Production de veaux de grain : il y a eu la vache folle, voilà le coronavirus

Malgré la baisse de la demande, les abattoirs continuent d’acheter la viande de veau.

Copropriétaires d’une ferme d’élevage de veaux de grain à Saint-Basile, dans la région de Portneuf, depuis 25 ans, Chantale Savard et Alain Leclerc ont connu la crise de la vache folle dans les années 90.


«Je vendais mes animaux moins chers que je les avais achetés», se souvient M. Leclerc.

Puis voilà une autre crise. Le coronavirus.

«Nous ne sommes plus dans la même situation. Aujourd’hui, nous avons moins de dettes, plus d’équité et nous sommes pratiquement autosuffisants. Par contre, je n’envie pas ceux et celles qui débutent leur vie dans l’élevage de veaux de grain ou de lait.»

Évidemment, la situation actuelle est une source de stress pour Alain Leclerc et sa conjointe qui produisent 650 veaux par année. «Nous nous demandons si notre marché retrouvera sa vigueur d’antan.»

Le quart des acheteurs de viande de veau au Québec sont des restaurateurs. La fermeture des salles à manger a fait chuter drastiquement la demande. Et, conséquemment, le prix de la carcasse payé par l’abattoir. Il est passé de 2,50 $ à 2,10 $ la livre carcasse depuis le début de la crise sanitaire. «Ça représente une diminution de 130 $ par veau. À la fin de l’année, pour une ferme comme la nôtre, ça représente une somme de près de 85 000 $.»


Alain Leclerc et sa conjointe Chantale Savard, producteurs de veaux de grain à Saint-Basile, dans Portneuf.

«Nous savons que les restaurants rouvriront leurs portes, mais pourront-ils accueillir autant de clients? Moins de clients, ça veut dire moins de repas servis. Ça veut dire, aussi, une demande moins importante qu’à la normale pour nos produits.»

Malgré la baisse de la demande, les abattoirs continuent d’acheter la viande de veau. Ils l’entassent dans les congélateurs. «Pourront-ils le faire encore bien longtemps? Être obligés de garder des veaux de plus de 680 livres dans nos installations parce que les abattoirs ne peuvent plus en prendre serait catastrophique.»

C’est connu, les Québécois mangent du veau. Au restaurant, mais pas à la maison. Une question d’habitudes alimentaires et de prix.

Alors que le discours sur l’achat local résonne plus que jamais, Alain Leclerc plaide pour une meilleure reconnaissance du veau comme produit authentiquement québécois. «Nous l’achetons de fermes laitières d’ici. Nous produisons nos grains et nous achetons nos semences ici. Et nos animaux sont abattus ici. Il n’y a rien de plus québécois que le veau québécois.»

LA LEÇON APPRISE

«Il faut redoubler d’ardeur pour faire connaître notre produit aux consommateurs.»