L’Hôtel UNIQ, pour « unités nomades insolites québécoises », prend la route pour un deuxième été. Une deuxième fois, il faut composer avec la pandémie : une bonne et une mauvaise nouvelle pour un hébergement nomade qui plante ses racines temporaires dans des sites où le prêt-à-camper n’est pas monnaie courante.
Le concept est parfait pour les temps de pandémie : le camping permet la distanciation, le contact avec la nature, tout en partageant un espace commun avec d’autres touristes. Les temps sont néanmoins incertains alors que plusieurs attendent la dernière minute, et les consignes les plus récentes, avant de réserver leur hébergement pour l’été.
Au parc des Chutes d’Armagh, c’était le calme plat. Le stationnement, idéal comme point de départ pour explorer les pistes cyclables de la région, est demeuré presque vide pendant tout le séjour. Les tentes, érigées dans un arboretum, étaient suffisamment distancées pour assurer un certain calme à tous les visiteurs. Chaque unité était munie d’une lampe, d’un lit double, d’un miroir et de deux chaises. Tout est toujours désinfecté entre chaque client, assure Myriam Corbeil, désormais l’unique propriétaire de l’Hôtel UNIQ.
Il faut deux jours pour dresser le village en entier, qui est aussi composé d’une tente commune, à trois minutes de marche, pour assurer la quiétude de ceux qui se reposent. Sous le chapiteau, on fournit l’eau potable, les essentiels pour cuisiner, et des tables pour manger. C’est aussi là, le soir, que s’allume un feu autour duquel les clients peuvent se rassembler et faire connaissance. L’aspect social est un des atouts du concept.
Myriam Corbeil indique par ailleurs choisir les sites où elle arrêtera sa caravane en fonction d’au moins trois critères : l’absence de moustiques, la présence de toilettes et de douches et la température selon le moment de l’année. Elle recommandait néanmoins d’amener tuques, mitaines et manteaux à Armagh, village d’environ 1500 âmes, pour les frisquets mercures nocturnes. Une couverture chauffante était offerte en location pour les plus frileux.
L’an dernier, j’avais vécu l’expérience de l’Hôtel UNIQ au parc régional des Grandes-Rivières du lac Saint-Jean. J’ai retrouvé le village temporaire avec le même enthousiasme cette année pour découvrir un parc et une région que je ne connaissais pas. Le piège, c’est justement de ne pas se garder de temps pour découvrir le site où sont plantées les tentes. C’est là une des raisons pour lesquelles un séjour doit compter au minimum deux nuits. Au parc d’Armagh, par exemple, le barrage, le tunnel piéton et les sentiers de marche, comme l’ancienne gare, valent tous qu’on leur accorde un minimum d’attention.
Du premier été pandémique, où trois semaines d’activités ont été annulées en raison d’un passage en zone rouge, Myriam Corbeil a tiré quelques enseignements. « J’ai compris que je ne me lancerais pas dans l’événementiel comme je voulais le faire à la base. Ce serait beaucoup trop de travail de déménager d’un site à l’autre toutes les semaines. Avant la COVID, nous avions des ententes avec plusieurs festivals. Je ne suis pas certaine que nous serions passées au travers s’il n’y avait pas eu la pandémie. Le plus grand stress pour cette entreprise, c’est le déménagement de sites. »
Le plan initial visait l’installation d’une trentaine de tentes dans dix festivals différents en 2020. L’équipe de l’Hôtel UNIQ avait finalement pris la route pour quatre destinations avec dix tentes seulement. L’expérience avait été concluante. Myriam Corbeil a d’ailleurs remporté une bourse lui permettant un accompagnement par 450 professionnels de l’entrepreneuriat. Son entreprise a aussi été sacrée PME de l’année en tourisme par la Jeune Chambre de commerce du Québec.
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Cette année, trois sites ont été choisis pour des périodes de deux mois chacun. Le convoi a déjà quitté le parc d’Armagh pour se diriger en Gaspésie, à la Seigneurie du lac Matapédia, où les touristes sont attendus jusqu’au 30 août.
« Avec l’engouement de l’an dernier pour la Gaspésie, c’était certain que je visais cette région-là cette année. »
En septembre et au début octobre, les tentes de l’Hôtel UNIQ seront offertes au Domaine Saint-Bernard, dans les Laurentides. « Comme une partie de ma clientèle vient de Montréal, je voulais un site où il était naturel pour eux de se rendre. »
Pour bonifier l’expérience, Myriam Corbeil tente de conclure des ententes avec des producteurs locaux pour offrir des repas ou des activités spontanées qu’elle a baptisées « activités pop-up ».
« La nourriture doit être commandée et on va la chercher pour les clients. On ne fait toutefois pas le service. J’ai aussi un partenariat local pour le cocktail d’arrivée que j’offre aux visiteurs. Pour les activités, j’essaie d’en avoir une par jour, qu’il s’agisse d’une projection sur la tente commune, un chansonnier, un sport, pour donner l’occasion de faire quelque chose à l’extérieur des tentes. »
Lors de mon passage, une activité de planche à pagaie, avec Paddlepassionqc, avait été organisée. Les repas étaient préparés sur demande par la boulangerie Le Vieux Buckland alors qu’un chansonnier d’Armagh a interprété du Daniel Bélanger et du Paul Piché pour la Saint-Jean-Baptiste. Ces moments de courte durée ont certainement agrémenté le séjour.
L’Hôtel UNIQ compte par ailleurs deux employés pour assurer le service aux clients. « Je veux apporter le bien-être en nature, offrir une forme de relaxation », raconte Myriam Corbeil, qui étudie au doctorat en psychologie du travail, question de se garder bien occupée.
Pour la relaxation, c’est réussi. La proximité avec la nature, le rythme des activités qu’on organise à notre guise et la découverte d’une région riche en agrotourisme m’ont donné l’impression d’avoir pris deux semaines de vacances. Peut-être qu’il était temps, avec le déconfinement, de mettre le cap sur l’ailleurs pour recharger les batteries. Deux dodos dans un arboretum à un jet de pierre des chutes d’Armagh auront fait le travail.
Le journaliste était l’invité de l’Hôtel UNIQ.