Celui qui s’est lui-même livré à la compétition en athlétisme a acheté la boutique de son entraîneur, Jean-Pierre Lemelin, en 1984.
« Je n’avais pas d’argent! On a payé ça 12 000 $ à l’époque, sur la rue King Ouest. C’est là que l’aventure a commencé », se rappelle M. Saint-Louis, qui a déménagé son entreprise à quelques reprises.
De son propre aveu, M. Saint-Louis n’était pas porté à effectuer du bénévolat avant d’acheter la boutique.
« Je faisais beaucoup de compétitions. J’étais animé par la passion de la course à pied, c’était mon univers », exprime le Danvillois d’origine, se targuant d’être la boutique spécialisée en course à pied la plus vieille au Québec.
Aider
C’est l’amour du sport qui a poussé M. Saint-Louis à aider plein d’athlètes dans mon milieu.
Selon lui, il en a aidé une centaine. « Quand Jacques Petit a mis sur pied Excellence sportive, on a été l’un des premiers à embarquer là-dedans. Le ski de fond est arrivé un peu plus tard et on a commencé à s’impliquer avec le club. On a toujours commandité deux ou trois athlètes par année », dit-il, ajoutant que sa boutique n’a jamais établi de budget précis pour soutenir les athlètes de la région.
« Tu sors du niveau régional ou provincial, mais avant d’être soutenu par le programme national, il y a une période plus difficile monétairement, analyse-t-il. Je me rappelle qu’un petit gars n’avait pas de souliers à clous pour faire les régionaux. J’ai pris une paire de souliers et je lui ai prêtée. Je lui ai dit de vivre son rêve. »
Aujourd’hui, Le Coureur appuie entre autres la Fondation Christian Vachon. « Christian s’est servi de la course à pied pour amasser des fonds pour soutenir la fondation. Les centaines de jeunes qu’il aide ne sont pas tous des sportifs, on va chercher des jeunes qui en ont besoin. Mais il y a toujours un lien avec le sport. »
Le Coureur vend donc des articles à prix moindre à certains athlètes. Il donne également un peu d’argent chaque année pour des bourses et des prix de participation pour différentes compétitions.
L’ancien propriétaire du Coureur a aussi aidé des gens de manière ponctuelle. « Une femme m’a appelé en panique de Bromont, elle allait faire le marathon canadien de ski. Elle prenait un autobus à midi et son ski était décollé. J’ai fait un appel vidéo avec elle, j’ai constaté qu’elle ne pouvait pas skier avec ça. Elle m’a dit son poids et sa grandeur, je lui ai mis deux paires de skis sur l’autobus. Elle est partie avec mes deux paires de skis, elle a fait sa compétition et elle est revenue. Elle m’a envoyé une boîte de gâteaux avec une lettre. J’ai gardé sa lettre dans mes souvenirs », raconte-t-il, ajoutant que ce geste est l’esprit même du coureur.
« Sa lettre valait la vente de trois paires de skis! » complète-t-il.
Toujours avec cœur, M. Saint-Louis a appuyé Kartus, qui fabrique des fauteuils roulants pour que les personnes à mobilité réduite puissent prendre l’air avec les coureurs. « On m’a dit qu’il y avait un besoin de coureurs les mercredis matin. On a donc lancé une annonce. On les aide aussi à stationner leur remorque à proximité du parc Jacques-Cartier. On ne fait pas d’argent et notre logo n’est affiché nulle part, mais c’est tellement une cause noble », se réjouit-il, le sourire aux lèvres.
Joël Saint-Louis réussit à utiliser ces fauteuils durant la pandémie. « J’écoutais les nouvelles et je voyais les personnes âgées qui ne pouvaient pas sortir. Je me suis demandé si on pouvait faire quelque chose. J’ai emprunté des carrosses et le club de course Courir pour se découvrir et on livrait de l’épicerie pour les personnes qui habitent à la résidence VÜ », décrit-il.
« On avait une liste, ça appelait tous les jours. C’était vraiment valorisant. Ils nous envoyaient la main par la fenêtre », poursuit-il, ajoutant que certains ont fait des provisions.
Suite
Joël Saint-Louis a vendu son entreprise à Kenny et Samuel, ses deux employés, et au groupe du Siboire, un peu plus tôt cette année. Mais il est convaincu que Le Coureur continuera à partager ses valeurs.
« La culture même de la boutique, Samuel et Kenny l’ont imprégnée en eux. Ils viennent du monde du sport, c’est leur milieu. [...] Les gens du Siboire sont plus structurés, mais ont des valeurs communautaires fortes. Ils veulent faire des choses pour Sherbrooke, mais de manière plus structurée. Moi je l’ai toujours fait de manière plus artisanale », résume M. Saint-Louis.
Repères
A commencé sa carrière chez Asics, à Sherbrooke
A deux enfants, Alexandra et Gabriel
A étudié en marketing
Prendra sa retraite dans trois ans