Entre le sondage du Centre interuniversitaire de recherche en analyse des organisations (CIRANO) réalisé en 2018 et celui de cette année, la proportion de Québécois qui considèrent que les changements climatiques présentent un risque grand ou très grand est passée de 53 % à 69 %.
«On voit vraiment une prise de conscience généralisée» et une augmentation «substantielle» du risque perçu, résume la chercheuse Ingrid Peignier qui a cosigné l'article avec la professeure Nathalie De Marcellis-Warin de Polytechnique Montréal.
La publication du rapport du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) à mi-chemin durant la période où était mené le sondage l'été dernier n'a pas eu une influence significative sur la proportion de répondants qui percevaient que les risques liés aux changements climatiques étaient grands, mais a fait diminuer de moitié la proportion de ceux qui trouvaient que les risques étaient faibles, la faisant passer de 8 % à 4 %.
Dans son rapport, l'organisme intergouvernemental créé par l'Organisation des Nations unies lançait «une alerte rouge pour l'humanité» et appelait à l'action immédiate pour contrer les changements climatiques. Les experts constataient que le climat de la Terre se réchauffe tellement que les températures excéderont bientôt le seuil que les dirigeants mondiaux tentaient de ne pas franchir.
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Dans l'ensemble, la proportion de répondants classés comme «climato-sceptiques» par les chercheurs, soit ceux qui estiment que les changements climatiques n'existent pas ou qu'ils ne sont pas causés par les activités humaines est en baisse, passant de 25 % à 17 %.
Taxer la pollution
Mais les bottines ne suivent pas toujours les babines. «Quand on parle d'actions vraiment concrètes, les chiffes pour ces éléments-là, surtout en mobilité, sont semblables à 2018», analyse Mme Peignier, en entrevue avec La Presse Canadienne.
Par exemple, l'aiguille bouge à peine lorsque les répondants se font demander s'ils prendraient davantage le transport en commun ou le transport actif (la marche, le vélo, etc.) plutôt que leur voiture pour un déplacement lorsque c'est possible.
Si les «valeurs» n'ont pas davantage d'impact sur les comportements, les chercheurs ont mis le doigt sur l'«incitatif» qui lui ferait changer les choses: le prix. Et l'évolution est spectaculaire. Une progression que Mme Pelletier explique par l'augmentation du niveau de préoccupation de la population face à l'enjeu.
«69 % des Québécois changeraient leurs habitudes ou leurs comportements pour diminuer l'impact d'une taxe sur les véhicules énergivores, contre 43 % en 2018, soit une hausse de 26 points», notent-ils dans un article.
Ils seraient également plus nombreux qu'il y a trois ans à changer leurs habitudes pour diminuer l'impact de la taxe sur leurs finances personnelles si un gouvernement imposait une taxe sur la récupération des déchets, l'eau ou les péages routiers.
De manière générale, les chercheurs constatent que les répondants davantage préoccupés par les risques environnementaux sont significativement plus nombreux à utiliser le transport en commun plutôt que leur voiture (31 %) que ceux qui ne perçoivent pas de risques importants (17 %). Et de 47 % à utiliser le transport actif plutôt que leur voiture contre 31 %.
L'étude révèle également que les répondants perçoivent que ce sont surtout les industries (83 %) qui ont un impact sur les changements climatiques. Ils sont bien moins nombreux (62 %) à estimer que leurs gestes personnels ont une influence. Bien que cet écart ait été observé dans les précédentes études, les proportions sont en progression, étant respectivement de 80 % et 54 % en 2018.
Les deux enquêtes du CIRANO ont été menées auprès d'un échantillon d'environ 1000 répondants représentatifs de la population québécoise. La collecte de données de 2021 a été réalisée du 5 au 15 août en utilisant un panel en ligne de Léger Marketing. On ne peut lui attribuer une marge d'erreur, car les sondages de ce type ne sont pas considérés comme des échantillons aléatoires.