Les stations de lavage ont sans doute retardé l’apparition de la moule zébrée dans les lacs estriens, mais cet outil n’est pas parfait, observe la directrice générale de Memphrémagog Conservation Inc, Ariane Orjikh. « On pense que ça a pu retarder l’arrivée de la moule zébrée, parce qu’elle était déjà au lac Champlain dans les années 90. » Les premières moules zébrées ont été trouvées en 2017 dans le Memphrémagog.
« Ce n’est pas parfait, parce que ce n’est pas 24 heures. Souvent, les pêcheurs partent très tôt le matin, ça se peut que ce ne soit pas ouvert (…) Ça dépend des stations, il y en a où les gens se plaignent que c’est mal lavé », observe-t-elle. Au lac Memphrémagog, on compte cinq stations de lavage. Celle de la plage des Cantons est pour les embarcations non motorisées.
La gestion des stations de lavage, comme les heures d’ouverture et le personnel, est une responsabilité municipale.
Guy Jauron, directeur de la MRC de Memphrémagog, a précisé ces chiffres à la demande de La Tribune. Il souligne que la patrouille n’a pas l’habitude de cumuler les constats. Résultat : un plaisancier peut recevoir un seul constat pour plusieurs éléments qui sont en défaut, par exemple, pour le manque de veste de flottaison individuelle (VFI) à bord, mais pas pour l’absence de certificat de lavage. Selon les plans d’eau, les amendes varient de 100 à 200 $, plus les frais, en cas de non-lavage.
Au moment de l’entrevue, Ariane Orjikh n’avait pas encore vu le rapport comptabilisant le nombre de constats pour 2021, mais pour 2020, aucun constat n’avait été émis, souligne-t-elle.
« On vient de faire un inventaire des embarcations. Il y a 5201 embarcations permanentes du côté canadien du lac Memphrémagog. Les chances que tu te fasses prendre à ne pas laver ton embarcation… », glisse-t-elle. « Si au moins l’amende était plus que 100 $, ça pourrait faire peur aux gens. »
Des mailles au filet
Actuellement, la patrouille de la MRC de Memphrémagog a une embarcation qui sillonne les lacs Massawippi, Lovering et Magog, en plus du Memphrémagog qui compte deux embarcations qui se consacrent uniquement à ce plan d’eau.
Sa présence sur le Massawippi représente l’équivalent de 35 jours pendant la saison estivale. Des journées entières se retrouvent donc sans surveillance.
« Il y a tellement d’opportunités pour quelqu’un qui ne veut pas suivre la réglementation de passer à travers les mailles du filet », observe M. Jauron.
La patrouille peut surveiller deux types de certificat : celui de l’usager, que les riverains doivent se procurer à la municipalité, et le certificat de lavage, obtenu après le passage à la station de lavage.
La Régie de police Memphrémagog (RPM) peut émettre des constats pour ce type d’infraction, mais ce n’est pas une priorité, note le porte-parole Carl Pépin.
Lors de la dernière saison, seulement deux constats du genre ont été émis par la patrouille de la RPM sur le lac Memphrémagog. La Sûreté du Québec précise de son côté que la responsabilité revient à la patrouille nautique de la MRC pour ce type d’infraction.
Guy Jauron souligne l’importance de la sensibilisation et observe que si la moule zébrée semble frapper davantage l’imaginaire, laver les embarcations s’avère important pour prévenir la propagation d’autres espèces envahissantes également, notamment le myriophylle à épis. « On essaie de convaincre les gens que c’est important pour eux. »
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Pas de station, pas de réglementation
Il n’y a pas de station de lavage au lac Lovering et du même coup, pas de réglementation municipale à cet effet.
Aucune réglementation ne touche le lac Magog au sujet du lavage des embarcations.
« Nos patrouilleurs ne pourraient pas émettre de constat d’infraction parce qu’il n’y a pas de règlement qui oblige le lavage des embarcations », note M. Jauron.
Selon Josiane Pouliot, coordonnatrice à la division de l’environnement à la Ville de Magog, il n’y a pas eu de volonté de mettre en place un règlement des trois municipalités entourant le lac Magog (Magog, Sherbrooke et Sainte-Catherine-de-Hatley).
« Un élément majeur appuyant cette décision était qu’il n’y avait pas de station de lavage au lac Magog. Il était donc difficile d’exiger le lavage alors qu’aucun service n’était offert », précise-t-elle. Une première station a été installée à la plage municipale de Deauville, à Sherbrooke, cet été.