Sherbrooke bientôt plus accueillante et inclusive

Deux professeures de l’UdeS ont présenté lundi un rapport au comité plénier public du conseil municipal entourant l’enjeu du racisme et des discriminations à Sherbrooke.

Si la Ville de Sherbrooke souhaite être plus accueillante et inclusive, elle devra mettre en place un plan d’action et recueillir des données en ce sens. C’est du moins ce que suggère un récent rapport rédigé par le Comité contre le racisme et les discriminations de l’Instance de concertation en immigration (ICI-Sherbrooke).


Dans le cadre d’une première étude visant à faire un portrait préliminaire du racisme et des discriminations à Sherbrooke, les professeures Michèle Vatz-Laaroussi et Sabruna Dorceus de l’Université de Sherbrooke (UdeS) ont constaté sur le terrain un réel « souhait partagé » de tendre vers une communauté plus ouverte et inclusive afin de mieux accueillir et intégrer les personnes immigrantes.

Or, certaines lacunes ont été observées, notamment dans quelques institutions de la région où l’on constate une sous-représentation des personnes issues des communautés culturelles et racisées et où les situations de racisme sont peu apparentes. 

« Cela cause un écart important entre la perception des personnes représentantes des institutions et celles des personnes intervenantes dans les milieux communautaires, qui vivent parfois eux-mêmes du racisme ou ont accès à certains témoignages », indique Michèle Vatz-Laaroussi, professeure associée à l’École de travail social.

« Ce n’est pas une question d’ouverture ou de fermeture. Il faut seulement tenter de réduire l’éloignement entre ces personnes représentantes et les situations qui se déroulent sur le terrain afin de rendre l’enjeu du racisme plus visible. »

Des solutions

Le rapport, qui a été présenté lundi soir en comité plénier public à la Ville de Sherbrooke, met par ailleurs l’accent sur les pistes de solutions possibles. Bon nombre de recommandations ont d’ailleurs semblé avoir plu aux élus ainsi qu’aux institutions visées.

Au lendemain de la présentation, le CIUSSS de l’Estrie-CHUS et le Service de police de Sherbrooke (SPS) avaient notamment contacté les professeures responsables de l’étude en vue d’améliorer certaines de leurs pratiques.

« Il faut que des actions soient mises en place, renchérit Mme Vatz-Laaroussi. Et pour cela, il faut faire un travail de sensibilisation. C’est à partir de là qu’on va arriver à regarder les éléments qu’on ne voit pas. En ce moment, c’est un peu comme un angle mort. Si on ne regarde pas le racisme et les discriminations, on ne les voit pas. »

Parmi les recommandations générales à mettre en œuvre dans les divers organismes et institutions, on note l’importance de bien différencier la gestion de la diversité de la lutte contre le racisme. « Ces deux axes distincts doivent pouvoir compter sur des stratégies complètement différentes, sinon on invisibilise certaines personnes à nouveau », précise Mme Vatz-Laaroussi.

Le rapport recommande également une prise de positions et de décisions claires et médiatisées de la part des institutions et organismes contre le racisme et les discriminations en plus d’avoir un comité ou une personne-ressource dédiée à cet enjeu au sein de leur établissement.

À cela s’ajoutent, entre autres, la création et le financement d’un organisme régional indépendant prêt à recevoir les plaintes et à assurer un accompagnement psychosocial ainsi que la mise en œuvre d’une politique et d’un plan d’action municipal.

« Il faut toujours se questionner sur comment on peut s’améliorer, se moderniser. La société évolue et nos politiques internes doivent évoluer », selon la mairesse de Sherbrooke Évelyne Beaudin.

Engagement

La mairesse de Sherbrooke Évelyne Beaudin a accueilli favorablement le rapport présenté par les deux professeures lundi dernier. Elle a par ailleurs rappelé son engagement entourant la mise en place d’un conseil citoyen de la diversité culturelle dans le cadre de son mandat. Elle assure notamment « entendre » l’importance de séparer les enjeux de diversité à ceux liés au racisme.

« Il faut toujours se questionner sur comment on peut s’améliorer, se moderniser. La société évolue et nos politiques internes doivent évoluer. Notre façon de gouverner doit évoluer aussi. Il faut chercher à s’améliorer et avoir des politiques dignes du 21e siècle. Et c’est ce qu’on va faire », a-t-elle mentionné en entrevue avec La Tribune.