Wilfrid Morin, un Sherbrookois, a d’ailleurs été le dernier Québécois à agir à titre de président en 2010.
« Je ne sais pas ce qu’il y a dans l’eau à Sherbrooke, lance David Murray en riant. Je suis très honoré d’être le premier Québécois en plus de dix ans. Les Canadiens anglais sont très forts pour parler d’où ils viennent. Je m’assure de bien dire que je suis un diplômé de l’Université de Sherbrooke dans chacune de mes allocutions. Je veux faire rayonner les Sherbrookois. Ça va être bien important pour moi de dire que je viens d’ici. »
À titre de président, David Murray sera appelé à voyager à travers l’Amérique du Nord.
« C’est un gros mandat, admet-il. Je vais à New York au mois d’octobre pour être sur le jury d’un gala. Je vais à Saskatoon au mois de novembre et après les fêtes ça va continuer. Je vais avoir la chance d’être sur la tribune de tous les galas. »
M. Couturier était responsable des bureaux estriens depuis 1998. Il demeurera au sein de l'équipe de CIMA+ et pilotera notamment les bureaux de l'Ouest canadien et le développement de la nouvelle technologie TEMPUS, un outil de migration en ligne conçu par la firme d'ingénierie.
De son côté, M. Murray s'est joint à la famille CIMA+ en 2008 après que la firme d'ingénierie qu'il a fondée en 2002 eut été fusionnée à CIMA+. Il assurera désormais la direction des bureaux de Sherbrooke, Granby et Drummondville qui comptent respectivement 250, 15 et 5 employés.
«C'est une relève qu'on planifie depuis environ un an. David représentera également les bureaux de l'Estrie au comité de direction de CIMA+», explique M. Couturier.
Fondée en 1990 à la suite de la fusion de plusieurs firmes d'ingénierie, CIMA+ est une société multidisciplinaire spécialisée en ingénierie, en gestion de projets, en urbanisme, en nouvelles technologies et en environnement.L'entreprise emploie près de 1800 personnes avec une quarantaine de bureaux au Canada et en Afrique. La moitié de ces bureaux sont basés au Québec et celui de Sherbrooke est le troisième plus important après celui de Montréal et Laval.
La plus grande fierté de M. Couturier après près d'une vingtaine d'années comme chef de direction est d'avoir su conserver un nombre important d'emplois à Sherbrooke. «C'est un défi, car il y a toujours cette tendance à ramener les emplois vers les grands centres comme Montréal, Toronto et Calgary. Et je pense que les donneurs d'ordre ont compris, de leur côté, l'importance d'encourager les firmes locales qui offrent des emplois bien rémunérés en région et qui paient leurs taxes ici», note-t-il.
«Et ça permet à la région de s'enrichir, car environ 80 pour cent de nos revenus proviennent de l'extérieur de l'Estrie», ajoute M. Murray.
Les dirigeants de CIMA+ tirent aussi une grande fierté d'être encore propriétaires de la firme. «Il reste très peu de firmes d'ingénierie privées au Québec. La majorité est en bourse ou a été achetée par des multinationales. Ici, tous les employés ont la possibilité d'acheter des parts de la firme», révèle M. Murray.
CIMA+ figure sur la liste des meilleurs employeurs du Canada, niveau platine, de Aon depuis plusieurs années. Par ailleurs, la moitié des ingénieurs des bureaux estriens sont diplômés de l'Université de Sherbrooke.
Les creux et les sommets
CIMA+ a aussi vécu des moments plus difficiles. «Il faut survivre à travers les vagues et on en a eu plusieurs. Le bureau de Sherbrooke était un bureau très industriel donc les dernières années ont été difficiles. Comme les années 1980 l'avaient été. Quand l'ouvrage est rare, il faut être très imaginatif et se diversifier», souligne M. Couturier, précisant que l'adaptabilité d'une firme est cruciale.
«Dans le temps, on travaillait beaucoup pour le domaine du textile. Quand le textile est tombé, on s'est recyclé dans les pâtes et papiers qui ont eux aussi vécu une décroissance. Alors on s'est tourné vers le domaine minier. En 2012, ce domaine a été frappé de plein fouet alors on a commencé à travailler avec l'industrie pétrolière et gazière qui a connu un creux de vague aussi il y a deux ans, mais qui remonte en ce moment, tout comme le secteur minier», résume-t-il prévoyent de belles années à venir pour la firme dont le nom signifie sommet en latin.
La technologie a aussi beaucoup évolué et l'innovation est un facteur de succès dans ce monde où les arpenteurs et leurs galons ont été remplacés par des drones qui créent des rapports en 3D.
À son successeur, M. Couturier conseille de demeurer à l'écoute des gens. «C'est facile de penser que tu as raison quand tu arrives à la direction d'une entreprise. Mais il faut rester humble et écouter nos associés. En Estrie, on a 17 associés et 11 associés délégués», mentionne le mentor.