Q : Le Québec développe des franchises comme Assassin’s Creed ou Tomb Raider qui sont vendues à des millions d’exemplaires partout sur la planète. Dans les dernières années, Eidos Montréal avec Guardians of the Galaxy et Sabotage avec The Messenger ont remporté un Game Award. Pourtant, on n’en parle pas ou presque. Le jeu vidéo est-il un grand oublié au Québec?
« Ça me frustre tellement de voir un artiste québécois vendre 20 000 albums et se retrouver à Tout le monde en parle alors qu’on a des studios qui vendent des millions de copies et personne ne le sait. Et ce qui est déplorable c’est qu’ailleurs dans le monde tout le monde reconnaît le Québec comme la Mecque du jeu vidéo. »
« Le Québec reste une toute petite partie de nos ventes, 95 % de l’argent vient d’ailleurs. Ça ne nous pousse pas beaucoup pour faire des efforts de relations publiques pour que les gens réalisent qu’un jeu vient d’ici. Les médias doivent s’y intéresser plus aussi, le jeu vidéo aujourd’hui est un produit culturel avec la programmation, l’écriture, la musique, etc. »
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Q : Déjà aux prises avec une pénurie de main-d’œuvre, Montréal verra plusieurs nouveaux studios s’établir sur son territoire dans les prochaines années. Est-ce que le Québec pourrait perdre de son attractivité si la pénurie perdure trop longtemps ou s’intensifie?
« On est en pleine croissance depuis toujours. On a non seulement des avantages fiscaux comme on peut voir dans plusieurs autres pays aujourd’hui, mais on est dans un endroit où des gens ont 25 ans d’expérience. Ça, c’est vraiment unique et ce n’est pas partout sur la planète qu’on peut trouver ça. En plus, on a énormément de cégeps et d’universités qui enseignent le jeu vidéo. C’est pour ça que les gros studios viennent ici. »
« On va faire des recommandations au gouvernement pour donner un coup de pouce à l’industrie et que la situation se stabilise. On est victime de notre succès, mais on va régler la situation. Si on est capable d’avoir des mesures pour la formation et un coup de pouce pour l’immigration spécifiquement pour le jeu vidéo, on va s’en tirer assez bien. »
Q : L’industrie a vu sa réputation être mise à mal en 2021 avec des histoires de harcèlement et de climat toxique notamment chez Activision Blizzard aux États-Unis. Est-ce que ces histoires d’horreur pourraient affecter l’industrie au Québec?
« Ça parle au manque d’aptitudes managériales. On est une jeune industrie avec des gens qui sont dans des postes de direction qui ont été édifiés à l’interne dans un parcours qui peut-être n’est pas approprié. On a une job à faire pour avoir une bonne culture. Je pense qu’on va voir de moins en moins d’histoire du genre parce que ça fait mal au portefeuille. On a tout à gagner à devenir plus intelligent de ce côté-là. »
« On a fait une charte d’engagement, on donne des formations, on a des groupes de discussions et une ligne d’écoute de dénonciation en matière de harcèlement. On est en train de travailler sur une sphère de soutien communautaire aux talents marginalisés et on va bientôt commencer à donner des prix pour les entreprises inclusives. On veut tout faire pour que nos studios soient bien équipés. Ça passe par ça et aussi un gros bon sens. »
Note aux lecteurs : Il s’agit de la dernière chronique jeux vidéo pour un petit bout puisque je pars en congé de parentalité pour les quatre prochains mois. Ne vous inquiétez pas, la chronique reviendra en force dès mon retour en mai. D’ici là, game on!