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Le gros appel d’offres

Quand on y pense, une élection, c’est comme un gros appel d’offres. Le plus gros au Québec, en quelque sorte.

CHRONIQUE / Les conseils municipaux n’ont qu’une façon de s’exprimer : par résolution. C’est ainsi qu’elles communiquent aux citoyens leurs décisions et leurs prises de position, mais aussi qu’elles octroient différents contrats à des fournisseurs de services et des sous-traitants qui effectuent diverses tâches qui ne peuvent être accomplies à l’interne par des employés municipaux.


Je ne vous apprends rien : pour octroyer des contrats dont la valeur est supérieure à 25 000 $, les municipalités doivent aller en appel d’offres, c’est-à-dire qu’elles doivent inviter des entreprises à leur fournir une proposition ou bien afficher un appel à soumissions sur le système électronique du gouvernement.

Après une période donnée, les soumissions reçues sont ouvertes et évaluées en fonction de critères bien précis. L’offre de services répondant à ces exigences qui coûtera le moins cher est ensuite retenue.

C’est comme ça qu’on s’assure, en théorie, que le processus est dénué de tout arbitraire ou de corruption.

Quand on y pense, une élection, c’est comme un gros appel d’offres.

Un appel d’offres pas mal important, à part de ça. Le plus gros au Québec, en quelque sorte.

Tous les quatre ans, des centaines de municipalités lancent cet appel d’offres particulier. On parle d’un contrat d’administration et de gouvernance rémunéré par des fonds publics.

Le mandat ? Gérer un budget allant de quelques centaines de milliers à plusieurs dizaines de millions de dollars et des services municipaux en équipe, dans le respect, avec une éthique irréprochable, le tout avec le bien commun en tête, et ce, dans la plus grande des transparences. Les candidats retenus seront épaulés par une équipe de professionnels chargés de réaliser les orientations qu’ils leur auront données à partir de leur vision, nécessairement inspirées de la volonté de ceux qui leur attribueront le contrat public.

Pendant quatre ans, ces personnes auront pour tâche, entre autres et avec la collaboration des fonctionnaires municipaux, d’étudier tous les autres appels d’offres lancés par la municipalité, et ce, au nom de leurs mandants.

Des milliers de soumissionnaires se manifestent ensuite, certains avec l’ambition de prolonger un contrat qu’ils ont déjà obtenu dans le cadre d’un appel d’offres antérieur. Leur candidature devra respecter certains critères afin d’être jugée conforme, après quoi elles seront soumises à une évaluation.

Et puis, ce sont les bénéficiaires de ces services municipaux qui auront à éplucher toutes ces candidatures et à trancher. À qui octroyer ces prestigieux contrats ?

Cela dépendra des critères qui prévaudront, à savoir des expériences antérieures pertinentes, des compétences, des idées ou des projets porteurs...

Ceux qui auront pour rôle d’évaluer les différentes soumissions — vous et moi, je vous le donne en mille — auront eu plusieurs semaines pour le faire. Comparer les différentes candidatures pour les mêmes postes, évaluer le rendement des anciens contractuels, et déterminer quelle soumission vous apparaît la plus intéressante.

Et collectivement, des milliers de contrats seront octroyés le 7 novembre. À l’exception bien sûr des appels d’offres qui n’ont reçu qu’un seul soumissionnaire conforme...

Bref, ce dimanche, c’est à votre tour, citoyens, d’octroyer un contrat à ceux que vous estimez les plus qualifiés pour représenter vos intérêts pour les quatre prochaines années.

Ça ne sera pas parfait à tout coup, mais ça vaut la peine de laisser la chance au coureur.

Dans d’autres cas, ça pourrait être une agréable surprise. Ou bien un désastre.

Mais un contrat de quatre ans n’est pas immuable : si vous êtes insatisfait des services rendus, rien ne vous empêchera de changer de fournisseur de services une fois cette échéance arrivée.