Un jardin historique pour «élargir nos horizons»

L’Abénakis originaire d’Odanak Michel Durand-Nolet était de passage sur le campus de l’UdeS pour venir parler de plantes médicinales avec les étudiants de deuxième cycle du Département d’histoire.

Une nouveauté s’est ajoutée cette année dans le jardin ancestral du campus principal de l’Université de Sherbrooke. Aux côtés de ce que l’on appelle les « trois sœurs », soit le maïs, la courge et les haricots, se trouve désormais un bac dans lequel poussent 11 variétés de plantes aux vertus médicinales. Celles-ci permettront de mettre en valeur, en plus de l’héritage alimentaire, de nombreux savoirs traditionnels issus des premières nations.


Absinthe, tabac sacré, ortie, échinacée, calendula, sauge, camomille : « toutes les plantes sont potentiellement médicinales et des mauvaises herbes... bien ça n’existe pas », racontait le conférencier abénakis Michel Durand-Nolet aux étudiants de deuxième cycle du Département d’histoire lors de leur journée d’accueil.        

L’instigateur du sentier d’interprétation du Musée des Abénakis, dans lequel on peut retrouver jusqu’à 13 plantes aux vertus médicinales, était de passage afin de partager quelques histoires et anecdotes de la communauté d’Odanak, qui compte près de 400 « Wobanakiak ».

« Par exemple, l’ortie est une plante que l’on utilise depuis des années pour régénérer le système sanguin. C’est aussi une plante qui parle. Elle provoque des démangeaisons pour que l’on cesse d’ignorer ses nombreux bienfaits lorsqu’elle est consommée », expliquait-il autour du jardin qui a survécu à la pandémie de la COVID-19 grâce aux bons soins des étudiants en histoire bénévoles.

Du côté de l’achillée millefeuille, l’homme qui possède une formation en foresterie prétend qu’elle permettrait de combattre la fièvre. « Par exemple, pour un bébé, il ne suffit que de faire une tisane assez forte puis d’éponger les endroits où son corps plie. La fièvre tombe après 20 minutes », estime-t-il.

Construire des ponts avec les communautés autochtones

Même si quelques-unes des histoires de M. Durand-Nolet pouvaient sembler inusitées, le professeur et organisateur de cette rencontre, Tristan Landry, est d’avis que la science n’a pas réponse à tout et qu'il faut surtout, dans un contexte comme celui-ci, élargir nos horizons.

« La science c’est tellement récent dans notre société. Ce qui me fascine c’est que ces savoirs traditionnels sont basés sur l’expérimentation de gens sur des milliers d’années. On oublie que la solution peut effectivement se trouver dans notre jardin ou dans la forêt dernière chez nous », affirme celui qui a pris l’habitude d’inviter un conférencier autochtone à chaque début d’année.

L’année dernière, la cheffe et vulgarisatrice historique abénakise Lysanne O’Bomsawin était venue préparer des recettes avec les aliments du jardin tout en racontant l’origine de la symbiose des « trois sœurs ».

« L’idée d’inviter des représentants autochtones permet aussi de construire des ponts avec eux. Ils proviennent de communautés que notre société a trop longtemps négligées et c’est maintenant le temps de les redécouvrir et de tendre une main vers elles », conclut M. Landry.

Le jardin autochtone des étudiants du Département d'histoire de l'UdeS possède désormais un espace réservé aux plantes médicinales.