Il n’aura pas attendu une crise sanitaire, Gary Lawrence, pour découvrir son Québec. « C’est là que j’ai commencé à voyager quand j’étais jeune. On partait toutes les fins de semaine au Québec, en Ontario. Quand j’ai commencé à publier dans le Voir, c’était beaucoup à propos du Québec. »
En hibernation intellectuelle sur les tendances touristiques internationales, le journaliste a profité de la dernière année pour dépoussiérer 25 souvenirs d’escapades dans la province. Ainsi est né de l’imprévu Fragments d’ici, un recueil d’articles « locaux » qui devient une suite à Fragments d’ailleurs, publié l’an dernier et davantage axé sur l’international. L’idée était loin d’être bête, surtout après trois impressions du premier bouquin et une incursion probable en France pour l’automne. Le lancement de Fragments d’ici s’est tenu mardi.
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« Je travaillais sur Fragments d’ailleurs 2 quand j’ai senti que nous ne pourrions pas sortir du Québec pour encore un petit bout. L’idée n’était pas de faire un guide de voyage, mais d’inspirer. C’est un mélange de sujets originaux ou anecdotiques, parfois de textes pour lesquels j’avais mis beaucoup de temps d’écriture. »
Les plus sensibles verront dans ces vignettes touristiques l’équivalent des souvenirs de Facebook, qui nous taraudent et nous rappellent qu’il fut un temps où on circulait librement. Pour les autres, la curiosité de voir autre chose que le Vieux Québec et le rocher Percé pourrait bien l’emporter.
Et on ne fait pas dans la flagornerie, au pays de Gary Lawrence. Dans l’humour, oui, en même temps que la rigueur, qui a nécessité la mise à jour de plusieurs histoires. Chauvin, j’ai eu un penchant pour l’incursion à Stanstead, petite ville construite à cheval sur la frontière avec les États-Unis. Une bibliothèque ou un théâtre situés à la fois dans deux pays? En Europe, je ferais des détours pour voir une curiosité pareille.
« Je suis surpris qu’on n’en parle pas plus que ça. Quand j’ai découvert cette particularité, j’ai pogné de quoi », dit Gary Lawrence.
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Il aura néanmoins fallu adapter la narration sur le sujet, rédigée alors qu’on n’en avait pas fini avec le resserrement des contrôles frontaliers.
Quand un journaliste croise par hasard Ben Johnson au Manoir Richelieu, quelque part vers 2001, ça donne une histoire qu’on peut mettre sans rougir dans un livre, 20 ans plus tard. Quand le même scribe s’adonne au camping avec son tout-petit, ça donne un texte « traduit du puéril » simple et touchant à la fois. Quand il se laisse aller à une « Grande séduction » à Harrington Harbour, il parvient à montrer l’arrière du décor d’un village que connaît surtout grâce au cinéma.
Et quand un bourlingueur s’enfarge dans le vent des îles de la Madeleine, il tombe en amour avec l’archipel comme on succombe aux chants des sirènes. Et il veut toujours y retourner. Quatre fois il raconte les îles, Gary Lawrence, dans ce recueil tout québécois. « C’est le coin de pays que je préfère. Chaque fois, j’y découvre quelque chose de nouveau. Je m’y sens autant au Québec qu’au bout du monde. C’est comme si on s’y trouvait sur un grand bateau. La mer, c’est comme un désert qui met le cerveau au neutre. »
Son histoire de la fête de Mi-Carême, aux îles, vaut particulièrement le détour.
Le style de voyage de Gary Lawrence, c’est justement celui des détours par les recoins où d’autres ont tendance à balayer la poussière pour la cacher aux yeux de la visite. « Je ne m’intéresse pas nécessairement qu’à ce qui est beau. Je m’intéresse autant aux vieilles villes minières abandonnées. Si c’est différent et que j’apprends quelque chose, j’aime bien. Le problème des articles de voyage d’habitude, c’est que tout est toujours beau et tout le monde est toujours gentil. La vraie vie, ce n’est pas ça. Il y a un côté sombre qu’il faut montrer aussi. »
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Et forcément, le journaliste s’intéresse à l’avenir du tourisme au Québec. Le temps n’est plus à essayer d’attirer les masses, croit-il, mais à investir dans les initiatives durables. La prochaine génération de voyageurs, dit-il, choisit déjà des destinations qui se préoccupent de l’environnement.
Pour l’été qui s’en vient, Gary Lawrence espère que les régions seront ouvertes aux touristes. Mais quand on a tout vu et qu’on a même publié un livre sur le Québec, on va où?
« Il y a tellement de choses à voir. Il y a plein de sous-régions que je n’ai pas encore découvertes. Mais j’ai hâte de voir le Nunavik. C’est l’ultime ailleurs. La Basse-Côte-Nord est un autre endroit qui me déstabilise de mes repères québécois. »
Gary Lawrence rêve aussi des monts Torngat, qu’il vaut la peine de googler pour quelques photos, et d’autres parcs nationaux. « J’aime aussi beaucoup le fleuve. J’ai grandi à Québec et il me manque souvent, le fleuve. »
Et le passeport vaccinal, on se le souhaite? « Je n’ai presque pas lu sur le sujet, mais ça me semble une bonne idée. Il reste à voir comment le rendre universel. »
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