Plus de la moitié des 1,2 M$ promis par Québec pour supporter la relance post-covid à Sherbrooke devrait en effet aller à l’acquisition de cette église par la Ville, une transaction qui avoisinerait les 650 000 $. Ce premier pas servirait à amorcer une démarche visant à déployer un nouveau pôle culturel à l’entrée nord du centre-ville.
Ce hub créatif, ou pôle de création, baptisé La Flèche-Trinity est porté notamment par l’organisme Sporobole et le Conseil de la culture de l’Estrie.
La réalisation du projet se traduit concrètement par la conversion de l’église en une cinémathèque, puis la construction d’un nouveau bâtiment adjacent de 45 000 pieds carrés, a présenté Éric Desmarais, directeur général et artistique de Sporobole. Les espaces de création comprendront plusieurs ateliers, laboratoires, studios, salles de toutes sortes, et résidences d’artistes, notamment, l’objectif étant de favoriser le travail collaboratif.
Plusieurs locaux seront par ailleurs ouverts à la communauté, a aussi ajouté M. Desmarais.
Du côté du Conseil de la culture de l’Estrie, sa présidente Sylvie Luce Bergeron a parlé du projet comme une « opportunité sans précédent pour le milieu culturel », qui pourra se regrouper dans ce nouvel espace. En plus de Sporobole et du Conseil de la culture, la Petite Boîte Noire, la radio communautaire CFLX, le Pôle culturel de l’Estrie, la Maison des arts et de la parole, 0/1 Hub numérique et Fabrication numérique Estrie pourraient se retrouver dans les mêmes installations.
Le projet vise ainsi à « répondre aux défis posés au milieu culturel » à la fois en raison des impacts majeurs amenés par la pandémie, mais aussi des enjeux qui existaient déjà bien avant, a décrit Mme Bergeron.
Un « joyau patrimonial »
La conversion du bâtiment permettrait par ailleurs de préserver la plus vieille église de Sherbrooke, érigée en 1855 et classée immeuble patrimonial. À terme, il s’agit d’un projet totalisant 17 M$, a précisé M. Desmarais, qui a identifié une contribution de 3 M$ provenant de promoteurs privés.
Selon le financement présenté dans les documents fournis, la Ville de Sherbrooke aurait une contribution totale de 2,75 M$ sur l’ensemble du projet, le ministère de la Culture et des Communications du Québec 6 M$ et Patrimoine Canada 4 M$, entre autres. L’acquisition de l’église par la Ville donnerait « l’appui essentiel » pour obtenir du support des paliers provinciaux et fédéraux, a aussi précisé M. Desmarais.
Il a toutefois indiqué que le projet ira de l’avant « même si la Ville n’embarque pas », mais que cette éventualité serait « dommage », en réponse à une question de la conseillère Hélène Dauphinais. Cette dernière s’inquiétait que la Ville ait à investir de nouvelles sommes une fois cette première étape franchie. Elle a aussi remis en question la « valeur ajoutée » de procéder essentiellement à des « déplacements » d’organismes.
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Définir son ADN?
Le conseiller Paul Gingues a de son côté insisté sur un autre des projets soumis dans ce plan de relance, soit celui de développer une identité et une marque distinctive au centre-ville. « Je suis un peu déçu du fait qu’on ait décidé d’investir de l’argent dans un plan marketing », a-t-il affirmé, affichant sa préférence pour un appui plus concret et immédiat envers les entreprises.
Sa collègue Hélène Dauphinais l’a aussi appuyé sur ce point. Faisant référence au nom de la démarche, M. Gingues a aussi plaidé que « l’ADN du centre-ville » est présentement en train de changer et qu’il pourrait être judicieux d’attendre avant d’amorcer une réflexion pour la définir.
Des intervenants comme Phillipe Cadieux, directeur du bureau de coordination du développement économique de la Ville, et Charles-Olivier Mercier, directeur général d’Entreprendre Sherbrooke, tous deux présents en comité plénier public, ont défendu la pertinence de cette démarche et ont expliqué que d’autres programmes d’urgence peuvent jouer le rôle d’apporter une aide directe aux entreprises.
Jusqu’à 8 M$ ont même été reçus du gouvernement pour répondre à la demande, qui ne tarit pas en cette cinquième vague puisque 113 demandes de la part d’entreprises ont été reçues depuis le début de l’année, a informé M. Cadieux.
Un Espace TI central
La liste des projets de relance soumis pour approbation au ministère de l’Économie et de l’Innovation comprend également le déménagement de l’Espace TI, un lieu de coworking orienté vers les technologies de l’information présentement installé sur la rue Roy. « C’est un non-sens qu’il soit à l’extérieur du centre-ville », a indiqué Philippe Cadieux, qui espère attirer six à dix nouvelles entreprises dans le secteur. L’opération est évaluée à 250 000 $.
Enfin, un dernier montant de 100 000 $ est réservé pour un « projet collectif de rayonnement du centre-ville ». L’ensemble des quatre projets présentés forme le total de 1,2 M$ prévu par Québec, qui doit encore approuver les projets.
Le comité consultatif mis en place pour arriver à ce plan de match incluait une douzaine de représentants de la Ville, du gouvernement du Québec, d’organismes affiliés comme Entreprendre Sherbrooke, Destination Sherbrooke et Sherbrooke Innopole et d’organismes partenaires comme l’Association des gens d’affaires du centre-ville de Sherbrooke et la Chambre de commerce et industrie de Sherbrooke.