Dans le cadre d’une rencontre officielle avec les membres de la communauté étudiante, le principal et vice-chancelier de l’Université Bishop’s Michael Goldbloom a fait part mercredi dernier de ses engagements entourant les actes de violence sexuelle commis sur son campus.
« Toute forme d’agression sexuelle sur notre campus et au sein de notre communauté est inacceptable et nous travaillons à l’éradiquer. Notre obligation morale et légale est d’assurer un environnement d’études et de travail libre de toute forme de violence ou de harcèlement. Il ne peut en être autrement à Bishop’s que d’appliquer une politique de tolérance zéro », a-t-il déclaré d’entrée de jeu.
En ce sens, la doyenne des Affaires étudiantes qui « dirigera les efforts de l’Université », Stine Linden-Andersen, a partagé avec les étudiants la liste des mesures qui seront mises en place sur le campus dès les prochains jours.
L’Université Bishop’s s’engage ainsi à s’inspirer de l’Université de Sherbrooke en ce qui a trait à l’application de sa politique contre les violences sexuelles. Une rencontre devrait avoir lieu entre les deux institutions au cours des prochaines semaines afin de voir quelles sont les améliorations possibles.
Bishop’s travaille également sur de nouveaux plans d’éclairage sur le campus. Une bibliothèque de prêt de lampes de poche sera aussi mise à la disposition des étudiants. Les kits de dépistage de drogue seront notamment analysés au bar du campus et le service de raccompagnement SafeWalk, initialement mis en place par et pour les étudiants, sera à nouveau disponible.
L’Université Bishop’s rappelle par ailleurs que les étudiants doivent suivre trois formations obligatoires différentes sur le consentement et l’intervention active des témoins. Un service de soutien est aussi disponible via une travailleuse sociale clinicienne sur le campus.
Perte de confiance en l’administration
L’élément qui semble avoir le plus intéressé les étudiants présents lors de cette rencontre consiste toutefois à l’embauche d’une personne responsable d’enquêter sur certains événements ainsi que sur l’application de la politique institutionnelle contre les violences sexuelles à Bishop’s.
Les étudiants sont ainsi invités à confier ce qu’ils ont vécu à cette personne. Or, certains d’entre eux dénoncent que la personne choisie soit une ancienne étudiante de Bishop’s.
« Les gens ne seront pas vraiment intéressés à se manifester parce qu’il pourrait y avoir un conflit d’intérêts », déplore une étudiante qui affirme avoir peu confiance en l’administration en place.
« Je suis contente de voir qu’on reconnaît enfin la culture du viol sur le campus. On refuse toutefois encore d’admettre que des cas ont mal été traités. Et c’est frustrant, en tant qu’étudiante, de voir l’administration répondre à toutes les critiques sur leurs procédures en disant qu’il y a “ tous ces systèmes de soutien formidables disponibles ”, alors que ces systèmes de soutien sont eux-mêmes le problème. »
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Le fait que l’initiative étudiante SafeWalk tombe désormais sous les mains de l’administration a par ailleurs fait réagir quelques étudiants qui auraient préféré que le service demeure au sein de la communauté étudiante.
« L’administration de Bishop’s a perdu la confiance de nombreux étudiants et beaucoup d’entre eux ne se sentent plus en sécurité sur le campus et en classe. J’ai personnellement vu la fréquentation des cours chuter de façon vertigineuse depuis que tout cela est arrivé », a commenté une autre étudiante.
Rappelons qu’un témoignage anonyme a été partagé sur le pont près de l’Université Bishop’s au début de mois de novembre créant ainsi une vague de dénonciations. On pouvait notamment y lire : « He raped me. I reported him. He’s still in my class. BU take action ».
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