Le Mexique, dans l’imaginaire de plusieurs, c’est Cancún. C’est une série d’hôtels, tous plus énormes les uns que les autres, sur une longue bande de terre ensablée. On s’isole pourtant du vrai Mexique dans la zone touristique qui porte bien son nom. On connaît bien la pyramide de Chichén Itzá, aussi, et si on pousse plus à l’ouest, c’est la ville culturelle de Mérida qui nous accueille. C’est la capitale du Yucatan. Une ville sécuritaire, chouchou des expatriés canadiens, où il fait bon marcher et goûter les riches saveurs traditionnelles.
J’ai un amour infini pour Valladolid, mon premier contact avec le Yucatan. L’atmosphère de cette ville m’a traversé d’un seul coup, s’est imprégnée dans mon ADN. Je m’y sentais chez moi. J’ai presque eu le même coup de cœur pour Izamal, la jaune, petit village à une heure de voiture à l’est de Mérida.
Ce jour de novembre, on clôturait le festival qui avait rempli de cris d’enfants le cœur de la petite bourgade. La petite grande roue ne tournait plus. Les marchands de churros, eux, continuaient de rouler leur pâte à dessert frite dans le gros sucre. Les autres stands de nourriture exhalaient encore les fumets de tacos.
Izamal est jaune. Jaune beaucoup. Jaune partout. Et les fanions colorés, suspendus au-dessus des rues où les chevaux tirent des calèches, habillent parfaitement le village pour lui donner des airs de carte postale. Les chevaux, les pauvres dira-t-on, étaient ce jour-là coiffés de chapeaux éclatants. Eux aussi s’habillaient pour les touristes.
Pour dire toute la vérité, Izamal a été parmi les premiers Pueblos Magicos, ces petites villes reconnues pour leurs caractéristiques magiques, soit pour leur beauté, leur histoire riche ou leurs légendes extraordinaires. On suspecte qu’on y trouve un très grand nombre de pyramides précolombiennes. On présume que des ruines de pyramides se cachent sous ses nombreuses collines. Pour construire ou restaurer des bâtiments, il faut donc des permissions spéciales. Plus question de détruire l’héritage maya.
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Parlant de maya, il semble que la langue maya puisse encore être entendue aujourd’hui dans ce village d’environ 15 000 âmes.
Trois pyramides ont déjà été restaurées, dont celle de Kinich Kak mo, la troisième plus large du Yucatan. À 34 mètres de hauteur, elle n’est pas particulièrement haute, mais elle est suffisamment volumineuse pour qu’on mette un bon moment pour en faire le tour à pied. On peut y grimper gratuitement et la vue du sommet vaut l’ascension. On constate qu’il se trouve bien peu de bâtiments pour briser la canopée partout à l’horizon. Se démarque surtout de la masse feuillue un monastère, jaune, vous l’aurez compris. La structure de la pyramide n’est pas dans le même état que celle de Chichén Itzá. Elle est beaucoup moins bien préservée. Et elle est heureusement moins abrupte que celle de Coba, qu’on doit redescendre avec grande précaution pour ne pas planer tête première.
Ironiquement, on rapporte que les pierres des pyramides mayas ont probablement servi à construire une grande partie des bâtiments de la ville, dont le fameux monastère Saint-Antoine de Padoue, immense structure bien campée au sommet d’une ancienne acropole maya. Le National Geographic rapporte que le lieu de culte possède la deuxième plus grande cour monastique du monde après Saint-Pierre à Rome. Juste ça.
J’ai surtout exploré sa cour, justement, et comparé chacune de ses arches pour m’assurer qu’elles étaient toutes identiques. J’ai regardé la vie tourner autour d’un grand arbre, en bas, dans la rue, et l’animation du petit bazar d’en face, qui tranchait avec le calme du monastère. Près de l’entrée, une statue du pape Jean-Paul II rappelait que le souverain pontife a déjà visité Izamal.
On ne s’étonnera pas, donc, que le village soit un lieu de pèlerinage.
J’aurais souhaité parcourir les rues à pied pour m’imprégner davantage de l’ambiance. J’aurais souhaité m’improviser archéologue, m’imaginer toutes ces ruines que cachent encore les collines dans lesquelles on n’ose plus creuser. J’aurais voulu me prélasser dans un de ces hôtels qui, justement, cachent des bouts de pyramide dans leur jardin. Mais il m’a fallu partir rapidement vers d’autres aventures, avec la promesse que je reviendrais.
Si Izamal ne doit être qu’un court arrêt dans un trajet entre Mérida et Chichén Itzá, il se peut qu’on s’y accroche les pieds et qu’on ait envie d’y rester. Probablement pas parce qu’il y aurait de quoi s’occuper pendant des jours, mais parce qu’on s’y sent bien, tout simplement.
Le journaliste était l’invité de l’Office du tourisme du Yucatan et d’ENroute Communications.