Revue culturelle 2021 : Des arts sur les scènes

Louis-Jean Cormier

Après le désastre en 2020, les salles de spectacles ont rouvert pour la peine en 2021. Et malgré les masques, malgré le nombre limité de places, malgré les deux mètres de distance, malgré le bar fermé, malgré l’impossibilité de se lever pour danser, il y a eu des moments forts. Assez pour que notre chef des pages culturelles déniche quelques soirées inoubliables. Voici les meilleures selon lui.


  • Louis-Jean Cormier
  • 8 avril
  • Théâtre Granada

La tournée de l’album Quand la nuit tombe de Louis-Jean Cormier aurait dû prendre son envol au printemps de 2020. Mais lorsque le chanteur est monté sur la scène du Granada un an plus tard, la salle a eu l’impression que le spectacle roulait depuis des mois, tant le travail était de haute qualité. Réarrangeant pour la guitare son opus presque entièrement écrit au piano, sieur Cormier a pu lâcher son fou malgré les contraintes. Et l’auditoire a fait savoir son appréciation. « On dirait que vous êtes 10 000! » a-t-il lancé devant la puissance de la clameur.

Vincent Vallières

  • Vincent Vallières
  • 16 avril
  • Théâtre Granada

L’album Toute beauté n’est pas perdue venait tout juste de paraître, mais Vincent était prêt à prendre la route seul comme un grand garçon, telle une façon de nous dire de tenir bon avec son répertoire fait pour les traversées du désert, inspiré de gens simples, de guerriers silencieux, d’épaules serrées dans les épreuves. Puisant davantage dans ses anciennes chansons que les nouvelles, le Sherbrookois, armé de trois guitares, de son harmonica et d’un piano qu’il maîtrise de mieux en mieux, nous a chanté l’importance de retrouver un cœur d’enfant, l’insouciance de l’adolescent, de foncer avec la même foi, sans oublier les raisons qui font avancer. On espère tout de même que 2022 nous le ramènera en full band.



Beyries

  • Beyries
  • 15 mai
  • Théâtre Granada

Beyries est arrivée sur scène comme une grande amie qu’on n’avait pas vue depuis longtemps. Sa façon d’installer une telle proximité, aussi rapidement, n’est pas donnée à tous les artistes. Accompagnée d’une équipe de musiciens de feu, la chanteuse a pu restituer l’ampleur de son opus 2, Encounter (paru en novembre 2020), surtout vocalement, pour recréer les puissants chœurs du disque. Mission accomplie : tous les frissons étaient au rendez-vous.

Catherine Major

  • Catherine Major
  • 28 mai
  • Vieux Clocher de Magog

On peut parler d’une soirée de bravoure, belle d’imperfection. Catherine Major s’en est beaucoup demandée en montant ce concert seule au piano, adaptant le mieux possible les chansons de son foisonnant album Carte mère (2020). Mais elle s’est totalement donnée, dans une authentique convivialité, mimant un tango tout en jouant La bouteille, plaquant les accords de Black Jack, livrant Je pensais pas de Daniel Lavoie d’une seule main. Un spectacle sans ménagement et extrêmement touchant.

Amélie Dallaire dans <em>Une fille en or </em>du Théâtre du Double Signe.

  • Une fille en or
  • 17 novembre 
  • Théâtre Léonard-Saint-Laurent

De la plus récente création du Théâtre du Double Signe, on retiendra d’abord l’incroyable souffle d’Amélie Dallaire, qui tient pratiquement la pièce à bout de bras en interprétant presque sans pause les quatre personnages féminins. Puis l’imaginaire de l’auteur Sébastien David, juste assez éclaté pour ne pas trop se perdre. Ajoutez la transposition très contemporaine du mythe du roi Midas, les bribes de réflexions philosophiques à la manière d’une fable et le grain de folie initial, toujours perceptible dans le résultat final. 

Chloé Lacasse, Ivan Boivin-Flamand et Marcie du collectif Nikamu Mamuitun.

  • Nikamu Mamuitun
  • 26 novembre
  • Théâtre Granada

Il aurait pu y avoir pas mal plus de monde à ce spectacle réunissant huit jeunes artistes autochtones et allochtones. Mais comme ils sont des professionnels, ils ont empli le Granada de leur énergie, de leur talent, de leurs textes en innu, atikamekw et français. Non seulement nous ont-ils divertis, égayés, touchés et rassemblés, mais ils nous montrent aussi le chemin vers la réconciliation, chemin qu’ils ont déjà emprunté, choisissant la plus belle voie qui soit, celle de la musique.