Le réputé professeur accueille ces honneurs avec beaucoup de gratitude et d’humilité, confirme-t-il à La Tribune en entrevue téléphonique. M. Aoun espère que ces prix rayonneront pour la prochaine génération, « surtout dans mon bassin d’étudiants et chez les néo-québécois ».
« [C’est] pour leur dire que l’insertion et l’intégration sont entrées dans l’échelle des valeurs. Et d’accepter les fondements de notre démocratie. Et d’être égaux dans la citoyenneté, dans la liberté de conscience et de pensée. En même temps, d’entrer dans ce forum citoyen et de participer selon ses propres angles, valeurs et visions du monde », indique le professeur titulaire à l’école de politique appliquée de l’Université de Sherbrooke qui a récemment sorti l’ouvrage Penser la citoyenneté.
M. Aoun croit que le Québec possède une culture ouverte « en évolution, en performance et en maturité ». « Ce n’est pas une démocratie verrouillée qui plafonne. On a droit de demander des réformes, à rectifier des points. Mais on a toujours une obligation à ne pas nuire à l’attraction de cette démocratie. C’est une société pleine d’espoir et d’horizons ouverts. On est capable d’y entrer en gardant une certaine loyauté. On peut être dans une affiliation de notre communauté, mais ne pas tomber dans le communautarisme », estime celui qui est directeur de l’observatoire sur le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord.
M. Aoun est arrivé au Québec en 1989. Il ne cache pas qu’il avait des doutes en s’installant dans la Belle province. « On sent que peut-être, ce ne sera pas facile. Un journaliste libanais a publié que j’étais une success-story. Oui il y en a, mais il y a aussi des laissés pour compte, des échecs. Par exemple, pour ce qui est de la diplomation et de la reconnaissance et l’équivalence des diplômes, ça laisse parfois à désirer. Il faut regarder les équivalences, sans niveler par le bas. Il faut essayer de voir les expertises et les compétences chez les nouveaux diplômés », pense celui qui conseille aux néo-arrivants d’être « sûrs et solides dans ce qu’on connaît, mais qu’il faut de la flexibilité et d’accepter des mandats qui ne sont pas nécessairement à la hauteur de ce qu’on pourrait s’estimer ».
« Par exemple, quand j’ai eu l’offre à Sherbrooke comme chargé de cours, j’ai été blâmé dans mon milieu. On me demandait ce que j’allais faire à 180 kilomètres de chez moi. Mais il faut passer par là. Et quand j’y suis allé, j’ai été honoré par une collégialité et par une équipe de l’UdeS », se réjouit M. Aoun, qui commente également l’actualité dans différents médias.
M. Aoun a accepté la médaille de l’Assemblée nationale du député Guy Ouellette. « Il a toujours été d’une justesse dans ses commentaires. Il a énormément fait pour le vivre ensemble et pour la démocratie du Québec. Je pense que c’était très mérité de lui remettre la médaille de l’Assemblée nationale », commente l’élu indépendant.
« On n’est pas tellement familiers avec tout ce qui se passe au Moyen-Orient. Dès qu’on apercevait Sami dans les médias, on écoutait et on savait qu’on aurait l’information pertinente pour se faire une idée », décrit M. Ouellette.