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Cette phrase, Sylvie l’a reçue comme un coup de poing en plein coeur la semaine dernière. Ce qu’elle souhaitait avant tout, c’était de pouvoir aller auprès de son père, à l’urgence du CHAUR de Trois-Rivières, pour s’occuper de lui en attendant qu’on l’envoie vers une chambre. Mais ça n’a pas été possible. On lui a sèchement répondu qu’on n’avait pas besoin d’elle.

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Le genre de coup de poing au coeur qui fait qu’aujourd’hui, elle se tourne vers la commissaire aux plaintes pour que cette situation ne se reproduise plus, pour aucune famille.

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Sylvie ne dévoilera pas sa véritable identité sur la place publique. Si elle le faisait, ça révélerait aussi celle de son père, qui doit fréquemment se rendre à l’hôpital pour un problème de santé qui nécessite une intervention médicale, et elle ne voudrait pas que ça lui nuise. La dernière visite à l’urgence, c’était à la fin août. Sylvie pouvait être avec lui. Il y est de nouveau retourné la semaine dernière. Cette fois, il n’était plus question de laisser aller des visiteurs.

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Au CIUSSS Mauricie et Centre-du-Québec, on explique qu’en effet, ce jour-là, en raison du fort achalandage à l’urgence, les visites étaient interdites, puisque la présence de visiteurs ne permettait pas de respecter la distanciation. Ça arrive à l’occasion, explique le porte-parole Guillaume Cliche. On essaie le plus possible que les gens aient accès pour les visites, mais à l’occasion il faut interdire la présence des familles.

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Mais ça, personne ne l’a expliqué à Sylvie ni à la conjointe de son père, et ce, pendant près de 48 heures.

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Le hic, c’est qu’en plus de son problème médical, l’état de son père se détériore en raison d’un diagnostic d’Alzheimer. Lorsqu’il se retrouve seul dans un environnement comme une urgence, avec les traitements qu’il doit subir, il devient craintif, se désorganise et a du mal à comprendre ce qui lui arrive.

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Au mois d’août, la conjointe de l’homme ainsi que Sylvie ont pu se relayer à son chevet, non seulement pour le calmer, mais aussi pour lui apporter des petites attentions comme une couverture plus chaude pour cet homme qui a perdu beaucoup de poids et qui a souvent froid. Des petites attentions que le personnel hospitalier n’a pas toujours le temps de fournir, on peut le comprendre, en raison des nombreuses tâches qu’ils ont à accomplir.

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Mais la semaine dernière, ce n’était plus possible. La conjointe de l’homme s’est vu refuser l’accès à l’urgence, sans qu’on lui explique la raison. «Les proches aidants n’étaient pas admis, c’est tout ce qu’on nous a dit», a-t-elle expliqué.

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La dame est retournée chez elle et en a avisé Sylvie, qui était alors à Montréal. «J’ai téléphoné pour avoir des explications. Je ne voulais pas que mon père soit seul, car il se désorganise. Il a besoin de nous. J’ai demandé à lui parler pour le rassurer, mais on m’a dit qu’il allait me rappeler», ajoute Sylvie, qui a rappelé quatre fois durant une période de 24 heures sans jamais avoir de retour de son père.

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Lors du dernier appel, elle a insisté pour qu’on lui donne l’autorisation de venir visiter son père. «On n’a pas besoin de vous ici», lui aurait répondu l’infirmière.

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«Non je sais, c’est mon père qui a besoin de moi», a répondu Sylvie.

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On lui aurait raccroché au nez.

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Le lendemain, l’homme a été admis dans une chambre et a enfin pu recevoir des visiteurs. Lorsque sa conjointe est arrivée à son chevet, elle l’a retrouvé complètement perdu, désorganisé, voire paniqué. Il se croyait au beau milieu d’un conflit armé.

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Elle a du même coup appris que durant ce séjour à l’urgence, le patient a tenté de se lever et de quitter son lit, mais étant donné la nature des soins qu’il recevait, il ne pouvait pas bouger. On l’a donc placé dans une chaise où il a été attaché pour éviter qu’il ne se déplace de nouveau. Sylvie estime que si elle avait pu être là, cette mesure n'aurait pas été nécessaire puisqu'elle aurait pu le rassurer.

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Sylvie a déposé une plainte à la commissaire aux plaintes du CIUSSS Mauricie et Centre-du-Québec.

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«Je ne comprends pas pourquoi on nous a refusé l’accès sans aucune explication. Ça va à l’encontre de ce que le gouvernement prône au sujet des proches aidants. On le sait à quel point l’absence des proches aidants a fait mal durant la première vague, à quel point notre présence est importante», constate-t-elle.

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À la commissaire aux plaintes, elle a écrit: «Je comprends que les urgences des hôpitaux sont aux premières lignes des défaillances de notre système de santé. Et qu’il peut peut-être y avoir des moments où il est impossible d’y admettre un proche aidant. Je trouve toutefois que cela devrait être exceptionnel, et que cette politique devrait être claire, basée sur des critères précis et que l’information devrait être donnée aux familles dont la présence est LÉGITIME et UTILE».

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Mais avant tout, elle estime que cette conversation téléphonique qu’elle a eue, en plus de s’être fait raccrocher au nez, était un grand manque de respect, une impolitesse inadmissible, quel que soit l’achalandage à l’urgence.

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Au CIUSSS MCQ, Guillaume Cliche indique qu’un rappel a été fait la semaine dernière à toutes les équipes de donner, en tout temps, l’information aux familles pour éviter la confusion. «Ce qu’on vise évidemment, c’est de permettre l’accès aux familles dès que c’est possible», ajoute-t-il. Il n'a cependant pas commenté le cas précis de Sylvie, puisque visiblement, la commissaire aux plaintes s'y penchera bientôt.

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