« Actuellement, les cours ont du bois d’œuvre, mais on est sur un fil de fer, commente le directeur du service technique de l’APCHQ, Marco Lasalle. On pourrait tomber en manque très rapidement. Essentiellement, la COVID est entrée là-dedans : les moulins ont arrêté de produire, les cours à bois se sont fait envahir par des gens qui avaient beaucoup de temps, qui étaient à la maison et qui n’ont pas utilisé leur budget de loisirs. »
Du deux par quatre au deux par douze, l’augmentation moyenne est de 73 % selon M. Lasalle. Pour les panneaux de contreplaqués, la moyenne d’augmentation est de 54 % et monte à 84 % pour les panneaux gaufrés.
« J’ai vu ça une seule fois, à l’époque de l’ouragan Katrina, se rappelle Marco Lasalle. Les panneaux s’en allaient aux États-Unis. On n’en a pas manqué. »
Pour l’instant, l’augmentation marquée s’est limitée au bois. « Ça n’a pas bougé pour les isolants, les panneaux de gypse, les bardeaux de toit non plus », assure M. Lasalle, qui ajoute que pour le bois traité qui provient souvent de l’Ouest, aucune livraison n’est prévue avant le mois de septembre.
Est-ce qu’un retour à la normale est à prévoir? « Je n’ai pas de boule de cristal, répond le directeur du service technique de l’APCHQ. Bien malin qui peut le prédire. La demande va rester comme ça combien de temps? Est-ce que les gens vont mettre une croix sur leur projet d’agrandissement, de rénovation ou de nouvelle maison? Je ne sais pas. Et combien de temps va durer la pandémie? Les scieries ne sont pas capables de fonctionner à un rendement normal. Ce sont encore des humains qui travaillent. »
Pénurie de main-d’œuvre
Selon M. Lasalle, la pénurie de main-d’œuvre se fait sentir dans le domaine de la construction. « La COVID-19 n’a pas aidé. Dans la construction, il y a beaucoup de préfabriqué maintenant. Ce ne sont pas des salaires sur les chantiers. J’entends que certains [entrepreneurs] ont de la difficulté à recruter. Peut-être que la PCU est intéressante », résume-t-il.
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Des entrepreneurs touchés par la hausse
Le coût des constructions neuves pourrait augmenter à cause de la hausse du prix du bois.
Louis-Olivier Roy, directeur des opérations des Entreprises Lachance, estime que 10 % du coût de la construction d’une maison est relié au bois. « Si ce 10 % a doublé, ça veut dire que le coût de construction a monté de 10 % », explique-t-il.
« Habituellement, le prix [du bois] peut varier de 10 % sur une période de construction, ce qui n’est pas énorme. Ça fait 1 % sur le prix coûtant de la maison. Mais actuellement, c’est plus important comme variation », analyse-t-il.
Et selon M. Roy, la tendance pourrait se poursuivre. « Ce que mes fournisseurs me disent, c’est que ce n’est pas fini. Ça risque de monter encore d’ici le mois de septembre. Le problème, c’est qu’il n’y en a pas sur le marché, ils ont de la difficulté à en acheter », décrit-il.
« Pas de bois, on ne construit pas, poursuit M. Roy. Pour l’instant, je ne pense pas que ce soit un problème. On va avoir des quantités réservés, car nous sommes des entrepreneurs. Qu’est-ce que ça va donner au final? Bonne question. S’il manque de bois, ça arrête la construction au complet. »
Actuellement, l’entreprise honore les prix pour les contrats qui ont déjà été signés. « Mais il y a des hausses de prix pour [les clients] qui signent en ce moment et il risque d’y en avoir d’autres cette année. Nous sommes toujours un peu pris, car on signe les contrats quelques mois à l’avance. Présentement, le bois est livré pour des chantiers qui ont été signés dans les environs du mois de juin », indique Louis-Olivier Roy.
Le directeur des opérations ne se rappelle pas avoir vu une hausse si marquée en si peu de temps. « Mais le prix du bois a déjà été beaucoup plus haut », relativise-t-il.
Louis-Olivier Roy pense que les prix des autres matériaux pourraient emprunter la même courbe. « La construction est étonnamment bonne à la suite de la COVID. Les maisons se vendent bien et rapidement. Tous les sous-traitants sont occupés. Les coûts des matériaux devraient suivre. C’est l’offre et la demande; il y a de bonnes chances que d’autres prix varient à la hausse », résume-t-il.
Christian Belleau, président de l’entreprise du même nom, assure que la hausse du prix du bois peut représenter une hausse de 2000 à 3000 $ par jumelé. « C’est rendu pas mal cher », commente celui qui vend 125 unités par année. L’entreprise honore aussi les contrats signés dans les derniers mois, même si les bois ont considérablement augmenté.
« Les clients ne voient pas nécessairement l’impact du matériel dans le prix, continue-t-il. Mais à long terme, si tout le monde augmente les prix comme ça, la marque serait considérable. Pour l’instant, je pense que ce n’est pas trop pire. »
La montée du prix du bois pourrait avoir une influence sur l’économie, pense M. Belleau. « Si les maisons montent de 10 000-12 000 $, les clients auront plus de difficulté à acheter et ce sera plus difficile de financer », analyse-t-il. Tommy Brochu