Enseignement au secondaire : 50 % des étudiants de l’UdeS abandonnent leurs études

Selon des données révélées par le <em>Journal de Québec </em>lundi, le taux de diplomation en enseignement à l’UdeS serait de 63,5 %.

Pour contrer la pénurie d’enseignants dans les écoles, l’Université de Sherbrooke (UdeS) entend prendre les grands moyens pour attirer bon nombre d’aspirants enseignants entre ses murs. Encore faut-il qu’ils y restent...


Selon des données révélées par le Journal de Québec lundi, le taux de diplomation en enseignement à l’UdeS serait de 63,5 %. En enseignement préscolaire et primaire (BEPP), près de 70 % des étudiants obtiendraient leur diplôme conte 49 % en enseignement au secondaire.

« C’est un portrait préoccupant. Ce n’est certainement pas à notre avantage », admet d’emblée Anne Lessard, doyenne de la Faculté d’éducation à l’UdeS, qui confirme ces données.

« Même si ce n’est pas souhaité, il est tout à fait normal de perdre des étudiants en cours de route qui décident simplement de se réorienter. Or, il est important de se poser des questions quant au programme en enseignement au secondaire. »

Selon Pre Lessard, la division facultaire de ce programme d’étude contrairement à celui qui vise l’enseignement primaire et préscolaire pourrait influencer la motivation des aspirants enseignants du secondaire.

« Par exemple, lorsque nous formons un enseignant des sciences, l’étudiant se voit faire une portion de son parcours en sciences et la seconde en enseignement. Même scénario pour toutes les matières. Et lorsqu’on pense aux mathématiques, les étudiants en enseignement n’anticipent pas forcément l’étendue du travail qu’ils auront à faire en fonction de leur discipline. »

« Les étudiants se retrouvent dans une position de double investissement. Ils en font autant en pédagogie que dans la matière qu’ils souhaitent enseigner », mentionne-t-elle.

La structure du programme qui favorise l’alternance entre des sessions qui se tiennent entièrement en éducation ou dans une faculté partenaire pourrait aussi avoir une influence sur le sentiment d’appartenance et le désistement de certains étudiants, avance Anne Lessard.

« Je ne saurais dire pourquoi, mais le programme a été bâti avec une asymétrie dans le travail à investir. Certaines sessions sont beaucoup plus ardues que d’autres avec un nombre plus important de crédits à aller chercher », explique-t-elle.

Pour contrer la pénurie d’enseignants dans les écoles, l’Université de Sherbrooke entend prendre les grands moyens pour attirer bon nombre d’aspirants enseignants entre ces murs.

Restructuration

En ce sens, la doyenne de la Faculté d’éducation affirme que le programme d’enseignement au secondaire est en période d’évaluation périodique. Une restructuration pourrait donc tenter de pallier certains problèmes.

« Nous sommes en gros processus de refonte pour que le programme soit plus rééquilibré sur le plan de la structure, indique Mme Lessard. Que pouvons-nous faire pour qu’il réponde davantage aux besoins des étudiants tout en respectant les prescriptions du ministère? »



Avec cette évaluation, nous croyons pouvoir mieux soutenir nos étudiants.

Parmi les actions déjà entreprises, Mme Lessard note plusieurs initiatives visant à favoriser l’accompagnement et le soutien psychosocial. À cela s’ajoute également la création d’une analyse linguistique faite pour les étudiants en éducation afin d’évaluer leurs connaissances en français. Ces derniers peuvent ainsi se préparer adéquatement, en collaboration avec le Centre de langues, au Test de certification en français écrit pour l’enseignement (TECFÉE) qu’ils devront réussir pour entamer leur profession en enseignement.

« Avec cette évaluation, nous croyons pouvoir mieux soutenir nos étudiants pour cette épreuve qui, rappelons-le, est très difficile. »

Épreuve de français

Interrogée à cet effet, une ancienne étudiante au BEPP à l’UdeS affirme avoir trouvé l’épreuve de français obligatoire particulièrement difficile.

« Je l’ai réussi, mais j’ai trouvé qu’il n’était vraiment pas adapté aux différents niveaux d’enseignement. Pour moi, ce n’est pas juste qu’un enseignant de français et un enseignant d’éducation physique doivent répondre aux mêmes exigences. »

Celle qui s’est réorientée au baccalauréat en communication mentionne également avoir déboursé jusqu’à 1000 $ en cours d’appoint à la suite d’un premier échec. « On manque d’enseignants, mais on continue d’exiger un examen coulé par plus de 50 % des étudiants. Ça manque de cohérence. C’est un examen lucratif qui n’est pas du tout à jour », dénonce l’ancienne étudiante.

Si elle admet la complexité de cette épreuve, Pre Lessard croit que cet examen se doit d’être rigoureux. « Nos enseignants doivent être des modèles quant à la qualité de la langue. »

« Allons-nous diminuer nos exigences pour répondre au taux de diplomation en enseignement? Je ne pense pas. Est-ce que le TECFÉE pourrait être amené à changer? C’est une décision qui doit être prise par le ministère », conclut la doyenne.