Chronique|

Planche à pagaie nomade

Le tourisme sur l’eau permet de voir villes et villages d’un autre point de vue.

CHRONIQUE / J’ai un peu la bougeotte quand je voyage. Même s’il est reposant et enrichissant de se poser dans un seul endroit, l’envie de découverte l’emporte encore trop souvent. C’est un peu ce qui m’a donné envie de tenter l’expérience de l’Hôtel UNIQ, ce concept de prêt-à-camper nomade qui s’arrête là où les campeurs ont moins l’habitude de dormir. Le maillage était donc tout naturel, pour cette entreprise, avec PaddlepassionQc, une autre jeune pousse au concept nomade qui oeuvre dans le domaine de la planche à pagaie.


Alors que je campais à Armagh, l’activité presque spontanée de planche à pagaie n’était offerte que pour un temps limité. Si l’Hôtel UNIQ offre une activité chaque jour, tantôt un film, tantôt un chansonnier, ce jour-là, la navigation sur la rivière Etchemin figurait à l’horaire. Une rareté puisque PaddlepassionQc ne tient pas en place.

Le départ se faisait du centre des loisirs de Saint-Léon-de-Standon pour une descente tranquille de deux heures trente vers Saint-Malachie. Les deux propriétaires et instructeurs, Guillaume Bélanger et Marie Boudreau, 23 et 28 ans, n’ont besoin que d’une dizaine de minutes pour expliquer les consignes et pour enseigner aux plus maladroits, comme moi, à tenir sur leurs deux jambes sur la fameuse planche.

Le tourisme improvisé en planche à pagaie, y’a pas plus zen. Surtout sur un plan d’eau très peu profond au courant très faible qui, de surcroît, multiplie les virages pour changer l’angle avec lequel on perçoit le rivage. Dans ce secteur agricole, on pagaye en observant un tracteur labourer au loin, en voyant chanceler, comme nous encore incertains, en équilibre sur une houle timide, une grange qui défie le temps, écrasée par le poids des années.

Guillaume Bélanger et Marie Boudreau avaient construit cette expérience sur mesure pour l’Hôtel UNIQ. N’empêche, le duo varie ses sites d’activités et propose la location de planches pour des périodes d’une heure. « Nous n’avons pas de pied à terre. Nous annonçons nos événements sur internet et nous fonctionnons sur le principe du premier arrivé, premier servi », explique Marie Boudreau. Pour des raisons de sécurité, il n’est possible de compter que six pagayeurs à la fois sur l’eau pour chaque instructeur.

L’entreprise est toute jeune et est née du hasard et d’une forte demande. Les deux amis partageaient leur passion pour la planche à pagaie l’été dernier et s’amusaient à clamer qu’ils prenaient part à une tournée de « paddle passion ». « Nous avions un compte Instagram et les gens nous demandaient si nous donnions des cours ou si nous faisions la location d’équipement. Nous avions les connaissances et les capacités pour le faire. C’était juste une suite logique », ajoute Marie Boudreau, qui est aussi enseignante au primaire.

Les instructeurs en devenir ont donc suivi la formation nécessaire pour obtenir une accréditation. Ils ont aussi dû obtenir une approbation de chacune des municipalités où ils comptent se déplacer pour y tenir leurs activités.

L’entreprise PaddlepassionQc en est à son premier été à offrir des excursions en planche à pagaie sur les plans d’eau dans la région élargie de Québec.

Les passionnées de sports nautiques peuvent ainsi choisir une activité sur un cours d’eau très calme, comme moi à Saint-Léon-de-Standon, ou s’aventurer en toute sécurité sur le fleuve Saint-Laurent. « Quand on va sur le fleuve, on présente encore plus les consignes de sécurité. On vérifie aussi avec les atlas de courant pour que tout soit sécuritaire », précise Marie.

« Partout où on va, on s’assure d’être dans une baie ou dans une anse pour que le courant nous ramène au quai », ajoute Guillaume.

À l’occasion, il est possible de prendre part à un « paddle pique-nique », une activité qui permet de se déplacer en planche jusqu’à un site autrement inaccessible pour y casser la croûte. Dans le meilleur des cas, une table déjà dressée attend les pagayeurs. Ce genre de pique-nique est proposé dans Lotbinière et Charlevoix.

S’il a fallu un peu de patience pour organiser l’horaire de l’été, surtout avec les permissions à obtenir des municipalités, Marie Boudreau et Guillaume Bélanger ont vu leurs efforts porter leurs fruits. « Certaines municipalités nous demandent quand on reviendra. » Et il est vrai que la planche à pagaie suscite la curiosité. Plusieurs badauds ont interpellé les instructeurs au courant de la matinée d’activité pour prendre part à une prochaine excursion.

Leurs coups de cœur? Leclercville pour Marie, qui vante ses couchers de soleil. Guillaume se tourne pour sa part vers Baie-des-Rochers… « parce qu’on y voit des phoques ».

Pour le « paddle pique-nique » ce jour-là, le repas était fourni par Cassis et Mélisse, une ferme de fromage de chèvre biologique située à Saint-Damien-de-Buckland. Pour le reste de la journée, une carte de la région fournie avec le repas permettait de choisir un des nombreux attraits du domaine de l’agrotourisme ou d’opter, comme moi, pour deux villages membres de l’Association des plus beaux villages du Québec : Saint-Vallier et Saint-Michel-de-Bellechasse.