Chronique|

Maman (solo), l’aventure d’une vie

Mylène Paquette souffle 10 bougies sur sa traversée de l'Atlantique Nord, réalisée en 2013.

CHRONIQUE / Il fallait la voir, resplendissante dans sa robe, montrant du même coup un petit bedon de trois mois. C’est comme cela, à la Saint-Jean, que l’aventurière Mylène Paquette a choisi d’annoncer sa prochaine grande aventure : être maman solo à 42 ans. Par choix.


À sa première grossesse, elle a tu la bonne nouvelle dans la sphère publique, après qu’un client eut préféré la mettre de côté pour une conférence. Trop souvent malades et absentes, les femmes enceintes, lui a-t-il écrit.

Cette fois, elle ne s’est pas privée de faire connaître qu’elle sera de nouveau maman le 30 décembre prochain.



Mylène Paquette évolue dans un milieu ouvert, mais ce n’est pas toutes les femmes qui font le même choix qu’elle qui ont droit à cette même ouverture d’esprit. « Il y a tellement de mères en solo qui trouvent ça difficile. La solo-parentalité est encore mal comprise. »

Au bout du fil, celle qui a traversé l’Atlantique Nord à la rame en 2013 me raconte qu’elle avait déjà entamé des démarches avant de rencontrer celui qui allait devenir le père de son fils, aujourd’hui âgé de deux ans. Séparée depuis l’automne dernier, Mylène Paquette n’avait pas l’intention de voir son rêve d’avoir une famille disparaître avec son couple. Sa réflexion, elle la nourrit depuis longtemps.

« J’étais célibataire depuis neuf ans. J’ai arrêté de croire au prince charmant. Je me suis dit que si je voulais une famille, j’allais la faire moi-même. J’ai entamé mes démarches en 2016. En 2017, j’avais fait une insémination avant de rencontrer mon ancien conjoint. J’ai fait le grand saut une fois que j’ai quitté mon (ex) conjoint. Je suis passée à l’action… »

Et elle pourrait bien ne pas s’arrêter là. « Ça m’a donné deux embryons. Je serais très malheureuse d’en laisser un. J’ai toujours rêvé d’avoir trois enfants. On verra où l’énergie sera après deux, mais je ne ferme pas la porte pour un troisième. »



Son fils a été un enfant facile : il a tout de suite fait ses nuits. Elle espère avoir le même modèle, dit-elle en riant.

« Je ne veux pas anticiper le pire. Je suis atteinte de positivisme. C’est comme une maladie. »

Ses inquiétudes tournent davantage, à ce moment-ci, autour de la gestion du travail après l’accouchement, puisqu’elle est travailleuse autonome. La période occupée des conférences surviendra juste après son accouchement.

Mylène Paquette sera maman pour la deuxième fois, cette fois en solo.

« Quand t’es enceinte pour la première fois, tu te fais tellement dire de trucs… Tu t’attends au pire. Finalement, t’accouches, ça va bien, il dort… L’allaitement a été dur les premiers jours (…). Il y a des solutions à tout. J’ai trouvé ça facile d’être maman. Je ne le dirai pas trop fort parce qu’il y en a pour qui c’est très difficile l’arrivée d’un bébé. Moi, j’ai continué à travailler, je n’avais pas le choix, je suis travailleuse autonome. Ça n’a pas été facile parce que j’avais le cœur déchiré d’aller faire une conférence alors que mon fils avait trois mois. Parfois je l’emmenais… »

Optimiste, oui, mais lucide aussi.

« Tout le monde ne va pas se garrocher parce que je suis une maman solo », lance celle qui est déjà en mode organisation et qui accueillera son enfant avec une grande confiance.



« Déjà, j’organise le transport pour mon plus vieux. Après avoir accouché, je ne pense pas que je vais aller le porter moi-même à la garderie. Donc, déjà, ça commande de l’aide. Je sais déjà que je vais faire appel à des nounous. Je ne peux pas imposer ça à ma famille et mes proches. Oui, il y a l’entourage, mais il faut quand même être solide et être capable de se payer les services d’une nounou quand c’est le temps. Je ne veux pas l’imposer à personne… Je ne veux pas me fier à la bonté des gens autour de moi. Quand on choisit de faire un enfant seul, on s’organise seul et on a de l’aide extérieure… »

Certains lui ont demandé pourquoi elle n’a pas envisagé l’adoption. Elle y a songé. Mais dans certains pays, les mères seules ne sont même pas une option. Dans d’autres, on leur confie les enfants malades et/ou on demande des preuves d’infertilité. Il s’agit alors d’une tout autre expérience, souligne-t-elle.

Et son rapport à l’aventure, lui, avec ce magnifique périple qui s’amorce?

Elle me raconte ce à quoi ressemblera sa logistique pour poursuivre les compétitions de canot à glace. Les excursions à venir, au fil des ans, se profilent avec sa tribu.

« Éventuellement, je rêve d’une plus grande aventure en famille dans 10 ou 15 ans, quelque chose dont mes enfants vont pouvoir profiter soit sur un voilier ou en canot… »

D’ici là, très bientôt, elle ira présenter fiston aux membres de la famille d’Hermel, son fidèle ami aujourd’hui décédé, qui l’a accompagnée par téléphone satellite pendant toute la durée de sa traversée.

En août, elle mettra le cap sur les Îles de la Madeleine avec son fils. « Ça fait longtemps que je n’ai pas pris de vacances reposantes… »

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