Ces paroles ont été prononcées dans le cadre de la cérémonie estrienne de commémoration du cinquième anniversaire de l’attentat de la grande mosquée de Québec. L’inclusion, la tolérance et l’unité ont été des thèmes qui ont été abondamment abordés lors de cet événement.
Une minute de silence, où il était possible de ressentir l’émotion à travers les écrans, a été observée en début de cérémonie. L’imam Hassan Guillet se dit toujours ébranlé par cet attentat terroriste cinq ans plus tard. « Toutes nos pensées et prières sont avec les familles, les blessés et les survivants de Québec. C’est une tragédie sans précédent. Ça fait déjà cinq ans que c’est arrivé. Je n’arrive pas à croire ce qui s’est passé. Le Québec, la Ville de Québec, le Canada, pour nous, qui sommes nés ailleurs, cette place était une oasis de paix. Entendre que quelque chose d’aussi terrible est arrivé à Québec, on n’arrive pas à le croire », mentionne-t-il.
Pour une deuxième année consécutive, la cérémonie de commémoration s’est déroulée de manière virtuelle samedi. La commémoration a été organisée notamment par le Collectif pour un Québec inclusif. Une quinzaine d’organismes musulmanes et non-musulmanes font partie de ce dernier. « On veut que la société soit soudée et qu’elle travaille dans le même sens. […] Que ce soient les musulmans ou d’autres communautés qui est attaquée ou ciblée, le collectif sera là pour travailler en collaboration avec les autres pour essayer d’avancer », mentionne Abdelilah Hamdache, membre de la communauté musulmane de Sherbrooke et président de l’Institut des mondes arabe et musulman de l’Estrie.
Le 29 janvier 2017, Alexandre Bissonnette a fait irruption dans la salle de prière de la grande mosquée de Québec armé d’une carabine semi-automatique et d’un pistolet. Il a abattu six hommes et blessé plusieurs autres personnes par balles. En moins de deux minutes, 17 enfants ont perdu leur père.
Alexandre Bissonnette avait plaidé coupable à six chefs de meurtre au premier degré et il a été condamné à une peine minimale de 40 ans de prison avant de pouvoir demander une libération conditionnelle. La Cour d’appel du Québec avait toutefois révisé la peine minimale à 25 ans de prison, invalidant la disposition qui permettait les peines consécutives. L’affaire se retrouve maintenant devant la Cour suprême du Canada, qui a accepté en mai dernier de se pencher sur la constitutionnalité des peines consécutives.
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Pour un meilleur vivre ensemble
Lors de la cérémonie de commémoration, de nombreux appels à un meilleur vivre ensemble ont été lancés. « Ces victimes qui sont tombées sous les balles de la haine et de la violence doivent être les dernières.
Malheureusement, il y a eu d’autres victimes. Il y a un bénévole devant une mosquée à Toronto qui a perdu la vie. Il y a quatre membres de la même famille dans un parc à London en Ontario qui ont aussi perdu la vie en laissant leur fil de neuf ans blessés. Les trois tueurs de Québec, London et Toronto ne connaissaient pas leurs victimes. Ils les ont choisies au hasard pour la simple raison qu’elles étaient des musulmans. […] C’est ça la haine », mentionne l’imam Hassan Guillet.
L’ignorance est au cœur de la lutte contre l’islamophobie. « Nous vivons l’un à côté de l’autre, mais nous ne vivons pas ensemble. On ne se connait pas. Souvent, les gens, en raison de cette ignorance, développent une certaine crainte, une certaine peur de leur voisin. C’est cela qui mène aux tragédies. Il faut qu’on travaille ensemble pour se connaitre pour avoir une meilleure connaissance les uns des autres, pour avoir une vie commune et un vivre ensemble réussi. Il faut que les jeunes à l’école apprennent que leurs voisins musulmans ne sont pas une menace ou un ennemi, mais un compatriote », mentionne l’imam Hassan Guillet en ajoutant que la lutte contre ce type de discrimination profitera à l’ensemble de la société.
« Aujourd’hui, c’est un message de mémoire, d’espoir et de solidarité afin de se souvenir ce qui s’est passé. Il faut qu’on travaille ensemble pour avoir une société juste et inclusive », souligne le directeur général d’Actions interculturelles, Mohamed Soulami.
De nombreux membres de la communauté musulmane de Sherbrooke ont pris la parole lors de la cérémonie.
« La tragédie du 29 janvier 2017 ne peut pas être oubliée facilement. Elle reste un traumatisme permanent pour la communauté musulmane, moi, particulièrement, mentionne Ilham Acherqui, une membre de la communauté musulmane de Sherbrooke. La tuerie de Québec est restée une blessure profonde. Nous n’avons pas réglé le problème de l’islamophobie », mentionne-t-elle en demandant de revoir l’instauration de la loi 21.
« Comment continuer de lutter contre l’islamophobie en maintenant une loi pareille ? », se questionne-t-elle.
Une soixantaine de personnes ont assisté à la cérémonie. Monseigneur Luc Cyr de l’archidiocèse de Sherbrooke et Samuel Sansokho de l’Église Unie du Canada étaient présents.
Plusieurs élus issus de différents paliers gouvernementaux ont participé virtuellement à la cérémonie.