Et puis la pandémie s’est vite invitée dans le décor, mettant un frein à toutes nos activités sociales.
Avec tout le monde en confinement, le plan d’affaires de départ ne tenait plus la route. Il n’était pas question de remiser le projet pour autant. Mariama a choisi d’ouvrir les vannes de la vente en ligne pour offrir ses savoureux nectars à tous les Sherbrookois.
« On ne les trouve pas encore en magasin, parce que je travaille à temps plein en plus de développer mon entreprise. Bâtir un réseau de distribution, c’est un long processus, alors je fais les choses par étapes, mais déjà, des boulangeries et des commerces de la région m’ont contactée pour éventuellement offrir mes jus à leur clientèle », explique celle qui œuvre en institution financière.
Je ne connaissais pas le rafraîchissement au parfum d’hibiscus avant de goûter celui que prépare Mariama. Dès la première gorgée, j’ai craqué pour son goût très légèrement acidulé, adouci par le sucre roux, le sirop d’érable ou les aromates ajoutés. Verdict : c’est franchement délicieux. La boisson en robe rouge vif ressemble un peu à du Kool-Aid, en vraiment meilleur et en version toute naturelle. Avec de la profondeur en bouche et une petite touche florale pas vilaine du tout. Le délice sans alcool gagne à être découvert.
« En Afrique, c’est une boisson emblématique », me raconte la Sherbrookoise d’origine sénégalaise qui est arrivée au pays en 2014.
Le jus qu’elle recrée et qu’elle vend, c’est celui qu’elle connaît depuis l’enfance.
« J’ai en mémoire des paysages où les champs d’hibiscus occupent de vastes terres. Les fleurs rouges poussent partout, au Sénégal, et le breuvage qu’on en fait est abondamment consommé sur le continent africain. Il évoque les valeurs d’hospitalité, de partage, de convivialité. Dans les festivités, les événements, les réunions de famille, les célébrations, il y a toujours du jus d’hibiscus. »
L’entrepreneure a eu l’idée de le faire découvrir aux Québécois lors d’une soirée entre copains.
Celle qui a fait une maîtrise en gestion de projets à l’Université de Sherbrooke a planché sur son idée et développé trois saveurs de jus. Le Québécois (sucré à l’érable), le Sportif (parfumé aux agrumes) et le Rafraîchissant (avec une pointe de menthe).
:quality(95)/cloudfront-us-east-1.images.arcpublishing.com/lescoopsdelinformation/SB6LOOQ575AGXO62GG76TGE5TQ.jpg)
« Le déclic, je l’ai eu lorsqu’une amie est arrivée avec une bouteille de jus d’hibiscus acheté. On a commencé à en discuter, on a jeté un coup d’œil aux bienfaits de la boisson et on a découvert un paquet de choses. C’est un jus qu’on boit comme de l’eau, chez nous, il fait partie de notre menu, mais aussi des remèdes traditionnels qu’on emploie. J’ai pris une gorgée de la boisson apportée par mon amie, c’est à peine si on sentait l’hibiscus. Ça ne rendait pas justice à ce qu’on connaissait. Je me suis dit qu’il y avait peut-être un savoir-faire à partager, quelque chose à faire découvrir à ma communauté d’accueil. »
« Tout est question de dosage. Il faut vraiment savoir infuser la fleur pour arriver avec une boisson au goût balancé. »
C’est un tout simple détail, mais il compte triple. Faire du jus d’hibiscus est un art.
« Ma belle-mère, qui habite en France, m’avait demandé des fleurs pour pouvoir reproduire chez elle les jus qu’elle avait bus à la maison. Elle a tenté d’en confectionner avec ce que je lui ai donné. Le résultat a été catastrophique, les jus qu’elle faisait ne ressemblaient pas à ceux qu’elle avait goûtés chez moi, même si elle partait du même produit », raconte Mariama en riant.
C’est que l’hibiscus a une saveur acidulée qu’il convient de mettre en valeur selon une méthode d’infusion éprouvée, à froid, pour éviter de faire grimacer les papilles.
« Il existe plusieurs types de fleurs d’hibiscus et toutes ne sont pas comestibles. C’est une plante de la famille des malvacées, qui est aussi utilisée dans plusieurs produits cosmétiques. En cuisine, on mange les feuilles et on sèche les fleurs, qui se conservent ainsi pendant plus d’un an. »
Ce sont ces pétales séchés qu’on utilise pour confectionner thés, tisanes… et jus.
:quality(95)/cloudfront-us-east-1.images.arcpublishing.com/lescoopsdelinformation/4HLFBVZMJRDJVNU7CEDZ2AIVGM.jpg)
« Il faut laisser macérer un certain temps avant d’ajouter le sucre. Je prépare tout de façon artisanale et, pour l’instant, sur commande. Il n’y a pas d’agent de conservation ajouté, tout est naturel, le jus se garde environ deux semaines au frigo. »
Les fleurs qui donnent aux bouteilles leur belle teinte vermillon ont poussé sous le chaud soleil du Sénégal.
