Chronique|

Pourquoi pas le Château en tout inclus ?

Le Château Frontenac compte 610 chambres réparties sur 18 étages.

CHRONIQUE / C’était le 1er janvier 2004. Je venais de cueillir les clés de mon appartement de Grande-Allée à Québec. Il faisait le froid de l’hiver des plaines : les joues me brûlaient des caresses que soufflait le fleuve sur la Haute-Ville. Dans la pénombre, j’ai suivi la rue jusqu’à la promenade Dufferin, où je me suis extasié devant le Château Frontenac jusqu’à ce que mes orteils virent au bleu.


Avalant les flocons, le menton au nombril, j’admirais l’immense hôtel que je n’avais vu qu’en photo. J’étais secoué comme je l’aurais été devant la tour Eiffel ou le Taj Mahal. Le Château, c’est en quelque sorte l’image de Québec. On en trouve même une réplique à Walt Disney World.

Il m’aura néanmoins fallu seize bonnes années pour en franchir la porte. À défaut de prendre le large en temps de pandémie, décrocher dans un tout inclus de luxe, chez nous, c’est possible. Le Château Frontenac se lance effectivement dans la formule tout inclus en devenant le deuxième hôtel Fairmont à tenter l’expérience.

Pour dire vrai, les temps sont durs pour l’établissement de 610 chambres. D’un taux d’occupation atteignant généralement les 80 % l’été, surtout grâce à la clientèle internationale, elle frise les 20 % ces dernières semaines, selon Maxime Aubin, directeur adjoint au marketing et aux communications au Fairmont Le Château Frontenac. Les Québécois, indécis, réservent à la dernière minute. 

D’ici la fin juillet, ils peuvent d’ailleurs profiter d’une promotion deux pour un sur une chambre régulière. Le tout inclus, lui, avec trois repas et des activités au choix, à partir de 999 $ la nuit, en occupation double... sera offert à partir du 31 juillet. Un minimum de deux nuits est exigé et le deux pour un ne s’applique pas dans ce cas. 

En matière d’expérience, c’est sans doute la première fois que je me suis permis le même état d’esprit, au Québec, que j’aurais en découvrant un autre coin du monde. Les étoiles s’alignaient pour l’aventure, des éléments de surprise et de découverte. 

Malgré la prise de température et le port du masque obligatoires à l’entrée de l’hôtel, on remarque surtout le décor somptueux et l’atmosphère pas du tout prétentieuse de l’établissement. Les employés, polis, souriants sous le masque, interagissent avec une dose de raffinement, sans déborder. C’est que leur entraînement commence par deux jours sur l’histoire du château et l’apprentissage des interactions avec les clients. 

L’histoire du château, d’ailleurs, est à la fois fascinante et méconnue, en commençant par la boîte aux lettres dorée visible près des ascenseurs. On raconte avoir découvert une carte postale datée de la Deuxième Guerre mondiale coincée dans une chute à lettres entre deux étages. Un soldat aurait écrit à sa copine pour lui dire qu’il la marierait au retour de la guerre. La destinataire de la lettre n’a jamais été retrouvée, mais l’histoire a inspiré la télésérie coréenne Goblin, attirant son lot de touristes de l’Asie. 

Dans l’histoire moins anecdotique, on ignore peut-être que le Château, qui a toujours été un hôtel, a été construit par le Canadien Pacifique et inauguré en 1893, et qu’il appartient désormais à Ivanhoé Cambridge, la branche immobilière de la Caisse de dépôt et placement du Québec. Les rappels du train sont d’ailleurs visibles partout dans la décoration du restaurant Le Sam, de la forme des chaises, clin d’œil aux locomotives, aux mains courantes le long des murs. 

En se promenant dans les quelque 12 kilomètres de couloirs, on tombera peut-être sur le mur des célébrités ayant défilé au Château. On peut penser à la reine Élizabeth II, venue à Québec alors qu’elle n’était encore que princesse, ou au président Franklin D. Roosevelt et aux premiers ministres Winston Churchill et Lyon MacKenzie King, venus pour les Conférences de Québec pour discuter stratégie en 1943 et 1944. Plus récemment, Céline Dion, Leonardo DiCaprio et Steven Spielberg ne sont que quelques clients ayant séjourné dans l’hôtel. Et oui, le nom du quotidien Le Soleil a aussi été trouvé au Château...

Maxime Aubin rapporte par ailleurs que chaque chambre est unique en raison de la vue qu’elle offre et de son aménagement intérieur. Et la vue, avouons-le, est imbattable si on s’aventure dans les hauteurs.

En ce qui me concerne, la Château a su me tirer de mon quotidien et me faire oublier un instant le confinement auquel nous nous sommes soumis cet hiver.

Vin, gastronomie et visite historique

Les acheteurs du forfait tout inclus pourront entre autres choisir un repas dans n’importe quel restaurant du Château. Au Champlain, où le chef Stéphane Modat, nommé chef de l’année en 2019, propose un menu chasse et un menu pêche, le repas constitue une bonne façon de souligner le début ou la fin des vacances avec une gâterie. Même après la mise en bouche, la truite mouchetée, l’esturgeon du lac Saint-Louis et le doré du lac Saint-Pierre, il restera de la place pour le filet de flétan de la Gaspésie, présenté comme un point d’orgue savoureux. Quand on pense qu’on n’en peut plus, la tarte tatin aux fraises nous achève avec son goût de ciel. Vraiment!

