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C’est bien humblement que l’homme de 73 ans se décrit comme « le deuxième ingénieur biomédical certifié en génie clinique » de l’histoire du Québec. Il exerce cet emploi depuis 1971. Notons qu’un ingénieur biomédical est responsable de la conception des machines, alors que ceux qui sont certifiés en génie clinique travaillent auprès des patients, choisissent quelles machines acheter et évaluent les besoins du personnel clinique pour les guider dans leurs choix technologiques.

Celui qui travaille depuis 2019 à titre de spécialiste en sciences biologiques et physiques au CIUSSS de l’Estrie-CHUS note d’ailleurs que ses débuts dans ce milieu, alors qu’il était l’un des rares à s’y spécialiser, n’ont pas toujours été faciles.

« Il y a eu au début des doutes de certains médecins, entre autres, par rapport à des méthodes que j’amenais et c’était normal, je devais gagner leur confiance. Ce qui était dur aussi, c’était d’être seul. Quand je suis arrivé en Estrie de Montréal en 1980, on m’appelait de Drummondville, de Lac-Mégantic, de Magog. Tous les problèmes me tombaient dessus et c’était une grande solitude, car je n’avais pas de collègue à appeler », relate-t-il. Notons que le CIUSSS de l’Estrie-CHUS compte aujourd’hui une quinzaine d’ingénieurs biomédicaux certifiés en génie clinique.

Fernand Jalbert se souvient d’ailleurs d’un événement en particulier dans ses premières années où un gynécologue lui avait demandé de déclarer mort un fœtus. Après que M. Jalbert eut utilisé sa technologie, qui était à l’époque nouvelle, de monitorage fœtal, il a découvert que le bébé était encore en vie, mais qu’il avait un rythme cardiaque très élevé.

« J’ai dû m’obstiner avec le gynécologue pour qu’il fasse accoucher la mère par césarienne », se souvient-il. Finalement, ce bébé à qui aucun médecin ne donnait de chances de naître aura vécu quatre ans.

« Ç’a prouvé que ma science était utile. Ç’a marqué le début de mon emploi », souligne M. Jalbert.

Toujours à l’avant-garde

Étant un pionnier de la profession au Québec, Fernard Jalbert a contribué à plusieurs avancées en génie biomédical.

« J’aime ça faire des choses qui font plaisir, qui servent. C’est sûr que construire un pont, c’est noble aussi, mais quand ça touche le corps humain, c’est tangible. J’ai inventé des instruments de chirurgie, j’ai des brevets pour des machines et je suis très content de voir que tout ça sert dans des opérations », affirme-t-il.

Ce statut de pionnier, il vient pour Fernand Jalbert avec une responsabilité d’aider ses jeunes collègues dans leur apprentissage.

« Ils m’interpellent beaucoup et ça me fait plaisir. Je leur dis d’abuser de moi s’il faut même. Je suis parmi les plus vieux du Québec, j’ai l’historique et le métier, je me dois d’aider », estime M. Jalbert.

Loin de considérer qu’il a la vérité absolue, Fernand Jalbert indique qu’il continue à apprendre chaque jour. « C’est ce qui fait que j’aime toujours ça, même après 50 ans. Je ne suis pas prêt à arrêter, je suis en santé et j’aime ce que je fais », confie-t-il.

« Le mot retraite pour moi, continue-t-il, ne veut rien dire. Ce n’est pas difficile pour moi de transmettre mes connaissances et de les appliquer. »

Boulimie

Le travail n’empêche pas Fernand Jalbert d’avoir une liste impressionnante de passions et de passe-temps pour meubler son temps libre, loin de là.

Musique, couture, photographie, pilotage de drones, voyage, pêche au saumon : M. Jalbert se définit lui-même comme un « boulimique » de la vie.

« La vraie retraite, pour moi, c’est de voyager le plus possible en continuant mon travail », explique celui qui quittera bientôt pour un périple de six mois aux Territoires du Nord-Ouest.

Malgré cet amour pour son travail et sa volonté incessante de transmettre son savoir, Fernand Jalbert a été très heureux de voir son labeur récompensé par un Mérite estrien.

« J’ai été bouleversé que les gens reconnaissent que j’ai contribué à ce métier-là, ça m’a fait quelque chose », a-t-il lâché.

Repères

Natif de Shawinigan

Habite à Sherbrooke depuis 1980

Père de deux enfants et grand-père par alliance de six petits enfants et une arrière-petite-fille

Diplômé en génie physique de l’Université Laval en 1971

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