Les alarmes de recul passent du «bip» au «pscht» [AUDIO ET VIDÉO]

Le professeur Olivier Robin travaille le Centre de recherche Acoustique-Signal-Humain de l'Université de Sherbrooke.

L’alarme de recul des véhicules de construction et de déneigement passe tranquillement, mais sûrement, du «bip» au «pscht». Et une étude à ce sujet, émanant de l’Université de Sherbrooke, commence à faire du bruit.


Depuis les années 1960, les véhicules lourds sont équipés de cette alarme, le «bip-bip-bip», maintenant utilisée partout dans le monde. Ce signal sonore est devenu un enjeu pour l’Institut de recherche en santé et en sécurité du travail (IRSST), avec lequel travaille le Centre de recherche Acoustique-Signal-Humain de Sherbrooke.

«C’est un enjeu parce que ces alarmes sont gênantes, elles sont très bruyantes, explique le professeur Olivier Robin en entrevue. Elles ont des tonalités sonores très fortement perçues par tout le monde. Elles envoient du son un peu partout. Ce sont des alarmes tonales, en une seule fréquence, alors il y a une perception très forte autour.» Comme l’alarme n’a qu’une fréquence, la surface sur laquelle le son se réverbère peut modifier le volume en l’amplifiant ou l’atténuant.

Alarme 1

Les voisins, les travailleurs ou les autres passants sont dérangés par cette alarme assourdissante. «On veut prévenir l’arrière du véhicule, mais tout le monde l’entend. Même les conducteurs ne les supportent pas. Et les gens sont tellement habitués de l’entendre qu’ils ne se méfient plus.»

Course à la meilleure alarme

Le professeur Robin, épaulé de son collègue Alain Berry, de l’étudiante Tamara Krpic, ainsi que du chercheur de l’IRSST Hugues Nélisse, a comparé cette vieille alarmante à la nouvelle, en circulation depuis environ 10 ans, mais encore méconnue. 

Le «pscht-pscht-pscht», qui ressemble au son que produit une cannette de bière à l’ouverture, est de loin l’alarme de recul la plus performante des deux. 

Alarme 2

«Plus les gens la connaîtront, plus ils l’intègreront comme une alarme. Dans l’histoire des sons, celui-ci n’est pas associé comme une alarme.»

Il s’agit d’une alarme à large bande, à fréquences multiples, ayant pour avantage de produire un son plus stable, malgré les différentes surfaces, comme l’asphalte, les briques des bâtiments ou encore le gazon. De plus, le son est dirigé davantage à l’arrière du véhicule, ce qui permet à l’alarme d’atteindre son objectif en avertissant les personnes qui pourraient se trouver derrière, tout en ne dérangeant pas le voisinage.

Cette comparaison s’inscrivait dans un projet de recherche et développement plus large, qui consiste à développer une alarme directionnelle qui peut intégrer n’importe quel son. «Il y a de bons résultats là-dessus, mais il reste un travail à faire sur le développement technologique», indique Olivier Robin. 

Le professeur Olivier Robin et son équipe ont comparé deux sons émis par les alarmes de recul, dont le plus fréquent «bip-bip» et le nouveau «pscht-pscht».

Diminuer la pollution sonore

«Pendant la pandémie, tout le monde s’est rendu compte que notre environnement était bruyant. On a réduit beaucoup les bruits, comme les voitures. Encore plus durant le couvre-feu. Et les gens ont réalisé qu’il y a beaucoup de bruit autour de nous, relate M. Robin. On a apprécié ce calme-là, alors il faut se donner les moyens de diminuer la pollution sonore. Le “pscht-pscht” est un moyen technologique qu’il est possible d’utiliser.»

Selon le ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec, le bruit environnemental peut causer des troubles du sommeil, des maladies cardiovasculaires ainsi que des problèmes d’audition, en plus d’avoir des effets psychosociaux, par exemple en nuisant à l’apprentissage scolaire et à la concentration. 

L’Organisation mondiale de la santé considère de son côté que la pollution sonore est un problème de santé publique.