L’artiste travaille avec des « petits presque riens » et des gestes minimalistes. Elle s’intéresse spécifiquement à la démarche, a un penchant pour l’éphémère et utilise son corps comme matière première, échelle de grandeur, outil ou repère. Tout à fait naturel pour celle qui vient du monde de la danse contemporaine.
« En pensant à une galerie aux murs complètement noirs, certaines personnes pourraient voir quelque chose d’effrayant. Moi, la première chose que j’ai vue, c’est un plateau de danse, ma scène. Ensuite, j’ai pensé à l’art pariétal : j’y ai vu une caverne dans laquelle je laisserais des traces », explique l’artiste originaire de Saint-Hyacinthe qui vit à Montréal depuis 2005, après avoir vécu 27 ans en Europe.
Quand la nouvelle coordinatrice de la galerie d’art de l’Université de Sherbrooke, Caroline Loncol Daigneault, a proposé à Élaine LaBrie une résidence dans la galerie vacante, cette dernière a répondu à la blague : « Une artiste à la tête vide dans une galerie vide, quelle bonne idée! »
Comme plusieurs, l’artiste en art visuel se sentait affectée par la pandémie. « C’est vrai que je n’allais pas bien. Tous les espaces pour exposer étaient fermés. Je ne travaillais pas. Créer, c’est vraiment la vie, alors j’ai dit oui. C’est un grand cadeau d’avoir eu une galerie juste à moi pour créer. »
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Remplir l'espace
Quand elle a envahi les lieux, déjà elle allait beaucoup mieux. « Même si la galerie était vide, je n’ai pas vu le vide. J’ai vu de l’espace, de l’air et j’ai voulu y ajouter de l’eau, du mouvement, de la poussière et de la lumière. »
Dans la galerie aux murs noirs, Élaine LaBrie a travaillé avec de la poudre d’argile multicolore. Sur un mur, elle a soufflé à la paille une ligne en poussière rose, une épreuve physique, selon l’artiste. Elle a aussi créé ses nébuleuses en poudre rose, blanche et verte. Des coulisses blanches sont descendues du plafond. Elle a aussi retourné ses pots de poudre pour créer un Monument Valley miniature, magnifique selon les photos qu’il en reste.
Les murs ont été repeints et les traces d’argile ont disparu. Sont apparues des séries de sphères de cinq formats différents.
« La sphère la plus grande a été modelée pour entrer dans la paume de ma main ouverte. Pour la galerie aux murs blancs, je voulais être en action. Mon sous-titre est occupaction. J’ai répété l’action de modeler. »
Les autres sphères sont en grosseur décroissante. Un peu comme le monde de chacun qui a rapetissé à cause du confinement imposé dans les derniers mois.
« Ces sphères sont des citations visuelles. Elles répondent aux nombreuses œuvres dans lesquelles la sphère est utilisée. Je pense au Bliz-aard Ball Sale de David Hammons ou aux mystérieuses sphères de pierre découvertes au Costa Rica, créées par les précolombiens », note l’artiste.
Que restera-t-il de cette résidence? Une vidéo. Des photos. « Et bien plus. Toute cette démarche, ça va vivre dans d’autres projets », est convaincue celle qui repart la tête pleine.
Lors des portes ouvertes, le mercredi 26 août de 13 h à 17 h, le public sera convié à entrer dans l’espace de Vacance, à rencontrer l’artiste et même à mettre les mains dans la matière.
Élaine LaBrie présentera aussi son processus de création lors de la table ronde du 6 septembre, au prochain vernissage de la galerie d’art Antoine-Sirois, soit celui de l’exposition rétrospective de l’artiste Bertrand Carrière, Dans les années… Photographies 1996-2019.
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