« Pour le moment, c’est là que je trouve ma matière première parce que la ressource est abondante là-bas. L’hibiscus est une plante tropicale, on en trouve en Amérique du Sud, en Afrique, en Asie, mais certains producteurs canadiens en cultivent. J’envisage donc aussi, à plus long terme, la possibilité de m’approvisionner auprès d’entreprises d’ici. J’ai déjà fait des démarches, d’ailleurs, j’ai contacté des agronomes à ce sujet et je poursuis mes recherches. »
La sympathique entrepreneure voit loin et rêve grand.
« J’aimerais qu’on puisse boire les jus Hibisera partout au Québec un jour et, pourquoi pas, ailleurs au Canada. Mais je vais faire les choses une à la fois. Pour l’instant, je me concentre sur l’Estrie. L’aspect alimentaire impose une structure, des règles à respecter et il faut tenir compte du transport. Toute la logistique est à bâtir. »
Consommé aussi dans le Maghreb, où on le surnomme « boisson des pharaons », le précieux jus est riche en vitamine C et en nutriments. On lui attribue plusieurs vertus, mais le plus important, c’est encore ce qu’il évoque et signifie dans le cœur des gens.
« En Afrique, quand quelqu’un vient te visiter, la première chose que tu fais, c’est l’accueillir. Parce que nos familles, quand elles voyagent, elles vont d’un village à un autre, elles marchent longtemps à la grande chaleur. Pour souhaiter la bienvenue aux visiteurs qui cognent à notre porte, on sert donc un bon jus frais d’hibiscus. C’est pour ça que c’est un gage d’hospitalité. Et quand il y a les fêtes, c’est impossible de ne pas retrouver ce jus-là parmi les cocktails et les boissons. Dans tous les moments forts de nos vies, il y a ce jus dans nos verres, au Sénégal. »
Et maintenant aussi à Sherbrooke.
Ça vous intéresse?
www.hibisera.com
:quality(95)/cloudfront-us-east-1.images.arcpublishing.com/lescoopsdelinformation/VZVU6MGZFFARHPNVJ2DSN4O5UU.jpg)
Des idées pour collationner
Je vous ai déjà parlé ici du talent de Geneviève Plante pour créer des recettes atypiques.
La créative blogueuse et musicienne derrière le site Vert Couleur Persil a récemment lancé Les collations, nouveau ebook qui plaira aux « grignoteux » et autres fans d’en-cas d’après-midi (j’en fais partie!).
Le petit guide numérique rassemble un bouquet de recettes salées, sucrées, fruitées, protéinées, bref, des propositions pour les préférences de tous les palais.
Chips de pommes aux épices, pop corn à la nori, fèves edamames épicées, bananes façon sushis, wrap de bette à carde, salade de fruits rouges en vinaigrette figurent parmi les 25 suggestions vitaminées de l’auteure, qui fait une place de choix aux options végétaliennes et qui privilégie les ingrédients sains en osant d’originales combinaisons de saveurs.
Certaines suggestions se glisseront bien dans la boîte à lunch des enfants (rouleaux aux fruits sucrés aux dattes ou au miel, originales galettes de pois chiches au citron et tahini), d’autres se prêteront mieux à une soirée cinéma ou un après-midi de congé (des écorces de yogourt glacé aux framboises et aux pistaches ou de la glace maison à la fraise et à la sauge, c’est génial et appétissant, mais ça supporte mal une demi-journée dans le sac à dos). De toute façon, si on l’associe encore trop souvent aux cours de récréation, on rappelle ici que la collation a ses mérites peu importe l’âge qu’on a. En télétravail ou au bureau, en randonnée comme en road trip, le goûter est un indispensable qui donne l’élan nécessaire pour filer jusqu’au prochain repas.
Dans tout ça, les fanas de chocolat (j’en fais aussi partie) ne sont pas en reste : barres tendres sans cuisson au chocolat, biscuits framboises-chocolat noir et petits pots de crème végétaliens choco-menthe figurent notamment dans le bouquin illustré d’appétissantes photos.
Petit plus : la nutritionniste Cynthia Marcotte ponctue le court recueil de capsules informatives et déboulonne d’entrée de jeu l’idée, encore répandue, qu’il ne faudrait pas manger entre les repas.
Les collations 25 recettes pour sortir de la routine
Geneviève Plante
Disponible en version Epub sur le site : www.vertcouleurpersil.com
Questions, commentaires, suggestions?
Écrivez-moi à karine.tremblay@latribune.qc.ca Suivez-moi sur Instagram : karine. encuisine