Deux enseignants de l’UdeS impliqués dans le premier calcul de l’Indice de bien-être au Québec

Deux enseignants de l’Université de Sherbrooke ont pris part au calcul du premier Indice de bien-être au Québec, une initiative ayant débuté en mars 2020.

François Delorme et Annie Chaloux sont deux académiques à l’Université de Sherbrooke (UdeS) et font partie du G15+ qui a pour but de mettre sur pied le premier calcul de l’Indice de bien-être au Québec (IBEQ). Cette initiative a été mise sur pied pour donner suite à l’appel du gouvernement Legault en ce qui concerne la relance du Québec après la pandémie.


Le produit intérieur brut (PIB) et la création d’emplois ne suffisent plus pour évaluer le bien-être des Québécois. C’est pourquoi les membres et les partenaires du collectif G15+ ont dévoilé mardi les indicateurs du bien-être au Québec.

Le G15+ regroupe 15 leaders économiques, syndicaux, sociaux et environnementaux. Le groupe a d’ailleurs émis plusieurs propositions sociales, économiques et environnementales à l’intention du premier ministre François Legault dans le but de réfléchir dès maintenant à la manière dont le Québec pourra se sortir plus fort de la crise sanitaire. 

François Delorme enseigne à l’Université de Sherbrooke au département d’économie de l’École de gestion. En collaborant avec l’Institut du Québec, il a contribué à faire l’exercice méthodologique, soit effectuer les calculs et les estimations en lien avec l’IBEQ. 

La première phase de ce calcul a pris fin récemment. Celle-ci avait pour objectif de comptabiliser 51 indicateurs économiques, sociaux et environnementaux permettant de mesurer le niveau de bien-être au Québec. 

« Puisque les premiers résultats couvrent la période de 2015 à 2019, les effets structurels et conjoncturels de la COVID-19 devront être mesurés dans les années à venir pour documenter l’impact de la pandémie sur l’évolution des tendances », précise pour sa part Annie Chaloux, professeure en politique appliquée à l’Université de Sherbrooke.

Annie Chaloux est professeure en politique appliquée à l’Université de Sherbrooke. Elle est membre du G15+.

Le PIB n’est pas un bon indicateur

Un argument important de cette initiative est que les indicateurs actuels ne représentent plus réellement le bien-être d’un pays ou d’une nation. Le PIB, par exemple, est celui qui est le plus souvent critiqué à ce sujet, celui si se fiant seulement sur ce qui est monétisé.  

« Si vous construisez une prison, vous payez pour faire construire les infrastructures et vous faites travailler des gardiens de prison. Ça fait augmenter le PIB. Mais si vous avez besoin de plusieurs prisons, ça veut dire qu’il y a beaucoup de personnes méchantes qui se promènent dans une nation. La prison va faire augmenter le PIB, mais la criminalité qui fait augmenter le besoin de prisons, ça a pour effet que vous avez peur quand vous vous promenez dans la rue, ce qui affecte votre qualité de vie », argumente M. Delorme.

François Delorme est professeur en économie à l’École de gestion de l’Université de Sherbrooke. Il fait partie du G15+.

Calculer l’Indice de bien-être

L’Indice de bien-être ne doit pas être confondu avec le Bonheur national brut, un indicateur trouvant son origine au Bhoutan. Selon M. Delorme, cet indicateur fait partie de ceux qui aident à calculer le bien-être d’une population. 

Pour calculer l’IBEQ, les données utilisées doivent être officielles. C’est pourquoi M. Delorme assure que celles-ci proviennent d’agence de statistiques officielles, comme Statistique Canada. L’indice devant être calculé chaque année, ou tous les deux ans, il fallait que les statistiques soient disponibles sur ces mêmes périodes. D’autre part, le professeur rappelle que les sondages ne sont pas utilisés dans ce calcul à cause de leur côté trop subjectif. C’est ce critère de disponibilité annuel ou bisannuel qui a permis de sélectionner les 51 indicateurs de bien-être.

« On a décidé de construire notre propre indicateur. On aurait pu choisir un bonheur national brut ou l’ IDH. À la place, on a pris les 51 qui sont les plus pertinents pour le Québec et ça, c’est important parce que, par exemple, l’économie sociale et solidaire est extrêmement importante. C’est une variable importante pour le Québec, donc il faut en tenir compte », explique François Delorme.

De plus, en plus de ces 51 indicateurs, l’équipe avait identifié 17 autres indicateurs. Ceux-ci n’étant pas encore quantifiables, le groupe a demandé aux agences statistiques de développer ces variables pour obtenir un total de 68 indicateurs spécifiques au Québec pour calculer l’IBEQ.

Un outil pour les politiques à venir

Le professeur en économie voit ce nouvel indice comme un outil utile pour les prochains dirigeants politiques. L’IBEQ sera bénéfique pour les citoyens dans l’optique où les organismes et les gouvernements, lors de prendre une décision, prendront en compte l’influence de celle-ci sur l’ensemble des indicateurs. 

« Par exemple, si on veut lancer une politique qui réduit les taxes, ça augmenterait le PIB, mais ça augmenterait aussi les émissions de GES. Puisqu’on ne veut pas les augmenter, on va trouver une autre façon d’augmenter le PIB, bien sûr, si c’est ce qu’on veut. Alors, ce sont tous ces indicateurs qui nous permettent d’avoir une vision beaucoup plus globale du bien-être de notre population et de prendre des décisions en conséquence », termine M. Delorme.

Les personnes intéressées peuvent consulter les Indicateurs du bien-être au Québec à l’adresse suivante : https://indicateurs.quebec/