Une experte en santé mentale déplore la gestion de Québec

Il n’y a rien de pire textuellement, du point de vue de la santé mentale, que de sonner l’alarme et de ne pas bien équiper la population pour y répondre, selon la Dre Kim Lavoie.

La titulaire de la chaire de recherche du Canada en médecine comportementale, la Dre Kim Lavoie, croit que le Québec « mérite mieux » que le traitement que lui a réservé son gouvernement dans les dernières semaines. Non seulement a-t-il agi trop tard, « comme d’habitude », selon-elle, mais aussi a-t-il réuni les ingrédients d’une recette parfaite pour dégrader la santé mentale de tous : créer la panique, puis l’impuissance.


« C’est ce qui est une grande source de frustration pour moi et, je pense, pour la plupart des Québécois. Il n’y a rien de pire textuellement, du point de vue de la santé mentale, que de sonner l’alarme et de ne pas bien équiper la population pour y répondre », note la psychologue de formation qui siège au comité aviseur national du Canada pour la COVID-19.

En tant que l’une des principales instigatrices de l’étude iCare, qui observe l’adhésion et les connaissances du public en contexte pandémique, la Dre Lavoie estime que la population canadienne et québécoise a « toujours fait sa part », pour lutter contre le virus et appliquer les mesures. 

La Dre Kim Lavoie est titulaire de la chaire de recherche du Canada en médecine comportementale. Elle siège également sur le comité aviseur nationale pour la COVID-19.

Pas totalement impuissants

Si elle déplore la disparition de plusieurs outils pour prendre la situation en mains, la Dre Lavoie tient à souligner que les Québécois peuvent toujours avoir un impact sur la propagation du virus. « Contrôlez ce que vous pouvez » est même l’un des conseils qu’elle met de l’avant pour soigner sa santé mentale. 

« L’enjeu, en ce moment, c’est de ne rien faire qui pourrait nécessiter des soins hospitaliers, point. Ça inclut de se casser une jambe, d’avoir une commotion cérébrale, de se couper suffisamment pour avoir besoin de points ou d’attraper la Covid », martèle-t-elle. 

Évidemment, tous seront éventuellement exposés au virus, dit-elle, mais vu l’état du système de santé, « c’est une question de délai ».

« Si vous êtes un des malchanceux qui va développer un version sévère, vous ne voulez pas avoir besoin de services à l’hôpital. On doit tout faire pour se protéger, comme réduire nos contacts aux essentiels et porter les masques. Si on n’a pas accès aux masques N95, on peut porter deux masques chirurgicaux pour bien se protéger en allant faire ses courses. »