Coaticook: l’église Saint-Jean-l’Évangéliste se rapproche de sa nouvelle vocation

Propriétaire de l’ancienne église Saint-Jean-l’Évangéliste depuis le printemps 2021, la Maison de la famille de la MRC de Coaticook souhaite y créer un milieu de vie inclusif, qui favorise la mixité sociale et où toutes les familles pourront s’y sentir chez soi, exprime la directrice générale Corinne Hamelin.

Fermée depuis presque deux ans et acquise par la Maison de la famille de la MRC de Coaticook au printemps dernier, l’église Saint-Jean-l’Évangéliste de la rue Court, au centre-ville de Coaticook, se rapproche peu à peu de sa nouvelle vocation.


La Maison de la famille a en effet commencé à profiter de ces installations pour tenir certaines activités ponctuelles, tout en développant un projet de conversion du lieu de culte qui saura être pérenne et écoresponsable.

À terme, la Maison de la famille prévoit y aménager ses locaux et cohabiter avec d’autres organismes du milieu, afin de générer des revenus de location qui lui permettront de continuer d’offrir ses services à la communauté.

«Notre projet est né d’un désir d’avoir pignon sur rue pour l’organisme et de développer un volet d’économie sociale pour générer des revenus autonomes récurrents», explique la directrice générale de la Maison de la famille, Corinne Hamelin.

«Au départ on ne cherchait pas une église, on cherchait simplement une bâtisse ou un terrain à acquérir pour notre projet, et l’opportunité d’acheter l’église est apparue. C’est juste en face de nos locaux actuels et il y a un fort sentiment d’appartenance pour ce lieu au sein de la communauté.»

À la recherche d’un acheteur qui saurait faire en sorte que l’église, bâtie au tournant des années 50, puisse continuer de desservir la communauté de Coaticook, la paroisse des Saints-Apôtres lui a ainsi cédé le bâtiment pour la somme symbolique d’un dollar.

La Maison de la famille de la MRC de Coaticook est à l’étroit dans son local situé à proximité de l’église Saint-Jean-l’Évangéliste et caresse le projet d’avoir pignon sur rue depuis quelques années déjà.

Action-Climat

Écobâtiment, soulignons-le, avait reçu pas moins de 22 candidatures pour cette première cohorte de Patrimoine religieux pour le climat, qui bénéficie d’un financement du ministère de l’Environnement du Québec via son programme Action-Climat.

«Ce projet constitue une opportunité de loger des services importants dans un immeuble cher à la communauté», apprécie Léa Méthé, directrice générale d’Écobâtiment, un organisme environnemental qui se donne pour mission de soutenir et promouvoir la mise à niveau, la réutilisation et la requalification de bâtiments existants. 

«Dans une perspective d’économie circulaire, donner de nouvelles vocations au patrimoine religieux, c’est poser un geste fort pour le développement durable des collectivités et la lutte aux changements climatiques», ajoute-t-elle.

Projet collectif

La Maison de la famille n’est pas en mesure, à ce moment-ci, de s’avancer sur le nombre d’organismes qui pourraient loger dans l’ancienne église Saint-Jean-l’Évangéliste, ni même d’estimer les coûts de transformation du lieu de culte.

Corinne Hamelin soutient néanmoins que plusieurs organismes ont déjà démontré leur intérêt et qu’une rencontre est à prévoir, avec les partenaires du milieu, «pour définir ensemble l’identité visuelle, la mission et la vocation du bâtiment».

«On attend de voir les rapports de tous les professionnels impliqués, dit-elle, mais jusqu’à maintenant, c’est vraiment génial. On sent que toute la communauté soutient le projet, y croit et souhaite que ça se concrétise.»

La Maison de la famille de la MRC de Coaticook existe depuis 2011 et emploie huit personnes. Elle a pour but de contribuer à l’épanouissement des familles en offrant de l’accompagnement, du soutien et des activités au sein de la communauté, dont un service de halte-garderie. 

Depuis qu’elle est propriétaire de l’ancienne église Saint-Jean-l’Évangéliste, elle y a notamment organisé un parcours pour l’Halloween, des contes de Noël et ouvre ses portes une fois par mois avec un coin friperie et bibliothèque.

«On essaie d’utiliser au maximum les lieux, parce que les gens de la communauté sont curieux de voir ce qui s’y passe, constate Mme Hamelin. On est heureux de les inviter à venir voir quelle forme ça prend et à venir poser leurs questions pour en apprendre davantage sur ce qui s’en vient.»



La diminution des revenus combinée à un manque de relève incite la paroisse Saints-Apôtres à fermer l’église de la rue Court.

« C’est un geste courageux du comité de gestion de cette communauté de se résigner à fermer. L’équipe a pris cette décision afin de ne pas mettre en péril la survie des autres églises de la fabrique Saints-Apôtres », souligne l’animatrice paroissiale, Sonia Turgeon.

La situation financière déjà précaire avant la fermeture imposée par la pandémie de la COVID-19 s’est envenimée au cours des dernières semaines. Au moment de prendre la décision de fermer l’église Saint-Jean-l’Évangéliste, il restait à peine 32 000 $ dans ses coffres.

« Nous avons environ 2500 $ de frais fixes par mois comme l’électricité, le chauffage, les assurances et l’entretien. Ce montant nous laisse environ une année pour réaliser une transition », explique Mme Turgeon.

Au cours des prochaines semaines, des démarches seront entreprises afin de trouver un acquéreur intéressé à reprendre le bâtiment.

« Nous espérons que l’église pourra être utilisée autrement pour desservir la communauté de Coaticook. Personne ne nous a encore approchés, mais nous avons certaines options à qui nous pourrions vendre l’église. Il est cependant trop tôt pour se prononcer », signale Sonia Turgeon.

Cette église construite entre 1949 et 1951 avait été érigée sur les lieux de l’ancien bâtiment qui avait été détruit par un incendie le 16 janvier 1949.

Les églises Saint-Marc dans le nord de Coaticook, Sainte-Suzanne dans le secteur Barford ainsi que celles de Barnston, Dixville et Kingscroft ont fermé leurs portes dans les dernières années dans la MRC de Coaticook.

La paroisse Saints-Apôtres compte maintenant une dernière église en zone urbaine à Coaticook, soit l’église Saint-Edmond, ainsi que Notre-Dame-de-Salette à Baldwin et Saint-Herménégilde.

« Les finances demeurent précaires. Il devenait inévitable de fermer l’église Saint-Jean-l’Évangéliste pour éviter que les dettes soient épongées par les autres églises. Chaque fois que nous avons un paroissien qui décède, c’est une personne de moins qui contribue à la campagne volontaire annuelle. Il n’y avait pas non plus de relève sur les divers comités. La communauté de Saint-Edmond sera bien heureuse d’accueillir les gens de la paroisse Saint-Jean-l’Évangéliste lorsque ce sera possible », assure l’animatrice paroissiale.

Le personnel de l’Archidiocèse de Sherbrooke a accompagné la fabrique dans ce processus. 

Dans une entrevue accordée à La Tribune au début mai, le vicaire général de l’archidiocèse de Sherbrooke, le prêtre Steve Lemay, indiquait que les fabriques des paroisses situées à Sherbrooke avaient vu leurs revenus chuter de plus de 27 pour cent en mars et de près de 53 pour cent en avril.