« C’est ce qui est une grande source de frustration pour moi et, je pense, pour la plupart des Québécois. Il n’y a rien de pire textuellement, du point de vue de la santé mentale, que de sonner l’alarme et de ne pas bien équiper la population pour y répondre », note la psychologue de formation qui siège au comité aviseur national du Canada pour la COVID-19.
En tant que l’une des principales instigatrices de l’étude iCare, qui observe l’adhésion et les connaissances du public en contexte pandémique, la Dre Lavoie estime que la population canadienne et québécoise a « toujours fait sa part », pour lutter contre le virus et appliquer les mesures.
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Pas totalement impuissants
Si elle déplore la disparition de plusieurs outils pour prendre la situation en mains, la Dre Lavoie tient à souligner que les Québécois peuvent toujours avoir un impact sur la propagation du virus. « Contrôlez ce que vous pouvez » est même l’un des conseils qu’elle met de l’avant pour soigner sa santé mentale.
« L’enjeu, en ce moment, c’est de ne rien faire qui pourrait nécessiter des soins hospitaliers, point. Ça inclut de se casser une jambe, d’avoir une commotion cérébrale, de se couper suffisamment pour avoir besoin de points ou d’attraper la Covid », martèle-t-elle.
Évidemment, tous seront éventuellement exposés au virus, dit-elle, mais vu l’état du système de santé, « c’est une question de délai ».
« Si vous êtes un des malchanceux qui va développer un version sévère, vous ne voulez pas avoir besoin de services à l’hôpital. On doit tout faire pour se protéger, comme réduire nos contacts aux essentiels et porter les masques. Si on n’a pas accès aux masques N95, on peut porter deux masques chirurgicaux pour bien se protéger en allant faire ses courses. »
Psychologue de formation et titulaire de la chaire de recherche du Canada en médecine comportementale, la chercheuse se spécialise dans le stress. « On est en train de vivre les conséquences d’un stress chronique, qui sont les plus difficiles à tolérer à long terme, analyse-t-elle. C’est un peu le même phénomène que de vivre dans un camp de réfugiés pendant deux ans. Ce n’est pas pareil, mais pour notre société, c’est pareil. »
« Mais je ne veux pas que les gens pensent que ça va durer pour une éternité. La bonne nouvelle par rapport aux émotions, c’est qu’elles sont toujours en train de changer. »
Le bonheur tout près
Peut-on modifier comment on se sent en cette période difficile? Absolument, répond la Dre Lavoie, des astuces déjà toutes prêtes.
« Premièrement, il faut faire attention à son exposition : aux personnes négatives et fatalistes, aux médias sociaux où tout le monde est en colère. Plus on s’expose à ça, plus on va absorber ces sentiments-là pour qu’ils nous habitent ensuite. »
« L’autre chose, c’est de contrôler tout ce qu’on peut. Maintenez votre routine. Même si vous avez l’habitude d’aller au gym, l’exercice physique, ça se trouve partout. Trouvez un escalier! » plaide-t-elle, nommant également la contribution de chacun aux mesures sanitaires comme un élément de contrôle.
Ensuite, la Dre Lavoie suggère de prendre le temps de faire des choses qui apportent du plaisir. Lire, écouter des films ou parler en vidéoconférence avec ses proches sont des exemples qu’elle cite.
Finalement : « Vivez un jour à la fois. Et soyez gentil avec vous-même et les autres. On est tous dans le même bateau. Personne ne s’en sort mieux ou pire. Encore une fois, c’est temporaire. Plus les gens pensent que ça ne va jamais finir, plus ce sera difficile. Mais ça va finir. Comment on le sait? Parce que ça a toujours fini. Toutes les pandémies ont pris leur fin. »