Cette coalition vise en particulier la pollution des eaux souterraines générée par l’exploration d’hydrocarbures et ses membres exigent en outre que l’information colligée à la suite de ces évaluations soient accessible publiquement dans les plus brefs délais.
La coalition s’appuie sur les conclusions d’une étude de la firme conseil Activa Environnement, dont les résultats ont été publiés samedi dans Le Soleil, révélant que la nappe phréatique avoisinant l’un des puits de l’emplacement Bourque était contaminée dès 2017 en raison d’un forage réalisé en 2016 par la firme Pétrolia.
L’inquiétude des membres de la coalition, qui inclut notamment Greenpeace, Eau Secours, Nature Québec, Environnement Vert Plus, Solidarité Gaspésie, Équiterre et la Fondation David Suzuki, découle de la possibilité que d’autres puits au Québec soient dans la même situation que Bourque. De plus, il n’existe aucune évaluation présentant l’ampleur du passif environnemental légué par les pétrolières et les gazières, d’où la nécessité de dresser un inventaire.
La coalition rappelle que les firmes d’exploration «n’ont l’obligation de produire un rapport sur la qualité des eaux souterraines suivant un forage que depuis l’entrée en vigueur du Règlement sur le prélèvement des eaux et leur protection (RPEP) en 2014». La coalition souligne aussi que 19 des 31 puits forés dans les basses terres du Saint-Laurent durant la saga des gaz de schiste l’ont été par fracturation, une méthode réputée pour son impact sur la nappe phréatique.
«L'intoxication, par l’air et par l’eau, aux substances toxiques émises par des puits abandonnés peut être très sévère pour la santé humaine, la faune et la biodiversité. Le gouvernement devra nécessairement procéder à la décontamination de certains puits abandonnés au Québec», explique dans un communiqué le docteur Éric Notebaert, urgentologue, professeur de médecine de l’Université de Montréal et vice-président de l’Association québécoise des médecins pour l’environnement.
Cette décontamination coûtera beaucoup d’argent, ce qui incite les membres de la coalition à s’opposer vigoureusement au versement par l’État québécois d’indemnités aux firmes pétrolières et gazières. Cette intention a été exprimée par le ministre de l’Énergie et des Ressources naturelles, Jonatan Julien, en marge de la décision de son gouvernement de mettre fin à l’exploration et l’exploitation d’hydrocarbures en sol québécois.
«Donner des fonds publics aux compagnies qui ont contaminé les sources d’eau, le territoire et l’atmosphère reviendrait à donner notre argent aux entreprises de tabac qui nous ont elles aussi empoisonnés pendant des décennies. L’argent des contribuables doit servir à financer la transition juste vers un monde sobre en carbone, pas à récompenser des voyous» affirme Alice-Anne Simard, directrice générale de Nature Québec.
Pascal Bergeron, d’Environnement vert plus, note pour sa part qu’on «ne trouve aucune trace de la contamination à Bourque dans les PV (procès-verbaux) du comité de suivi du projet. Pourquoi Pieridae, le successeur de Pétrolia, n’en a jamais touché mot? […] En considérant les coûteuses opérations de décontamination que nous aurons à mettre en branle pour les décennies à venir, le gouvernement du Québec devrait considérer combien ces entreprises devraient verser pour réparer leurs pots cassés».
La question de l’emplacement Bourque a rebondi à l’Assemblée nationale mercredi matin lors du point de presse de la porte-parole de Québec solidaire, Manon Massé.
«On a aucune idée de l’ampleur des dégâts que l’industrie nous laisse comme héritage toxique dans nos sols, dans notre eau. Au lieu de continuer à courber l’échine devant les entreprises […] le gouvernement, le ministre en tête, devrait assumer sa responsabilité face au peuple et nous donner l’heure juste sur les dégâts qu’ont fait ces entreprises aux nappes phréatiques», a-t-elle affirmé.