explique-t-il.
Cela permet au propriétaire de s’assurer que le locataire va respecter ses obligations, qu’il va bien entretenir le logement, qu’il a la capacité de payer, mais également que le locataire va respecter la vie commune. Les propriétaires visent ainsi à s’assurer autant que possible que « ce ne sera pas quelqu’un qui va déranger par des va-et-vient, du bruit inhabituel, troubler les autres et ça, c’est important, on a cette obligation-là en tant que propriétaire de nous assurer que l’ensemble des locataires de l’immeuble ont la quiétude, on appelle ça la jouissance paisible du logement ».
Pour les cas qui ne répondent pas aux exigences des enquêtes de prélocation, Martin Messier remet la responsabilité entre les mains des municipalités afin qu’elle trouve « l’aide disponible ».
Le conseiller municipal Raïs Kibonge, également président de l’Office municipal d’habitation de Sherbrooke, est quant à lui contre l’exigence de l’historique de crédit.
« L’historique de crédit d’une personne n’est pas une mesure 100 % sûre que la personne va être garantie de payer ou pas », s’exclame celui qui croit que ça ne fait que « compliquer la vie du monde ».
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« Ça fait en sorte que les personnes qui ont déjà de la misère à s’en sortir se retrouvent dans une situation où ils ne s’en sortent pas », exprime-t-il.
Il souhaite donc voir comment il peut travailler avec les propriétaires privés afin de trouver des solutions pour les personnes qui vivent des situations de ce type.
« C’est en développement, ça prend du temps », avoue-t-il.
Rappelons que les élus ont convenu de créer un « groupe de travail d’urgence » sur la question du logement pour arriver à des « pistes d’action à court et moyen terme » sur cet enjeu.