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« Je voyais que personne n’essayait vraiment d’acquérir cet immeuble-là et de faire de quoi avec. Alors c’est sûr que moi, je me suis donné comme mission que tous ces types d’immeubles là, je vais les acquérir et je vais soit les rebâtir, soit leur redonner une deuxième vie, mais pas les laisser comme ça », explique le président de Fierbrooke, Nikolaï Ray.

Cette nouvelle acquisition vient s’ajouter au portefeuille d’immeubles acquis par la société au courant des deux dernières années, principalement au centre-ville de Sherbrooke.

« Fierbrooke, on a comme objectif de revitaliser le centre-ville et de ramener une certaine fierté au centre-ville [et] ça commence par : il ne faut plus qu’il y ait d’immeubles délabrés, il ne faut pas qu’il y ait d’immeubles qui sont délaissés, qui sont abandonnés », renchérit-il.

C’est une négociation de plus d’un an qui aura mené à l’achat de l’édifice par la société immobilière.

L’édifice appartenait auparavant à Sotirios Papadimitriou, également propriétaire du 2, rue Wellington Nord, à Sherbrooke. Le manque d’entretien du bâtiment avait d’ailleurs suscité de nombreux constats d’infractions du côté de la Ville de Sherbrooke en raison de travaux qui n’avaient pas été effectués.

La Ville demandait notamment de remplacer le revêtement extérieur dans la partie avant du bâtiment ainsi que le revêtement de toiture sur la partie avant de l’édifice.

Renouveau

Nikolaï Ray souhaite à présent refaire la façade de l’immeuble ainsi que « faire un petit peu de ménage là-dedans ».

« Je pense que la moitié de l’immeuble est vide, la moitié de l’immeuble n’est pas habitable. Donc, on veut le rendre habitable, mais on ne fera pas une rénovation majeure », explique-t-il.

Il souhaite ainsi garder les logements « relativement abordables ».

« L’idée c’est d’avoir des 4 et demi qui sont quelque part entre 750 $ et 875 $. J’espère être capable de faire ça, ça va être un travail de contrôle des coûts, exprime-t-il. Il n’y a aucun projet de rénovation d’immeuble que le budget final est proche du budget initial qu’on espérait parce que ce sont des immeubles tellement délabrés, tellement délaissés, des 20, 30, 40 ans pendant lesquels les propriétaires ont mis zéro dollar dans l’entretien de ces immeubles-là. Il y a toujours une surprise ! »

La conception est en cours et les travaux devraient débuter au printemps dès que des travailleurs de l’entreprise auront terminé d’autres chantiers et qu’ils seront alors disponibles.

« On n’attendra pas d’avoir des amendes comme le propriétaire d’avant, ça, c’est clair ! » lance-t-il.

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Les trois partenaires d’affaires de cette entreprise possèdent déjà deux immeubles de la rue Alexandre et sont en voie d’en acquérir un troisième. Ils sont déjà propriétaires de bâtiments sur la rue Ball, Short et Laurier.

« Depuis septembre 2019, nous avons acquis 35 propriétés dans la région, à un rythme de quatre ou cinq par mois. Nous passons chez le notaire pour trois autres lundi et nous comptons en ajouter trois autres d’ici la fin du mois », affirme Nikolaï Ray, président de la Société immobilière Fierbrooke.

« Je suis tombé amoureux de Sherbrooke, si bien qu’en août dernier, ma famille et moi avons quitté Québec pour devenir des Estriens. Je vois du beau où les autres n’en voient pas, comme au centre-ville de Sherbrooke. J’ai décidé de faire quelque chose avec mes capitaux privés et de me donner une mission sociale. »

Des 35 propriétés en question, une se trouve à East Angus et deux dans l’arrondissement de Fleurimont.

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Annonce rue Alexandre

Sur la rue Alexandre, le premier projet est déjà annoncé sur les murs du bâtiment au 161. Une demande de permis a été déposée en janvier pour l’agrandissement de l’immeuble, auquel un étage sera ajouté, ce qui permettra de construire trois logements additionnels.

