Des petits pains pour aller bien

Parce qu’ils sont sensibles aux effets de la situation actuelle sur la santé mentale des gens, les copropriétaires de la boulangerie Pain Voyageur, Julie Grenier et Stéphane Ouellette, lancent cette semaine les pains sourires. Chaque mercredi, pendant trois mois, leurs emblématiques torsades fromagées seront façonnées en forme de sourires. Pour chaque « sourire panifié » vendu, un dollar sera remis au Mouvement Santé Mentale Québec, qui œuvre notamment en prévention.

Tout le monde sera d’accord là-dessus : l’arôme du pain qui cuit au four est, en soi, une source de réconfort. À la boulangerie Pain Voyageur de Sherbrooke, on a choisi de pousser un yen plus loin le caractère doudou de la miche fraîche en se lançant dans la production de « pains sourires ».


Dès cette semaine, et chaque mercredi (pendant trois mois), les fournées de pains torsadés et façonnés en forme de sourires raviront vos papilles tout en servant une bonne cause. 

Pour chaque « sourire tout gluten » vendu (au coût de 4 $), 1 $ sera remis à l’organisme provincial Mouvement Santé Mentale Québec.

« Notre initiative découle de tout ce qui se passe présentement. On est très sensibles à la situation actuelle, qui a un réel impact sur la santé mentale des gens », explique Julie Grenier, copropriétaire de l’enseigne boulangère avec son conjoint, Stéphane Ouellette.

L’un et l’autre ont vu, au fil des ans, des gens de leur entourage composer de près ou de loin avec des enjeux de santé mentale. 

« On sait que c’est fragile, la santé mentale, et que c’est essentiel d’en prendre soin. Ces derniers mois, on réalise encore davantage à quel point c’est encore plus important de s’en soucier. Certains clients nous en parlent, d’ailleurs. » 

Les deux Estriens avaient déjà jasé du sujet à quelques reprises lorsque, un matin, à la boulangerie, Stéphane a eu l’idée. Le flash. 

Et s’ils « twistaient » leurs emblématiques torsades au fromage en forme de demi-lunes? Et s’ils vendaient ces sourires panifiés au profit d’une bonne cause? 

Julie a saisi l’idée au bond et fouillé sur le web. 

« Je suis tout de suite tombée sur le site du Mouvement Santé Mentale Québec. Leur approche, qui mise beaucoup sur la prévention et la mise en place d’outils concrets et accessibles, me plaisait. Dans un dépliant bien pensé, ils proposent différentes pistes pour faire un ‘‘diagnostic’’, en quelque sorte, de l’état de notre santé mentale. J’aimais cette vision qui prône l’action en amont. Ils déploient aussi des ressources auprès des enfants, ce que je trouve important. »

Un coup de fil à l’organisme a convaincu Julie que c’était un match parfait. 

« J’ai en plus réalisé que leur porte-parole était l’auteur sherbrookois David Goudreault, qui est l’un de nos clients. »

L’organisme, basé à Montréal, a quelques antennes dans d’autres régions, mais pas encore ici. 

« Notre association va permettre de faire connaître la documentation qu’il crée parce qu’on va glisser son dépliant dans les commandes pour emporter qui sont passées chez nous », expose Julie.

Faire du bon, faire du bien

Les gourmands qui ont l’habitude de visiter la boulangerie de la rue King Est connaissent bien les torsades qu’elle propose. Les pains tout fromage sont l’un des produits signatures du commerce depuis ses tout débuts. 

Dans le présentoir, différentes saveurs font de l’œil aux papilles. 

On parle ici des déclinaisons double fromage, fromage-bacon, tomates-basilic-fromage, olives-fromage et jalapeno-fromage. Pour avoir déjà goûté à quelques-unes des alléchantes options salées, je confirme : elles sont franchement délicieuses. 

En lançant ses souriantes torsades, le couple d’entrepreneurs a le sentiment de faire sa part, de soutenir son réseau.

« Avec le port du masque, on se sourit moins, les uns aux autres, remarque Julie. Mais un sourire, ça fait toujours du bien, d’où l’idée de confectionner des sourires torsadés. Les gens nous le disent : ils sortent peu, alors venir chercher des douceurs ici, à la boulangerie, ou dans un autre commerce de quartier, c’est tout simple, mais ça leur fait du bien. Et c’est ça qu’on souhaite : faire du bien. Parce que mon chum et moi, on est en affaires, mais on est surtout des gens de communauté. On aime notre équipe, on aime nos clients. On en prenait soin avant la pandémie. Cette initiative, c’est une autre façon de le faire. »

Un pain à la fois. 

La torsade fromagée est un produit signature de la boulangerie Pain Voyageur. Pendant trois mois, chaque mercredi, elle sera façonnée en forme de sourire.

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Du pain et de la créativité

L’été sans festival a amené Julie Grenier et Stéphane Ouellette à repenser l’orientation du Pain Voyageur. Pour le moment, du moins.

« Une partie importante de nos activités se passait dans les événements estivaux où on promenait notre kiosque ambulant. On avait une grosse cuisine de production à Compton. La pandémie nous a obligés à revoir nos opérations parce que ça ne semble pas être demain la veille qu’on pourra se retrouver 40 000 personnes sur un même site », note Julie. 

Les deux entrepreneurs ont profité des vacances des Fêtes pour déménager leur cuisine de production à la boulangerie sherbrookoise. 

« On est super bien organisés dans nos nouvelles installations, ça vient nous motiver et dynamiser le travail d’équipe. Notre chiffre d’affaires a baissé, c’est certain, mais on n’est pas en difficulté d’affaires. Les contraintes nous poussent à être créatifs. En ce moment, par exemple, je suis en train de magasiner plein de beaux produits québécois pour bonifier notre offre en boutique et composer avec le contexte. »