Fonctionnant uniquement avec l’énergie des vagues à l’aide d’un principe de bouées et de pompes, une unité d’Oneka produit de l’eau potable à partir d’eau de mer. Il n’y a qu’à la poser sur l’eau et à la brancher sur un tuyau d’acheminement pour récolter l’eau qu’elle a pressurisée puis purifiée par osmose inverse. En Floride, Oneka déploiera ce type de système pour fournir de l’eau à une communauté insulaire.
« Ils ne peuvent pas faire de puits, car l’eau est salée à seulement quelques pieds, explique Dragan Tutic, PDG et cofondateur d’Oneka. On va installer des bouées en mer qui vont fournir de l’eau en continu. Ils vont acheter jusqu’à 300 000 litres par jour au lieu d’utiliser l’eau de nappe phréatique du continent. On va remplir leurs étangs et ils vont prendre l’eau directement là. »
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La « Snowflake » est quant à elle spécialisée dans les urgences après les catastrophes.
« Elle est gonflable et se transporte sur une palette de transport, lance le PDG. On envoie la palette après un ouragan ou un tremblement de terre qui a endommagé les infrastructures d’eau potable. La bouée va faire entre 500 et 1500 litres d’eau potable par jour et elle s’installe près de la plage. Ce n’est pas un truc permanent, mais ça fournit de l’eau pendant qu’on répare l’infrastructure. »
Oneka, avec la « Snowflake », est d’ailleurs l’une des cinq finalistes pour le grand prix du Waves to Water Prize aux États-Unis. Les finales auront lieu en avril et il y a plusieurs millions de dollars en prix.
Ces projets sont tous développés et assemblés sur la rue Roy à Sherbrooke.
Immigration
Ayant une réserve d’eau potable presque inépuisable, le Québec ne développe pas beaucoup d’experts en dessalement d’eau de mer. Oneka doit donc plus souvent qu’à son tour se tourner vers l’immigration pour pourvoir des postes clés, mais le processus est ardu.
« On a engagé un employé du Pakistan qui est spécialisé en modélisation informatique de nos systèmes, mais ça fait un an que sa demande est en attente. Ça ne nous aide pas et ça nous complique la vie surtout dans une entreprise comme la nôtre où ça bouge vite. »
Dragan Tutic appelle donc à une simplification et une accélération du processus. Sur les 21 employés d’Oneka, on compte 9 nationalités.
D'ici à la fin de l'année, l'invention de l'entreprise sherbrookoise fondée par Renaud Lafortune et Dragan Tutic pourra commencer à remplacer les systèmes de dessalement actuellement utilisés sur le globe et qui sont « très énergivores et très coûteux en plus d'utiliser des énergies fossiles comme le diesel », comme le souligne M. Lafortune, qui agit à titre de directeur technologique et qui confirme qu'on peut s'attendre à d'importantes annonces de l'entreprise dans les prochains mois.
Fonctionnant uniquement avec l'énergie des vagues à l'aide d'un principe de bouées et de pompes, une unité d'Oneka peut produire 10 000 litres d'eau potable par jour. Il n'y a qu'à la poser sur l'eau et à la brancher sur un tuyau d'acheminement pour récolter l'eau qu'elle a pressurisée puis purifiée par osmose inverse. « Il ne reste qu'à y ajouter quelques minéraux, question de goût. C'est très simple à faire », précise M. Lafortune.
Leur plus récente unité précommerciale, qui représente la cinquième version de cette bouée, a été mise à l'eau à leur centre de tests en Floride il y a environ deux mois. « La saison des ouragans qui arrive sera un bon test », indique Jean-Luc Michaud, l'ingénieur responsable des tests.
En assurant la présence d'au moins trois employés en Floride, Oneka a pu étudier avec attention les forces et faiblesses de chacune des versions, mais aussi s'assurer qu'elle ne menace pas la santé des écosystèmes.
« Il y aura plus d'études à faire, mais pour l'instant, c'est plutôt l'inverse qu'on a observé. Ce n'est pas rare de voir autour de nos bouées des tortues, des requins, des barracudas, et des centaines de centaines de poissons qui ne s'y trouveraient pas habituellement. Actuellement, en Floride, il y a un programme de création de récifs artificiels afin d'encourager la vie marine à s'y installer et à se régénérer. On pense que ça pourrait créer le même effet. »
Si le dessalement d'eau implique le rejet de saumure, soit d'un concentré d'eau salé, la méthode Oneka permet de la rendre à la mer de manière beaucoup mieux répartie qu'une centrale traditionnelle. « Ça ne fait presque aucune différence dans la salinité. On est confiants que c'est un produit qui est bon pour l'environnement. Ça fait partie de nos valeurs. On a fait affaire avec le Groupe Agéco pour calculer la différence de l'empreinte carbone en comparaison avec une centrale traditionnelle, et une bouée enlève l'équivalent de cinq voitures nord-américaines chaque année. Pour un projet, on parle environ d'entre 10 et 100 unités. On a aussi ajusté notre procédé pour qu'il n'implique aucun produit chimique. »
Toutes les bouées d'Oneka sont assemblées à Sherbrooke. Même si la ville n'offre pas d'accès à la mer et que plusieurs doivent alterner entre l'Estrie et la Floride, M. Lafortune maintient que l'entreprise, qui compte aujourd'hui sur une dizaine d'employés, demeurera dans la région. « C'est ici qu'on vit, on aime la région. Il y a beaucoup de partenaires et fournisseurs dans la région qui sont très bons et qui font souvent des pieds et des mains pour nous. »
L'an prochain, la compagnie doublera « facilement » son personnel, indique-t-il.
« On est très avancés au niveau des négociations avec un premier client. Il y a aussi beaucoup de gens qui sont intéressés à collaborer avec nous, surtout dans les Caraïbes. Il y a plusieurs îles là-bas qui vivent déjà du dessalement et qui paient énormément cher pour leur eau. C'est aussi souvent des hôtels privés. Les gens veulent de plus en plus avoir des vacances propres et veulent que la gestion de leur hôtel émette moins de gaz à effet de serre », partage le cofondateur.
Semaine de la culture scientifique
Ce n’est pas en Estrie que l’on trouvera l’océan. En revanche, on y recontrera des chercheurs et des penseurs qui consacrent, chaque jour, leurs travaux à ces étendues d’eau. Dans le cadre de la semaine de la culture scientifique, qui se penche sur la recherche sur les océans du 16 au 22 septembre, La Tribune s’est intéressée à des Sherbrookois qui veillent à la santé de cette portion de la planète. Plus à venir dans l’édition de demain.
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