Premier constat: la rive sud, elle nous reste bien dans les mollets. Elle monte assez pour ralentir Mobi significativement. Et en réalité, nos routes, à la bécane et à moi, se sont séparées à peu près devant le gros hôtel de ville aux allures staliniennes.
Le reste du chemin, je le ferais à pied avec l’intention de rallier le parc Queen Elizabeth, un îlot de verdure qu’on m’avait chaudement recommandé et d’où, racontaient les rumeurs, on observait la plus belle vue de Vancouver. Envelopper dans un si bel emballage, le conseil était particulièrement tentant.
J’ai donc longé la rue Cambie, bordée de boutiques, de complexes de condos récents et d’autres bâtiments résidentiels en construction. À première vue, on comprend que le paysage se transforme rapidement pour faire place à une plus grande densité d’habitations. Une magnifique demeure un iota cossue a attiré mon attention, la mention vendue ornant la barrière en fer forgé qui gardait son entrée. J’ai à peine eu le temps de me demander combien pouvait valoir une belle baraque en ce genre que j’ai aperçu la maquette annonçant la démolition de la maison unifamiliale pour faire place à plusieurs appartements. Densification, que je disais.
En arrivant du nord, on jette un œil perplexe sur le parc Queen Elizabeth, quand on l’atteint, parce que de cet angle-là, il n’a l’air de rien du tout. C’est que ces quelques arbres et cette touffe de gazon cachent toute la forêt, toutes les fleurs qu’on finira par découvrir à force de juste un peu de patience.
Le parc Queen Elizabeth, c’est le point le plus élevé en ville, à au moins 125 m au-dessus du niveau de la mer. Avec ses 52 hectares de verdure, il compte des terrains de tennis et de pétanque, entre autres, mais surtout un grand jardin et un arboretum qui, semble-t-il, est composé des spécimens de la plupart des essences endémiques au Canada. On ne s’étonne pas de voir des couples y faire leurs photos de mariage et parfois, prendre beaucoup de temps là où la vue est la plus splendide.
En explorant les sentiers, on tombe aussi sur des magnifiques sculptures ou, en se laissant guider vers le point le plus élevé, on arrive au conservatoire Bloedel, où on peut voir voler des centaines d’oiseaux. Mais pandémie oblige, il faut réserver son billet en ligne et le risque est élevé de se buter à une porte close et à des guichets fermés. Je n’ai donc pas pu confirmer que l’attraction valait bien chaque dollar investi, comme le disait le Lonely Planet.
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Qu’à cela ne tienne, j’ai décrété que le parc constituait mon lieu préféré en ville. J’ai aimé l’atmosphère familiale du quartier et les grands espaces pour m’entourer de calme. Les endroits pour s’asseoir calmement sont légion et n’eût été la marche que je voulais m’imposer pour revenir vers mon point de départ, j’aurais paressé là pendant plusieurs heures.
Sacrilège, diront certains, de placer le parc Queen Elizabeth devant le fameux parc Stanley, une péninsule de 4 km carrés au nord-ouest du centre-ville. Aménagé sur un ancien territoire autochtone, il a été inauguré en 1888. Il compte une promenade sur le bord de l’eau, 25 km de sentiers, des plages et un aquarium, notamment.
On s’y rend facilement à vélo, mais il faut noter que la piste cyclable qui fait le tour du parc est à sens unique. Pas moyen de rebrousser chemin. Si on croit que Mobi s’essoufflera et ne ralliera pas la distance en moins de 30 minutes, et si on est radin, on devra abandonner la monture à l’entrée du parc. Le danger, c’est que la station soit pleine et n’accepte pas de nouveau vélo. Parce qu’apparemment, ils sont plusieurs à délaisser les roues pour la marche une fois arrivés au parc. C’est fou comme tout le monde peut penser la même chose.
La fameuse promenade Seawall, construite sur une digue et faisant le tour de la péninsule, offre une balade d’environ huit kilomètres. C’est plat, c’est facile et c’est relaxant de longer la baie. Le long du parcours, des mâts totémiques s’imposent en incontournables, comme une flopée de statues et les plages, à l’ouest, où s’entassent les citadins. On peut facilement passer une journée complète au parc Stanley sans trop s’ennuyer.
Et si le carburant ne fait pas trop défaut, on peut même rallier le centre-ville à pied en passant par English Bay Beach. Et là, encore, des œuvres d’art ponctuent la route, qu’on pense aux deux alliances géantes (Engagement), à un inukshuk particulièrement attirant quand le ciel se teinte d’orangé, ou encore les 14 statues de bronze (A-maze-ing Laughter) de l’artiste Yue Minjun qui s’est représenté lui-même en train de rire. Mine de rien, l’art public me fascine et contribue à donner une personnalité à une ville.
Difficile de ne pas conclure la journée à Sunset Beach, qui, comme son nom l’indique, est parfaite pour les couchers de soleil.
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Précision: Je me suis tellement emporté de voir la vasque olympique dans la plaza Jack-Poole de Vancouver que j’en ai parlé récemment comme si c’était la même qui se trouvait dans le stade olympique lors des Jeux de 2010. Je n’avais pas réalisé qu’à l’époque, deux vasques brûlaient en même temps: une au stade et l’autre à la plaza Jack-Poole.