Selon les documents municipaux, l’ajout d’un étage rendrait la volumétrie du bâtiment plus conforme à celle des immeubles voisins. Les mêmes documents précisent que l’architecture rehausserait l’aspect visuel, actuellement de piètre qualité. L’enveloppe extérieure serait remplacée par des matériaux de meilleure qualité, soit de la brique et un revêtement métallique.

On comprend que toute la fenestration serait réorganisée pour améliorer la luminosité des logements et l’alignement des ouvertures.

Nikolaï Ray indique que l’immeuble était vacant depuis un an. Il compte y investir 1,6 M$. « On ne fait rien de léger. Tous nos projets sont des revitalisations assez lourdes. Nous voulons apporter plus de valeur dans l’environnement où nous investissons. On achète les immeubles les plus maganés, les cancres du secteur, on met nos couilles sur la table et on essaie de faire du bien au secteur. C’est rare qu’on investit moins de 100 000 $ par logement. » Sur sa page Facebook, il écrit que l’immeuble était abandonné « même par les trafiquants et les prostituées ».

M. Ray rapporte éprouver, comme plusieurs autres promoteurs, des problèmes d’approvisionnement liés à la COVID, ce qui retarde les travaux qu’il souhaite terminer pour juillet. « Nous voulons une mixité avec un local commercial au rez-de-chaussée et des logements en haut. Ça ne doit pas être que du haut de gamme. J’ai grandi à Los Angeles et j’ai été sans abri deux fois. Si je fais des immeubles, ce n’est pas pour de l’embourgeoisement. Je veux des commerces de proximité vivants et je suis prêt à subventionner les loyers pour un an ou deux ans pour éviter le va-et-vient. »

L’affiche posée sur son édifice mentionne pourtant « logements haut de gamme à louer ». « Quand j’ai vu ça, je n’étais pas content. C’est une consultante externe qui a décidé d’écrire ça, mais c’est très loin de ce qu’on fait. Il faut que ce soit rentable, mais ça peut être rentable sans aller dans le haut de gamme. On peut utiliser un programme de la SCHL pour subventionner des logements abordables. »

Les appartements loués par Fierbrooke incluent l’internet sans fil, la climatisation et les électroménagers. Ceux vacants affichés sur le site de P.P.A. Immobilier sont offerts entre 900 et 1100 $.

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Projets à long terme

Dans le voisinage, le 173 rue Alexandre appartient déjà à M. Ray et ses partenaires, alors que la transaction pour le 203, rue Alexandre devrait être conclue sous peu.

Nikolaï Ray insiste : il ne s’agit pas de rénover des bâtiments pour les revendre. « Nous avons l’intention de les garder pour 30-40 ans. »

Le promoteur estime pouvoir lancer quatre projets tous les trois ou quatre mois. L’effervescence créée par le projet Well Sud n’aura pas été étranger aux investissements projetés. « J’ai choisi Sherbrooke après une étude démographique et socioéconomique. La croissance de la population y est importante. C’est le deuxième pôle pour l’immigration au Québec. Les loyers y sont anormalement bas parce que les propriétaires ont mal entretenu leur propriété. Ça crée une anomalie. Le centre-ville lui-même est une anomalie en urbanisme. On devrait y trouver une mixité alors qu’on n’y trouve presque uniquement une population plus pauvre. »

La Société immobilière Fierbrooke a-t-elle un objectif en termes d’acquisitions? « Nous n’avons pas d’objectif précis. On lance parfois des chiffres dans les airs, mais tant qu’on aura du capital, on aura du fun à faire des projets. »

Sur sa page Facebook, M. Ray indique appliquer « une stratégie de monopolie », qu’il en a « pour 5-7 ans à Sherb[rooke] » et avance avoir déjà identifié deux nouveaux marchés.

« Il y a encore du monde qui me dit que je suis un peu fou de faire ça, mais nous voulons ramener une certaine fierté pour le centre-ville. »

Nikolaï Ray dit ne pas chercher l’attention médiatique. Les citoyens pourraient toutefois le rencontrer plus tôt que tard alors qu’il affirme vouloir s’impliquer au sein de la communauté.

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