Entre le cœur et la tête d'Étienne Fletcher

L'artiste Étienne Fletcher.

Dans l’univers d’Étienne Fletcher, les mots prennent beaucoup de place. Et bonne nouvelle, sa prose, aussi puissante que sa musique, résonne d’un bout à l’autre du pays ces temps-ci, depuis la sortie récente d’Entre-deux, son premier album complet.


Le gars de la Saskatchewan passe le mois de novembre au Québec, après avoir chanté chez lui, en Alberta et au Nouveau-Brunswick. Puis, il conclura son année au Yukon et dans les Territoires du Nord-Ouest. Belle façon de voir du pays.

«Je suis super heureux de la réponse du public. De pouvoir accompagner le lancement d’une tournée pancanadienne, je ne pouvais pas demander mieux», lance-t-il. Il faut dire qu’il a l’habitude des voyages, lui qui avait présenté ses deux premiers EP, Side A et Face A, dans plusieurs festivals et jusqu’en Europe.

Il se réjouit donc de ce retour en salle en compagnie de ses trois musiciens, avec qui il propose un spectacle valsant entre le rock et le blues, le folk et la pop. «On a des capacités réduites à certains endroits, mais la réaction du public et la connexion que je recherche se sont même améliorées. À cause de la COVID, on a passé tellement de temps sans faire de show qu’il y a un autre niveau d’attention chez les gens et une joie partagée de se retrouver ensemble.»

Personnel

Invité à décrire cet opus peaufiné en pleine pandémie, Étienne Fletcher opte pour la simplicité. «Entre-deux représente un morceau de mon cœur et un morceau de mon cerveau. Ce sont des idées, des perspectives et des émotions que je ressens. Cela a donné un mélange de tout cela.»

Pour la première fois, l’artiste a découvert le plaisir de la collaboration, en coécrivant deux pièces, Homestead et Toi et moi, avec Daniel Beaumont. «Je connaissais son nom et j’aimais comment il écrivait, mais je n’ai jamais été du genre à partager l’écriture. J’avais des inquiétudes honnêtement... mais on s’est retrouvés sur la même longueur d’onde. Cela dit, je veux quand même conserver le doigt sur mon écriture, car c’est très personnel», dit-il.

Personnel. Le mot revient souvent dans les propos d’Étienne Fletcher. En chanson, il aborde la vie, la vieillesse, la maladie, le deuil, «le beau et le triste», bref des sujets universels qui touchent tout le monde, confie-t-il. Une intimité qu’il tente de transposer sur scène, chaque fois qu’il le peut.

«Surtout au Québec, où le public est particulièrement attentif, j’aime lier la chanson avec une conversation, à une intro pour expliquer d’où elle vient. Ça crée une nouvelle connexion avec les gens.»

L’inspiration

Car à la base de tout, il y a le propos et la mélodie, dont l’inspiration, dit-il, lui vient à travers «des moments». Faire l’effort d’écrire est pour lui rarement efficace. «Je m’inspire beaucoup de mon vécu et de ceux qui m’entourent. Il n’y a pas vraiment de formule. Parfois, la musique vient en premier, parfois ce sont les paroles. Pour Entre la mort et moi, j’avais un air de ukulele, mais je l’avais mis de côté, car aucune parole ne venait. Puis, la toune au complet est apparue en 45 minutes, sans que je sache d’où ça sortait!» rigole celui qui avait fait forte impression au Festival international de la chanson de Granby en 2016.

À l’aise à la guitare, au clavier et à la basse, Étienne Fletcher navigue entre les instruments selon ses humeurs, se servant de l’un ou de l’autre pour composer ses chansons. «C’est un mélange, comme pour l’écriture en anglais et en français. Parfois, je change d’instrument pour trouver la bonne vibe. C’est plaisant d’avoir cette option pour ajouter de la variété.»

Parlant de français, le chanteur bilingue avoue que, de plus en plus, cette langue se creuse un bel espace dans sa création. «Quelque chose a changé dans ma perspective par rapport à mon appartenance à ma communauté de l’Ouest, à la fransaskoisie. Avant, je ne me voyais jamais comme un ambassadeur, mais je suis fier de notre communauté, alors si je peux agir comme porte-parole du français, tant mieux!»