Dans le cadre des travaux du Réseau CRNSG sur l’état des lacs du Canada, 217 lacs ont été échantillonnés à l’été 2017 dans l’est du Canada, de la Nouvelle-Écosse à l’Ontario, dont 112 ont fait l’objet d’un échantillonnage pour les contaminants organiques.
Ces contaminants incluent les pesticides, différents produits pharmaceutiques, des additifs industriels et des produits de soins personnels. Moins de 10 % des lacs (11) ne contenaient pas de contaminants.
Au Québec, sur 45 lacs échantillonnés, seuls 5 plans d’eau ne contenaient pas de contaminants, dont le lac Montjoie, qui se trouve à Saint-Denis-de-Brompton.
« La protection du statut particulier du lac Montjoie, un des seuls lacs au sud du Québec dans un état quasi naturel, doit passer par une vigilance constante du développement et la prévention de l’importation d’espèces envahissantes. Le développement d’activités additionnelles devrait être fait avec l’appui de toutes les juridictions compétentes et en collaboration avec l’association des riverains », écrit le professeur Yannick Huot de l’Université de Sherbrooke, également directeur du Réseau du CRSNG sur l’état des lacs du Canada dans une lettre transmise à l’APLM en 2020.
La missive qui rapporte ces résultats a été transmise au ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP) par l’APLM.
Le professeur ajoute qu’un suivi environnemental détaillé devrait être mis en place, ce qui permettrait d’évaluer, à chaque étape, si des impacts environnementaux sur le lac sont observés.
Le président de l’APLM, Alain Lévesque, explique qu’il s’agit d’un lac de source, qui ne dénombre aucun affluent. L’eau, dit-il, se renouvelle aux deux ans, comparativement au petit lac Magog, par exemple, où l’eau se renouvelle aux 30 jours.
M. Lévesque note que l’association est active depuis 1969 et a souvent fait preuve d’avant-gardisme.
Dès 1970, l’association faisait pression auprès de la Municipalité afin d’installer un réseau d’égout en bordure du lac. « Il n’y a aucune fosse septique depuis 1974. » On ne compte pas non plus de bateaux à moteur.
« C’est sûr qu’on a des préoccupations parce qu’on pense que ça peut altérer l’environnement au pourtour du lac et par le fait même l’eau », observe Alain Lévesque, au sujet des rencontres avec le MFFP.
Il dit craindre certains débordements, comme la gestion des déchets et la question des besoins humains. Des débordements ont parfois été observés après les heures de surveillance dans le secteur Fraser du parc national du Mont-Orford, indique-t-il, en soulignant que ces incidents ont été rapportés par des gens du secteur. Le contrôle est déjà difficile à assurer dans le territoire actuel, souligne-t-il. « Avec une expansion, ce sera la même chose. »
Du côté de la Sépaq, on indique qu’outre « quelques rares épisodes isolés », on ne constate pas de débordement dans le secteur Fraser en termes d’achalandage ou de bruit excessif.
« Les cas de personnes qui cherchent à se rendre à une plage, qui se trouve à 1,5 km à pied d’une barrière verrouillée, en dehors de la période d’ouverture, sont très peu fréquents », indique-t-on également.
« L’idée, ce n’est pas le syndrome du pas dans ma cour. Mais peut-on faire quelque chose de respectueux de l’environnement ? » lance M. Lévesque en soulignant que l’association ne se dresse pas contre les intervenants dans le dossier, le Ministère et la Société des établissements de plein air (Sépaq), à qui l’exploitation du parc sera déléguée. « On veut arriver avec quelque chose de complémentaire. »
L’Association craint aussi l’arrivée du myriophylle à épis avec la multiplication des embarcations.
« Il y en a dans tous les lacs environnants. Ici, il n’y en a pas. On est très vigilant par rapport à ça. La meilleure façon d’amener du myriophylle dans un lac, c’est avec des embarcations extérieures. Le lac est fragile, il se renouvelle aux deux ans. Si ça débarque ici, ça va être désastreux. »
En entrevue avec La Tribune (menée avant celle avec l’APLM), Alain Thibault, chargé de projet à la direction des parcs nationaux du MFFP, a fait savoir que des associations riveraines ont fait part de leurs préoccupations, tant au niveau de la qualité de l’eau des plans d’eau que pour la quiétude.
« Ce sont des lacs qui, même s’ils sont publics, dans certains cas, sont ceinturés de propriétés privées. Il n’y avait donc pas d’accès public. C’est une préoccupation normale quand on est un riverain qui a toujours eu un peu l’exclusivité de l’usage d’un plan d’eau de savoir quel sera l’achalandage et ce qui sera permis sur ce plan-là. On a travaillé avec les associations de riverains pour répondre à leurs questions. »
Les lacs La Rouche, Montjoie, Brompton, Brais et Miller sont tous exclus des limites du projet d’agrandissement, tout comme les lacs Stukely et Fraser sont exclus des limites du PNMO actuel. Les limites de l’agrandissement du parc se rendent notamment aux abords du lac Montjoie, mais il n’est pas prévu d’y aménager une plage, selon le MFFP.
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