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J’aimerais bien raconter l’histoire de cette dame. Mais j’en sais très peu à son sujet. Trop peu.

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J’ai fouillé sur la toile. J’ai vérifié les listes des défunts qui reposent aux cimetières Notre-Dame et Beechwood d’Ottawa. Je ne trouve rien, ou presque rien.

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Le nom de Jeanne d’Arc Saint-Germain se résume à peu près à ceci:

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«Une femme de Vanier tuée par une bombe posée à Ottawa par le Front de libération du Québec (FLQ).»

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Son nom m’est revenu en pensant à ce qui se passe présentement au centre-ville d’Ottawa et à d’autres événements qui ont secoué la capitale du pays au fil des ans.

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Comme le matin du 22 octobre 2014, par exemple, lorsqu’une fusillade qui a débuté au Monument commémoratif de guerre et qui s’est terminée au parlement du Canada a fait deux morts: le caporal Nathan Cirillo, qui montait la garde au Monument, et le suspect, Michael Zehaf-Bibeau, abattu par le sergent d’arme Kevin Vickers.

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Et comme ce matin de 1970 où une bombe a éclaté au centre-ville d’Ottawa, causant la mort d’une dame de 51 ans.

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Cette chronique d’aujourd’hui est donc un avis de recherche pour trouver des proches de Jeanne d’Arc Saint-Germain. Rien de plus. Il n’y a pas de lien à faire entre l’histoire de Mme Saint-Germain et le «convoi de la liberté». Et surtout pas une comparaison entre les felquistes de l’époque et les camionneurs qui occupent le centre-ville d’Ottawa. Ce serait réellement comparer des pommes et des oranges. Donc de grâce, ne cherchez pas des poux.

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Je reviens donc à l’avis de recherche et à ma question posée en entrée en matière: Jeanne d’Arc Saint-Germain, ce nom vous dit quelque chose ?

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Elle était veuve, mère de deux filles, et elle habitait Vanier. Elle est décédée en devoir.

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••••

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C’est arrivée le 24 juin 1970, jour de la fête de la Saint-Jean-Baptiste.

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Tôt ce matin-là, une bombe explosait au quartier général de la Défense nationale à Ottawa. Six jours plus tard, le FLQ revendiquait cet attentat.

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Voici ce qu’on pouvait lire dans l’édition d’après-midi du Droit du 24 juin 1970 (oui, Le Droit publiait à l’époque deux éditions quotidiennes… en papier):

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«M^me Jeanne d’Arc Saint-Germain était assise à son bureau au centre des communications du ministère de la Défense, sur la rue Lisgar. Elle attendait de terminer son service à 7h30, ce matin. Mme Saint-Germain n’a toutefois pas eu l’occasion de terminer son service. À 6h26, elle a été tuée sur le coup par l’explosion d’une puissante bombe qui avait été déposée à l’angle sud-est de l’édifice temporaire.

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«Les secouristes ont trouvé le corps sans vie de la veuve de 51 ans près de son bureau. Des éclats de verre lui avaient tranché la veine jugulaire. M^me Saint-Germain, demeurant au 321, rue Shakespeare, à Vanier, était préposée aux communications au ministère de la Défense depuis environ 15 ans.»

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Alors voilà. C’est à peu près tout ce que l’on sait de cette Vaniéroise dont l’histoire semble être tombée dans l’oubli. Deux autres textes trouvés sur la toile soulignent que Jeanne d’Arc Saint-Germain était mère monoparentale de deux jeunes filles.

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Mais quel âge avaient ces «jeunes filles»? Étaient-elles dans leur adolescence avancée? Dans la jeune vingtaine? Si oui, elles seraient aujourd’hui septuagénaires.

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Qu’est-il advenu d’elles après la mort de leur mère? Où se sont-elles retrouvées? Chez des parents ou des proches? Étaient-elles jeunes mariées? Et où Jeanne d’Arc Saint-Germain a-t-elle été inhumée? Avait-elle des frères? Des soeurs? Des amis vaniérois?

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Toutes ces questions et tant d’autres demeurent sans réponse. Et chaque fois que je prends une marche dans Vanier et que je passe devant le 321 Shakespeare - un petit immeuble de trois logis - son nom me revient. Jeanne d’Arc Saint-Germain habitait autrefois l’un de ces trois logements. Veuve et mère monoparentale qui devait travailler la nuit pour voir aux besoins de ses deux enfants. Tuée dans un attentat terroriste.

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Presque une héroïne.

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L’avis de recherche est donc lancé: si vous en savez un peu plus sur Jeanne d’Arc Saint-Germain, écrivez-moi par courriel (dgratton@ledroit.com) ou en privé sur Facebook.

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J’aimerais bien raconter l’histoire de cette dame. Elle a été trop vite oubliée.

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••••

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En passant, si vous vous demandez pourquoi le FLQ avait posé une bombe à Ottawa ce matin-là, voici ce que Le Droit rapportait dans son édition du 30 juin 1970, quelques mois avant la Crise d’octobre:

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Dans un communiqué qu’il a fait parvenir aux journaux, le FLQ assume l’entière responsabilité (de cet attentat), et a voulu ainsi manifester son entier appui aux 435 camionneurs postaux de Lapalme qui ont été congédiés à cause de l’attitude antisyndicale du gouvernement fédéral.

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«Ça dure depuis le 1er avril, poursuit le communiqué du FLQ. Ça traîne trop. Le temps du mépris a assez duré. Le FLQ continuera d’appuyer ces 435 travailleurs tant et aussi longtemps que l’inconscient millionnaire Trudeau (l’ancien premier ministre Pierre Elliott Trudeau) et son gouvernement de financiers n’auront pas rendu justice à ces travailleurs québécois».

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