À noter que la décoration du restaurant vaut à elle seule un arrêt, entre autres pour sa sculpture représentant la profondeur du Saint-Laurent, entre Montréal et Québec, et son caribou portant lui aussi le masque. 

Le décor soigné du restaurant Le Champlain compte une sculpture illustrant la profondeur du fleuve Saint-Laurent, de Montréal à Québec. On y aménage aussi un cellier à caviar.

Parmi les activités du tout inclus, la démonstration du directeur culinaire Frédéric Cyr, d’une durée de trente minutes, permet de découvrir quelques trucs simples d’un grand chef. Fils du célèbre chef Renaud Cyr, le directeur culinaire rapporte que 800 000 repas sont servis chaque année au Château et que 85 % de la nourriture qui y est servie provient du Québec. Il s’enorgueillit d’ailleurs des ruches posées sur le toit de l’hôtel, qui permettent de recueillir 650 livres de miel chaque année. 

Les amateurs de vin ne seront pas en reste avec la dégustation d’un mousseux, d’un vin blanc, d’un rosé et d’un vin rouge avec le sympathique sommelier Zsombor Mezey. D’emblée, il précisera qu’en hongrois, le mot bor, que l'on retrouve dans son nom, signifie vin, comme quoi sa destinée était déjà toute dessinée. La différence de goût entre les vins d’Europe et d’Amérique, la confection d’un cava, les méthodes pour obtenir du vin bio et la distinction entre les vins des vallées de Sonoma et de Napa sont quelques-uns des sujets qu’il vulgarise avec brio. Le néophyte en moi s’est senti un peu moins crétin après l’exercice. 

Parmi les activités offertes au Château Frontenac, notons la dégustation de vin avec le sommelier Zsombor Mezey.

Yoga, club de course, atelier de mixologie et marche guidée sur les plaines d’Abraham sont d’autres activités proposées.

Offrez-vous néanmoins si possible la visite guidée à pied du Vieux-Québec pour vraiment redécouvrir l’histoire de la ville. Prévoyez de l’eau pour les deux heures de l’activité, surtout par temps chaud. Le guide, Pierre Le Moyne d’Iberville lui-même, est plus qu’un personnage campé par un comédien. Il saura répondre à toutes les questions et bonifiera ses histoires d’un peu d’humour en fonction de son auditoire. Notre groupe, particulièrement enjoué, ne l’a pas intimidé. Il racontera que la statue de Samuel de Champlain n’a pas vraiment les traits de Champlain, étonnera en décortiquant les détails architecturaux de la basilique-cathédrale Notre-Dame de Québec et racontera l’histoire du premier colon Louis Hébert. C’est d’ailleurs sous ses conseils que j’ai exploré et découvert la fabuleuse rue Sous-le-Cap. À ajouter à votre liste si vous ne connaissez pas...

Musées

Et parce que le Vieux-Québec se trouve à distance de marche de bien d’autres activités, une visite dans la Capitale-Nationale cet été peut être le moment idéal pour d’autres activités culturelles, entre autres l’exposition Imagine Van Gogh, au Centre des congrès. L’exposition immersive, avec ses toiles de 30 pieds de hauteur magnifiquement harmonisées avec de la musique, est une expérience unique. Même si on vous suggère de prendre votre temps, pressez-vous un brin pour avoir la chance de vous laisser complètement envelopper des projections, puisque vous disposerez en tout de 55 minutes. Le spectacle présentant plus de 200 œuvres du peintre néerlandais dure à lui seul 30 minutes. Suffit de le savoir pour évaluer le temps consacré à la lecture de sa biographie en introduction. L’expo est présentée jusqu’au 13 septembre et il faut penser à réserver ses billets. 

L’exposition Imagine Van Gogh vient tout juste de s’installer au Centre des congrès de Québec, et ce, jusqu’au 13 septembre. — Photo La Tribune, Jonathan Custeau

Pareil pour Frida Khalo, Diego Rivera et le modernisme mexicain, populaire exposition qui ne s’essouffle pas au Musée des beaux-arts de Québec. Pour voir les œuvres des artistes mexicains au pavillon Pierre-Lassonde, d’ici le 7 septembre, il faut un billet horodaté. Malgré l’espace confiné et les désagréments liés à la COVID-19, par exemple la distanciation physique qui nous oblige à un rythme parfois plus lent qu’espéré, la visite nous rapproche un peu de l’expérience du Musée Frida Khalo dans Cayoacan, à Mexico. Gros coup de cœur pour les photos signées Nickolas Muray et Bernard Silberstein. 

L’artiste mexicaine Frida Khalo est en vedette au Musée des beaux-arts de Québec jusqu’au 7 septembre.

Enfin, pour ceux qui voudraient profiter des rues piétonnes plus nombreuses qu’à l’habitude, notamment la rue Saint-Jean et une partie de Grande-Allée, les Immeubles Charlevoix offrent une solution luxueuse pour ceux qui préfèrent le style condo à la chambre d’hôtel. Ces hébergements modernes situés dans le Vieux-Québec, à partir de 360 $ pour deux nuits, dans un appartement d’une chambre, sont normalement populaires auprès des couples et des familles. On y trouve encore beaucoup de disponibilité pour cet été. Les groupes d’amis ou les familles peuvent opter pour deux ou trois chambres et avoir la possibilité de cuisiner et de se sentir un peu comme à la maison. 

Le journaliste était l’invité de Fairmont Le Château Frontenac et des Immeubles Charlevoix.

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