«En secondaire 1, ma mère et moi on se chicanait beaucoup et on a décidé d’aller voir une psy pour comprendre ce qui se passait. Finalement, j’ai réalisé que c’était peut-être moi le problème. J’avais beaucoup de misère à gérer mes émotions et ma mère ne comprenait pas pourquoi je réagissais de cette façon face à certaines petites choses», raconte calmement la jeune femme au bout du fil. «Quand tu commences à consulter, tu n’apprends pas toujours des bonnes nouvelles. Toutes les rencontres, tu réalises que ce que tu fais ce n’est pas correct et que tu souffres de telle chose et qu’il faut que tu ailles voir un autre médecin. Finalement, c’est plus gros que tu pensais…»
Puis, est arrivé le fond du baril alors que la résidente de Sainte-Julie avait 15 ans. «Honnêtement, je ne m’en suis pas vraiment rendu compte parce que tu es tellement là-dedans que tu finis par te convaincre que c’est correct et qu’il n’y a pas de problème. C’est quand j’ai commencé à avoir de plus en plus d’idées noires que j’ai vraiment capoté! Je me demandais pourquoi je pensais à ça! J’avais une bonne vie, des parents qui m’aiment, je m’entends bien avec mes frères, j’avais des amis. À part ma maladie mentale… Il y en a qui vivent des affaires pire que moi et ils sont positifs!»
«J’avais un rendez-vous d’urgence avec ma psychiatre et ils m’ont sortie du bureau assez vite. Quand ils m’ont fait revenir 30 minutes plus tard, ils signaient les papiers pour que je rentre à l’hôpital. J’étais abasourdie… Mon père pleurait… Je ne comprenais pas trop ce qui se passait. C’était une grosse expérience mais je le referais demain matin : aller à l’hôpital, c’est ça qui m’a aidée. C’est ce qu’il me fallait pour accepter et comprendre ce que je faisais de pas correct, comment je me traitais moi-même et surtout comment faire pour mieux me traiter.»
Son séjour a duré un mois et demi. «Ils m’ont mis en confrontation avec toutes mes peurs. Ils me faisaient faire ça à tous les jours, alors je les haïssais!», rigole-t-elle avec le recul. Quand est venu le temps de sortir, les défis étaient nombreux mais elle se sentait mieux outillée pour y faire face. «J’ai toujours voulu montrer que j’étais forte mais après un mois et demi, les gens commencent à se poser des questions et il faut que tu l’acceptes et que tu le dises. Cette période était bizarre, tu viens de sortir, il y a à peine un mois et demi tu voulais mourir et là tu vas bien mais tu as peur de retomber facilement parce que tu te retrouves seule», raconte-t-elle, en ajoutant qu’elle a toujours pu compter sur le soutien indéfectible de sa famille et de ses amis. «Il faut accepter. Même si tu en veux à d’autres personnes, ça ne changera jamais. Ça ne vaut pas la peine d’en vouloir, tu es mieux d’accepter et de te concentrer sur les choses que tu peux faire pour t’aider.»
L’anxiété fait partie de sa vie mais maintenant elle sait comment y faire face. «Parfois, ça prend quelques minutes et tu es en grosse crise. Quand ça arrive, il faut comprendre que ça va augmenter. Il ne faut pas t’en vouloir et accepter que ça se peut que tu aies une mauvaise journée et que cette journée-là va être moins le fun et qu’il faut que tu la vives quand même. Durant cette journée, tu vas faire des petites choses et tu vas moins sortir de ta zone de confort sinon, ça devient intolérable.»
:quality(95)/cloudfront-us-east-1.images.arcpublishing.com/lescoopsdelinformation/754UE5HLCFH77HUO3FLRG2NEV4.jpg)